Robin.io veut devenir le VMware du Edge Computing

La startup, qui n’éditait jusque-là qu’un système de stockage pour Kubernetes lance une plateforme complète pour virtualiser des applications sur des matériels minimalistes. Les premiers intéressés sont les télécoms.

Après le stockage pour Kubernetes, Robin.io ambitionne désormais de devenir le VMware des applications de « edge computing ». Sa plateforme CNP (Cloud-Native Platform), qui sort à présent de ses laboratoires, est un Kubernetes spécialement adapté pour les serveurs miniatures, x86 ou ARM, qui tiennent sur une étagère ou au pied d’un poteau urbain.

Les premiers à avoir trouvé un intérêt à CNP sont les acteurs des télécoms. CNP vient de valoir à Robin.io un investissement de 38 millions de dollars de la part de Rakuten, l’un des principaux acteurs japonais de l’e-commerce qui a décidé en 2020 de se lancer sur le marché des opérateurs télécoms.

L’idée de Rakuten est qu’il pourrait casser les prix des abonnements 5G en construisant un réseau d’antennes qui ne seraient pas pilotées par les équipements RAN hors de prix de Nokia, Ericsson, Huawei ou ZTE. À la place, Rakuten disposerait sur ses zones de couverture des serveurs génériques au sein desquels les applications de routage 5G seraient exécutées sous la forme de containers par CNP.  

Motoriser les boîtiers Open-RAN des réseaux 5G alternatifs

« Jusque-là, les opérateurs télécoms n’avaient comme solution que de mettre OpenStack dans des équipements génériques pour concrétiser le principe de l’Open-RAN. Notre solution permet d’exécuter 30 % plus rapidement les instances réseau virtuelles (CNF et VNF) que ne le fait OpenStack », indique un porte-parole de Robin.io lors d’une rencontre avec la presse. « Il ne s’agit pas que de Kubernetes. Nous avons hautement optimisé Kubernetes dans son orchestration pour qu’il supporte des millions de requêtes depuis un équipement télécom. »

Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir, Robin.io n’a pas encore conclu d’accord similaire à celui de Rakuten avec un opérateur européen, mais des annonces « devraient être faites en ce sens rapidement », apprend-on.

De son côté, Rakuten aurait bien l’intention de diffuser son réseau 5G au-delà des frontières du Japon. En mai dernier, il annonçait s’associer avec ses compatriotes Fujitsu et Nec pour construire des boîtiers Open-RAN qui pourraient servir à bâtir des réseaux 5G privés en Europe et aux USA.

D’ici là, Robin.io espère vendre aux entreprises son concept de Mobile-Edge-Computing (« MEC »). L’idée consiste à les convaincre de relier leurs différents sites avec un réseau 5G privé. L’équipement concrétisant ce réseau, qui pourrait être installé par n’importe quel prestataire, fonctionnerait, là aussi, sous CNP.

En France, un projet similaire est porté par Rapid.Space, lequel base plutôt sa solution sur des Open-RAN fonctionnant sous OpenStack.

Une plateforme de virtualisation complète

Pour autant, CNP a vocation à incarner la plateforme de virtualisation de toutes les installations informatiques minimalistes sur les lieux de production. « CNP apporte les mêmes services que les plateformes de virtualisation : des APIs, du monitoring, de l’élasticité automatique selon les pics d’activité », enchaîne le porte-parole.

CNP est d’ailleurs tout autant capable d’exécuter des machines virtuelles, si elles n’existent pas au format container, et il embarque CNS (Cloud Native Storage), le système de stockage pour Kubernetes grâce auquel Robin.io s’était déjà fait connaître.

La plateforme dispose aussi de fonctions réseau complètes. On y trouve bien évidemment un pilote réseau pour Kubernetes (des CNI), mais aussi des switches virtuels basés sur la technologie Open source Open vSwitch, des fonctions de répartition de charge, ou encore la possibilité de déplacer des containers d’un cluster Kubernetes à l’autre en leur faisant conserver la même adresse IP.  

MDCAP, l’outil central d’administration et d’automatisation

« Déployer des applications en containers sur des équipements de Edge Computing est la base. Les enjeux sont de parvenir à reconfigurer le cluster de containers lui-même sur des équipements matériels, d’administrer les règles réseau, d’automatiser et d’englober l’ensemble dans un service “à la demande”, où les utilisateurs pourraient simplement réserver de la bande passante au fur et à mesure de leurs usages. »

Ainsi, Robin.io propose l’environnement d’administration Robin MDCAP (Multi Datacenter Automation Platform) censé remplir toutes ces fonctions. MDCAP serait capable de prendre en compte les paramètres matériels des équipements, comme leur nombre de cœurs de processeur, de quantité mémoire. Il se servirait de ces informations pour reconfigurer à la volée le noyau Linux de la plateforme CNP afin d’en tirer la meilleure optimisation possible.

MDCAP découvre les équipements connectés, monitore leur connectivité, surveille les composants matériels, installe et configure les clusters CNP (calcul, stockage, règles réseau…), leur communique les applications sous forme de containers à exécuter, puis attend les ordres des administrateurs.

Évidemment, MDCAP serait capable de superviser n’importe quel équipement sur lequel serait installé CNP. Il rendrait les clusters pilotables depuis des API, en SSH, via Ansible.

Robin.io n’est pas le seul à s’attaquer à la virtualisation des applications sur des machines minuscules grâce à Kubernetes. Suse est sur les rangs pour proposer une offre similaire avec Rancher.

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