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Cegid : objectif 1,3 milliard € de CA… et des rachats

L’éditeur lyonnais va boucler deux nouveaux rachats dans la gestion des notes de frais et dans la « voix de l’employé ». Il regarde aussi de près la « supply chain finance ». Son but affiché est de créer « un leader français européen » d’ici 2026, avec d’autres acquisitions en vue.

Dans sa course à la croissance depuis l’arrivée de fonds anglo-saxons à son capital en 2016, Cegid continue en 2022 sa stratégie de rachats pour renforcer et diversifier ses activités. Après la pépite de la gestion de talents Talensoft en 2021, Cegid a mis la main cette année sur Notilus, spécialiste de la gestion des notes de frais, et sur Wittyfit, une startup de gestion des retours employés.

À l’horizon 2026, Cegid entend doubler son chiffre d’affaires pour atteindre les 1,3 milliard € de revenus (contre 632 millions en 2021, dont 66 % dans le SaaS) et devenir ainsi « un champion français de taille européenne » à l’instar de l’Allemand SAP ou de l’Anglais Sage, entrevoit Pascal Houillon, Directeur général de Cegid, lors d’un point presse sur la stratégie de l’éditeur lyonnais. « Nous voulons montrer qu’au pays de la “Startup Nation”, il n’y a pas que des startups », plaisante-t-il en résumant l’objectif.

Notilus pour naviguer dans les notes de frais

Rachetée en mai, Notilus est une solution de gestion des notes de frais et des voyages d’affaires. Elle compte parmi ses clients des noms comme Aéroport de Paris, Groupama, Legrand ou Le Figaro. Cegid l’utilisait également en interne depuis plusieurs années, confie Pascal Houillon.

« Cela faisait un moment que nous avions envie de faire de la gestion des notes de frais », glisse-t-il. Un des buts de Cegid est en effet d’intégrer le plus de flux financiers possible dans ses outils pour les numériser. « Or le plus dur à capturer, ce sont les notes de frais », assure Pascal Houillon. « Les pièces [comme les tickets de caisses] sont un peu partout, jusque dans les poches des commerciaux ».

« Le plus dur à capturer, ce sont les notes de frais. Les pièces sont un peu partout, jusque dans les poches des commerciaux. »
Pascal HouillonCegid

Sur le marché, Notilus se positionne comme une alternative à Rydoo, Expensya ou dans une moindre mesure Concur de SAP (qui vise les grands groupes quand Cegid cherche plus à cibler le midmarket précise Pascal Houillon au MagIT).

Questionné sur les projets de Cegid pour Notilus, le Directeur général promet « d’améliorer le produit », notamment son ergonomie vieillissante pour les anciennes versions (car bien que SaaS, plusieurs générations de Notilus sont déployées en parallèle, ce qui sera certainement un autre chantier pour les équipes R&D).

Dans le domaine, Cegid possédait un partenariat avec Expensya qu’il avait un temps envisagé d’approfondir. Mais « un partenariat sur un sujet aussi stratégique ne fonctionne jamais vraiment », tranche aujourd’hui Pascal Houillon. « Nous n’avons pas fait beaucoup d’efforts… à part une API et se serrer la main, mais eux non plus n’ont pas fait énormément d’efforts si on veut être “fair” », confie-t-il.

Wittyfit pour écouter « la voix des employés »

Dans la foulée de Notilus en mai, Cegid a racheté Wittyfit en juin.

Wittyfit est une solution française de « voice of employee » pour reprendre une terminologie du Gartner. Le cabinet d’analystes considère cette discipline comme une tendance forte de la gestion de talents.

Proche de la nouvelle logique d’un Qualtrics, Wittyfit propose des outils pour recueillir et analyser les avis et la perception des employés, puis en extraire – notamment grâce à l’IA – des éclairages et des recommandations pour les DRH.

Logiquement, Wittyfit viendra compléter Talentsoft et le jeune SIRH de Cegid.

Avances sur salaire et « supply chain finance »

Parmi les autres axes de développement à marche forcée de Cegid, Pascal Houillon évoque les solutions d’avance sur salaire et de « supply chain finance ».

« Ce sont des activités bancaires très réglementées [qui consistent] à acheter de la dette et à la vendre à des institutions financières »
Pascal HouillonCegid

La « supply chain finance » consiste à créer un écosystème financier entre des fournisseurs et des clients pour assurer la pérennité de tous les acteurs de la chaîne. Concrètement, les clients peuvent demander à financer directement leurs factures (affacturage inversé ou reverse facturing) ou à l’inverse proposer un paiement anticipé en échange d’un escompte sur le total de la facture (Dynamic Discounting).

Les deux domaines relèvent presque de la même logique. « Il s’agit d’activités bancaires de crédit qui sont très réglementées [et qui consistent] à acheter de la dette [N.D.R. : celles des clients qui demandent une avance de trésorerie ou d’une entreprise qui paie un salarié en avance par exemple] et à la vendre à des institutions financières », souligne Pascal Houillon.

Cegid n’est pas le seul sur ce marché naissant très prometteur pour les éditeurs. SAP s’intéresse lui aussi de près à cette activité d’intermédiation financière (avec le rachat de Taulia), tout comme un partenaire historique de Cegid : Esker (avec une prise de participation dans son partenaire LSQ).

D’autres rachats à venir dans un contexte très concurrentiel

« Sur chaque cible intéressante, il y a une dizaine d’acheteurs. »
Pascal HouillonCegid

À noter que bien que « partenaire sur un sujet stratégique », Esker n’a pas la même relation avec Cegid qu’Expensya. Il reste un acteur complémentaire clef aux yeux de Pascal Houillon. Le DG n’envisage pas d’internaliser, d’une manière ou d’une autre, les processus de gestions de factures que l’autre éditeur lyonnais assure pour les clients grands comptes et midmarket de Cegid.

Après Notilus et Wittyfit – et déjà une quinzaine d’acquisitions sur les cinq dernières années –, Cegid promet à l’avenir de continuer « une stratégie d’acquisitions ambitieuse ».

Pascal Houillon n’en dira pas plus : « sur chaque cible potentielle intéressante, il y a une dizaine d’acheteurs. La concurrence est forte », justifie-t-il.

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