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Stockage : les ventes de bandes LTO progressent toujours

Stimulée par la croissance des données et la recrudescence des ransomwares, la bande LTO continue d’exceller en tant que support de stockage. Et selon les analystes, cela devrait durer encore longtemps.

Toujours pas morte. Malgré les prévisions des fournisseurs de baies de disques qui s’épuisent à expliquer depuis des années que la bande est une technologie de stockage obsolète, les cassettes LTO continuent d’établir des records de vente. Les entreprises plébiscitent un support de stockage sécurisé et rentable.

En l’occurrence, le secteur comptabilise les ventes des bandes en capacité de stockage, mises sur le marché : 148,3 exaoctets (Eo) de cassettes LTO ont été livrés aux entreprises durant l’année 2022, soit une légère augmentation par rapport aux 148 exaoctets de 2021. Le LTO est un format standard, mais il existe d’autres formats de bandes.

« Les entreprises veulent conserver beaucoup de données pendant longtemps, pour des raisons de conformité ou commerciales. La bande reste le meilleur moyen d’y parvenir en optimisant les coûts », commente Christophe Bertrand, analyste chez Enterprise Strategy Group.

Le support le plus simple contre les cyberattaques

Selon Phil Goodwin, analyste chez IDC, les facteurs qui ont alimenté la croissance des LTO en 2022 étaient les mêmes qu’en 2021 : le besoin de protection contre les ransomwares et la croissance des données, en particulier chez les hyperscalers. « Un certain nombre d’hyperscalers ont compris qu’il était très économique de stocker de très grandes quantités de données auxquelles on accède rarement sur des bandes LTO », explique-t-il en faisant référence aux services cloud de conservation longue durée.

« Le fait est que la bande LTO est moins coûteuse en termes de capacité que n’importe quel autre support de stockage. Et il y a très peu de chances que les technologies de stockage évoluent assez pour convaincre les utilisateurs de LTO de passer à autre chose », ajoute-t-il.

Parmi ces irréductibles utilisateurs de la bande LTO, Allan McNabb est directeur d’exploitation IT au sein de l’agence de communication américaine Image Building Media :

« En tant qu’utilisateur de longue date de bandes LTO, je peux attester que leur utilité pour le stockage et la sauvegarde n’a fait que croître avec le temps. Même si le stockage en cloud fait fureur aujourd’hui, il ne parvient selon nous toujours pas à rivaliser avec les avantages de la bande », martèle-t-il.

En particulier, il pointe la facilité de lutter contre les cyberattaques : « avec les bandes, vous éjectez le support, ce qui le rend physiquement invisible aux yeux des cybermalfaiteurs et des malwares. » Selon Christophe Bertrand, les solutions de sauvegarde sur disques qui utilisent des artifices pour mimer ce fonctionnement – on parle notamment de sauvegardes immuables – ne parviennent pas à être aussi simples. Et il en va de même pour la restauration des données après qu’un ransomware les ait détruites : il suffit de réinsérer la cartouche dans le lecteur de bandes.

Des défauts ? Ils ne seraient que ponctuels

« Les cassettes LTO sont robustes et peuvent résister à des conditions environnementales difficiles, ce qui est particulièrement important pour ceux qui doivent stocker des données hors site ou dans des endroits éloignés. »
Allan McNabbDirecteur d’exploitation IT, Image Building Media

Pour autant, la bande LTO a des défauts qui agacent les spécialistes du stockage, y compris ceux des hyperscalers. D’abord, la capacité record des cartouches n’est plus qu’un souvenir : 2022 restera l’année où elles ont commencé à offrir moins d’espace de stockage que les disques durs. La dernière génération LTO-9, lancée en septembre de l’année dernière, consiste en des cassettes de 18 To de capacité, commercialisées aux alentours de 150 €. Entretemps, Western Digital et Seagate ont commercialisé des disques durs de 22 To, pour un prix néanmoins bien plus élevé : environ 600 €.

Ensuite, la lenteur des bandes commence à devenir un véritable handicap à l’heure où les sauvegardes se font de plus en plus souvent sur des SSDs QLC. Pire : la restauration d’une certaine partie des données peut prendre des dizaines de minutes, le temps de récupérer la cassette et de la faire défiler jusqu’au bon endroit, alors qu’elle est immédiate depuis des SSD.

Christophe Bertrand veut néanmoins croire qu’il ne s’agit que de problèmes ponctuels. Selon lui, les bandes LTO continueront de croître en capacité de manière linéaire, alors que l’amélioration des disques durs s’essoufflera. Accessoirement, il applaudit les efforts d’automatisation des bibliothèques de bandes qui tendent à réduire toujours plus les temps d’attente. D’une manière globale, il insiste : le rapport capacité/prix des bandes LTO restera imbattable.

« Cela dit, ce n’est pas uniquement leur faible coût qui nous incite à préférer les bandes. Les cassettes LTO sont aussi incroyablement fiables », lance, en conclusion, Allan McNabb. « Elles sont robustes et peuvent résister à des conditions environnementales difficiles, ce qui est particulièrement important pour ceux qui doivent stocker des données hors site ou dans des endroits éloignés. »

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