Cet article fait partie de notre guide: Tout comprendre sur l’évolution du process mining

Appian se met lui aussi au process mining

Appian a profité de sa conférence européenne pour évoquer sa dernière acquisition en date, le spécialiste du process mining Lana Labs, et pour présenter les ajouts de la version 21.3.

Au début du mois d’août, Appian annonçait le rachat de Lana Labs, une startup berlinoise spécialisée dans le process mining, dont 47 collaborateurs sont listés sur LinkedIn.

Pour rappel, le process mining est une technique de visualisation et d’analyse des processus qui se marie généralement bien avec l’emploi d’une plateforme BPM, de solutions RPA et plus largement d’offres d’automatisation.

Cela ne fait que récemment que les éditeurs se sont rendu compte que ce type de solutions pouvaient compléter leurs portfolios. En l’occurrence, IBM a mis la main sur l’italien MyInvenio en mars 2021 et SAP a repris l’Allemand Signavio.

IBM et SAP ne sont pas les seuls à vouloir capitaliser sur cette fonctionnalité : Microsoft a présenté en juin dernier Process Advisor, un outil intégré à Power Automate. UiPath propose aussi d’une solution similaire, développée depuis le rachat de ProcessGold en 2019.

Appian s’empare de Lana Labs, le marché du process mining rétrécit

À la fin du mois de septembre 2020, Gartner publié un guide consacré au process mining et citait notamment ces trois startups dans la liste des acteurs représentatifs de ce marché. Parmi les éditeurs indépendants réellement visibles par les entreprises, l’on peut évoquer Celonis et ABBYY.

Les dirigeants en sont bien conscients. Lors de la conférence téléphonique dédiée aux résultats trimestriels de l’éditeur, The Motley Fool mentionne que les porte-parole ont évoqué les « revenus négligeables » de Lana Labs.

« Le process mining est un domaine fascinant, son plus grand défaut était probablement qu’il n’avait pas la capacité d’agir sur ses propres résultats », a déclaré Matt Calkins, PDG d’Appian lors de la conférence européenne.

 « En combinant Appian et Lana Labs, nous éliminons cette lacune et nous en faisons une force. Notre outil de process mining sera particulièrement utile parce qu’il est profondément intégré à une technologie de conception de workflow éprouvée », promet-il.

Dans le projet de l’éditeur, il s’agit d’introduire l’outil de Lana Labs dans une boucle de développement idéalement vertueuse. Il ne s’agit plus seulement d’analyser les processus en amont, mais aussi en aval de l’automatisation.

Lana Process Mining, le logiciel de Lana Labs, serait capable de se connecter à la plupart des systèmes IT, même spécifiques, mais l’éditeur pousse avant tout son API REST public. Celle-ci doit fluidifier l’importation, puis la transformation des données. Sinon, il convient de passer par un ETL et dans certains cas préparer les données. Le logiciel analyse des fichiers CSV accumulant des logs, des modèles BPMN, des assets JSON. Les résultats des analyses peuvent être transmis en PNG, PDF, JPEG ou SVG, mais aussi directement depuis un outil BI, comme Tableau, via une API. L’outil lui-même affiche les processus et dispose de plusieurs algorithmes pour automatiser la détection des processus, des dérives et leurs causes profondes.

En clair, Appian veut bénéficier des mêmes capacités que ses concurrents pour cibler les clients qui n’auraient pas encore opté pour une solution de process mining. En effet, beaucoup d’entreprises ont déjà fait leurs choix suivant leur cas d’usage entre Celonis et ABBYY. D’ailleurs, certains acteurs préfèrent pour l’instant s’intégrer avec ces éditeurs plutôt que de proposer leurs propres solutions. C’est le cas de Blue Prism.

Mais Appian assure qu’il a des clients communs avec Lana Labs, dont Telefónica. « Ce client voit un avantage dans chacun des deux produits, mais espère que les bénéfices soient plus importants lorsque les deux sont connectés. Nous avons également des partenaires de mise en œuvre mutuels, deux de nos plus grands partenaires ont déjà des pratiques sur Lana Labs », affirme Matt Calkins.

Il faudra attendre avant l’intégration de Lana Process Mining, le PDG d’Appian a davantage promis une démonstration au prochain rendez-vous public organisé par son entreprise.

Des améliorations par petites touches de la plateforme BPM/Low-code/RPA

En attendant, Appian poursuit le travail de mise à jour incrémentale de sa plateforme. Appian Records, un outil introduit dans Appian 20.3 pour centraliser et coordonner des données en provenance de différentes sources, peut synchroniser 1 million de lignes depuis une seule source au lieu de 500 000 dans la version 21.3.

La mouture 21.2 permettait déjà de réaliser des jointures et des relations entre les données afin de créer des tables multidimensionnelles à travers une interface low-code. Avec Appian 21.3, il est maintenant possible de paramétrer le modèle de données liées à ces données en spécifiant le type de relation entre les données suivant trois approches : one to many, many to one et one to one. Par ailleurs, cette fonction s’accompagne de suggestions pour compléter un data model.

À cela s’ajoutent des capacités de filtrage, d’agrégation, de localisation des enregistrements et un template pour former des enregistrements personnalisés. « Par exemple, vous pouvez utiliser ce template pour calculer le nombre d’articles dans chaque commande, ou la somme des commandes de chaque client. Une fois que vous avez créé le champ d’enregistrement personnalisé, vous pouvez facilement réutiliser cette agrégation dans vos grilles, graphiques, requêtes, etc. », précise l’éditeur dans sa documentation.

La plateforme dispose également d’une fonctionnalité pour générer « des actions » sur des enregistrements, c’est-à-dire appliquer des opérations CUD (Create Update et Delete). Ces actions dépendent de prérequis dont la configuration peut être effectuée depuis une UI.

Côté RPA, Appian propose plusieurs ajustements. L’un d’eux doit optimiser l’usage des bots. L’utilisateur peut décider de configurer les étapes de paramétrage au lancement d’une chaîne d’exécution et de nettoyage à la fin, au lieu de répéter ces opérations. Cela permettrait de rationaliser l’exécution consécutive d’un même bot RPA et d’améliorer la consommation de ressources IT par rapport à une planification des exécutions des bots.

En outre, les bots peuvent passer d’un navigateur Web à un autre dans un seul processus, tandis qu’il est possible d’attribuer des pools d’authentifiants uniques aux bots afin de paralléliser les exécutions. Le Robotic Workforce Manager, l’outil pour gérer les bots RPA Automation Anywhere, Appian, UiPath et Blue Prism depuis la plateforme Appian, a été revu pour supporter une planification affinée des bots Blue Prism. De manière plus anecdotique, les développeurs Java peuvent ajouter des conditions à l’exécution d’une action par un bot pour que les développeurs low-code puissent avoir le choix au moment de déployer leur cas d’usage.

En préversion, Appian présente « task recorder », un outil de screen scraping censée être plus simple d’accès que l’IDE Selenium avec les navigateurs Chrome et Edge. Il doit permettre de sélectionner les données à extraire et de les décrire en quelques clics. De même, la capacité d’extraction de tables depuis des fichiers PDF tels des formulaires ou des factures demeure en préversion dans Intelligent Document Processing (IDP). Comme promis, les clients peuvent choisir entre l’OCR d’IDP ou celui compris dans Google AutoML.

Pour autant, Appian ne fait pas du tout une croix sur son partenariat avec le géant du cloud. D’ailleurs, il signale que GCP a amélioré ses facultés d’extraction de données.

L’éditeur entend également fluidifier les déploiements des applications, en implémentant des scripts de base de données permettant de modifier le comportement d’une application avant son déploiement. Enfin si Appian n’a pas insisté sur son passage progressif à une architecture de microservices et à la conteneurisation, le projet Portal est toujours en cours. Il est entré dans une phase de bêta privée qui rencontrerait un « grand intérêt » de la part de la communauté Appian.

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