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Reprise de Sigfox : Oteis et Actility sortent de leur silence

Ils dénoncent une « agitation médiatique orchestrée » et des « contrevérités ». Sur LinkedIn, Actility et Oteis France défendent leur dossier de reprise pour que Sigfox et sa technologie restent français.

Le 13 avril dernier, UnaBiz, entreprise basée à Singapour et candidate à la reprise de Sigfox, s’était exprimée en bénéficiant du soutien des salariés de l’opérateur toulousain pour dénoncer le supposé refus d’octroi de l’autorisation d’investissements étrangers en France (IEF) par le ministère de l’Économie et des finances, assurant que cette décision était directement liée à l’élection présidentielle. Bercy avait répondu au MagIT que « Sigfox constitue un actif important pour l’économie française ».

 La procédure de vérification était en réalité en cours. L’acquisition de Sigfox et de sa technologie UNB (Ultrawide Narrow Band) tombent sous le coup de l’article L151-3 du code monétaire et financier. Cette loi vise en premier lieu à protéger les technologies françaises utilisées par les forces de l’ordre et les armées hexagonales. Au cours du mandat du président Emmanuel Macron, les pouvoirs de cet article ont été étendus par décret pour protéger la souveraineté économique et technique du pays.

Souveraineté : évitons de reproduire le cas LoRaWAN, prévient Actility

Actility, un autre candidat à la reprise de Sigfox, confirme dans un communiqué de presse publié le 19 avril sur LinkedIn que le réseau 0G est une « technologie à double usage militaire et civil ». Pour affirmer cela, l’opérateur IoT s’appuie sur l’avis du SBDU, le service des biens à double usage rattaché au ministère de l’Économie, lui-même s’appuyant sur le règlement européen CE 428/2009 « instituant un régime communautaire de contrôle des exportations, des transferts, du courtage et du transit de biens à double usage ».

Selon Actility, il ne faut pas reproduire une situation passée qui a conduit au transfert technologique de la France vers les États-Unis d’un autre standard de communication IoT : LoRaWAN.

« Il y a quelques années, la France avait laissé la propriété intellectuelle de Cycleo partir aux États-Unis, faute de financements nationaux », écrivent les porte-parole d’Actility.

Pour rappel, Cycleo est l’entreprise grenobloise à l’origine de la technologie LoraWAN, rachetée par l’Américain Semtech en 2012.

« Le dernier rapport financier de Semtech indique des ventes pour la technologie LoRa dépassant 134 millions de dollars sur l'année fiscale.... La technologie UNB SigFox inventée par Christophe Fourtet possède le même potentiel et, de nouveau, la question de savoir où ira cette technologie se pose, après les centaines de millions, dont un montant tout à fait exceptionnel d'argent public, investis pour assurer son développement ».

« Ce serait dommage de voir plus de 400 millions d’euros investis par la France partir pour l’étranger », écrit de son côté Oteis France, société de conseils et troisième candidate en lice à la reprise de Sigfox.

Pérennité technologique et pérennité de l’emploi

Toutefois, Oteis et Actility ne défendent pas leur cas de la même manière. Actility - qui dénonce une « agitation médiatique orchestrée » - entend investir 32 millions d’euros pour développer la technologie UNB, mais aussi mener un projet de convergence des technologies LPWAN « offrant une interface pérenne et standardisée capable d'utiliser au cas par cas les différentes technologies LoRa, LoRa-FHSS, Sigfox ou d'autres (modulations satellites notamment) ». C’est également l’intention d’UnaBiz, mais son concurrent français défend becs et ongles la notion de souveraineté technologique.

« Nous espérons que ce petit bout de génie français qu’est Sigfox restera pleinement souverain [...] »
ActilityCommuniqué publié le 19 avril 2022

« Nous espérons que ce petit bout de génie français qu’est Sigfox restera pleinement souverain, au moins pour le périmètre de ses activités duales… ce qui signifie que le contrôle et les bénéficiaires effectifs restent français », renchérissent les porte-parole d’Actility.

Les dirigeants d’Oteis défendent leur projet de reprise et souhaitent « corriger certaines contrevérités » en quatre points. L’entreprise assure être le « mieux disant sur le plan social ». Même s’il reprend 127 salariés au lieu de 128 comme le prévoit Unabiz, il compte assurer un « accompagnement financier des salariés non repris 50 % supérieur au deuxième » candidat, Actility. Oteis affirme être « le seul repreneur rentable », et ce depuis 2016. De plus, Oteis garantit que Sigfox restera français : « actionnariat et gouvernance française ». Enfin, la société de conseils met en avant ses investisseurs et ses conseillers, mais ne dit pas un mot sur la convergence des standards LPWAN, souhaitée par la majorité des clients de Sigfox.

Les deux candidats sont d’accord avec la direction de Sigfox : in fine, le tribunal de commerce de Toulouse tranchera. Et ce dès demain, le 21 avril.

« Quel que soit le repreneur finalement sélectionné, nous souhaitons du fond du cœur le meilleur avenir aux équipes de Sigfox, qui ont inventé le concept de « 0G » et qui méritent que l’aventure continue. Nous y contribuerons autant que possible, seuls ou avec le partenaire qui conduira le destin de cette pépite toulousaine », conclut Actility.

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