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Archivage : les bandes LTO se vendent toujours aussi bien

Le consortium LTO se félicite d’avoir livré aux entreprises 3 % de capacité de stockage en plus en 2023. Cette progression n’est pas forcément liée au nombre de cartouches vendues, mais le format LTO bénéficie d’un intérêt toujours plus solide.

Pour la troisième année consécutive, les cassettes LTO ont établi un nouveau record de ventes. Selon le consortium responsable de ce standard de bandes pour le stockage – et le plus souvent l’archivage – des données, les entreprises auraient acheté l’équivalent de 152,9 exaoctets (Eo) de capacité en 2023, soit une augmentation de plus de 3 % par rapport aux 148,3 Eo achetés en 2022.

Depuis 1997, le LTO est un format de stockage ouvert qui s’appuie sur la bande magnétique et la compression pour offrir une grande capacité. Le consortium LTO, qui se félicite ici de ventes en progression, comprend notamment HPE, IBM et Quantum, les trois plus importants fournisseurs de bibliothèques et de lecteurs de bandes.

Selon Ashish Nadkarni, analyste chez IDC, « la bande a beau être une technologie ancienne, force est de constater qu’elle n’est toujours pas près de disparaître. Elle trouve même un regain d’intérêt auprès des fournisseurs de cloud. » Il ajoute que, en tant que stockage secondaire indétrônable, il est logique que les ventes de bandes LTO croissent autant que les solutions de stockage primaire qu’elles sont censées archiver.

« Et l’on parle bien d’archivage. Selon nos observations, il n’y a plus de débat. Dans un contexte de croissances des cyberattaques, les sauvegardes sont désormais considérées comme des copies de secours restaurables rapidement et les entreprises les stockent donc à présent sur des disques. Tandis que les bandes sont utilisées pour ce qu’elles savent faire de mieux : la conservation sur le très long terme des documents », commente Jerome Wendt, analyste pour le cabinet d’études Data Center Intelligence Group.

Des ventes surtout liées à une mise à jour technologique

Greg Macatee, analyste chez IDC, s’étonne pour sa part que le consortium ne communique qu’en termes de capacité achetée par les entreprises. « Ils ne parlent ni du nombre de cartouches LTO vendues ni de la génération vendue. À mon avis, cela signifie probablement que l’augmentation significative est davantage liée à la fourniture de bandes plus denses, c’est-à-dire de nouvelle génération, qu’à la croissance du nombre de cartouches vendues. »

En l’occurrence, la dernière génération de bandes LTO, le format LTO-9, a été lancée en 2021. Elle a apporté une augmentation de capacité de 50 % par rapport au LTO-8, sorti en 2017, et de 300 % par rapport au LTO-7, sorti encore deux ans plus tôt, en 2015.

« À l’heure actuelle, les données sur bande sont principalement conservées pour des raisons de conformité. »
Jerome WendtAnalyste, Data Center Intelligence Group

Greg Macatee estime qu’il faut plutôt lire, dans les chiffres partagés par le consortium LTO, un renouvellement des lecteurs de bandes de la part des entreprises. Les lecteurs de dernière génération étant compatibles LTO-9, les entreprises auraient simplement acheté ces bandes à la place de leurs LTO-7 ou LTO-8 habituelles.

Un support idéal pour entraîner des IA ?

Cela dit, le renouvellement des cartouches par des modèles plus capacitifs aurait une raison qui dépasse la simple mise à jour technologique.

« À l’heure actuelle, les données sur bande sont principalement conservées pour des raisons de conformité. Mais l’arrivée de l’IA apporte un nouvel intérêt à leurs contenus, qui sont suffisamment riches pour servir à entraîner des modèles », estime Jerome Wendt.

« Mais l’arrivée de l’IA apporte un nouvel intérêt à leurs contenus, suffisamment riches pour servir à entraîner des modèles. »
Jerome WendtAnalyste, Data Center Intelligence Group

Greg Macatee ne nie pas que les bandes puissent être reliées à des serveurs de calcul qui sauraient analyser les très nombreux fichiers qu’elles contiennent. Il rétorque cependant que les entreprises commencent à peine à tester les possibilités de l’IA. Et elles le font pour l’instant avec des données qu’elles chargent plutôt sur des services de stockage en cloud, plus versatiles.

« Techniquement, pour exploiter les contenus des bandes à des fins d’entraînement d’une IA, il faudrait commencer par indexer ces contenus pour les serveurs de calcul. Cela dit, ceux qui savent déjà le faire sont les hyperscalers, qui stockent eux-mêmes sur bandes les données hébergées par leurs services de stockage longue durée. Il est probable que ces fournisseurs de cloud proposent bientôt à leurs clients des services d’entraînement d’IA basés sur ces données », conclut Jerome Wendt.

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