Archivage sur verre : Cerabyte plus en avance que Silica

La startup allemande propose une alternative au projet de stockage sur verre que Microsoft essaie de mettre au point depuis plusieurs années. Son système, beaucoup plus simple, pourrait être opérationnel dès l’année prochaine.

Microsoft n’est pas le seul à travailler sur l’archivage de données dans le verre. La startup allemande Cerabyte s’est expatriée dans la Silicon Valley pour présenter aux géants du stockage un système similaire au projet Silica, mais qui serait bien plus facile à déployer.

« Le principe est le même : nous gravons des données au laser sur une petite plaque carrée de verre. Mais notre approche est très pragmatique. Les matrices de données sont écrites sous la forme de microscopiques QR-codes, ce qui fait qu’il suffit d’un microscope pour les relire. Quant à la machine dont nous nous servons pour nos démonstrations, il s’agit tout simplement d’une bibliothèque de bandes à peine modifiée », lance Christian Pflaum, le PDG de la startup (en photo), à l’occasion d’un événement IT Press Tour consacré aux entreprises qui innovent dans la Silicon Valley.

« N’utiliser que des éléments mécaniques disponibles dans le commerce, nous a permis d’avancer très vite, avec très peu de moyens et une équipe très réduite. Nous n’avons pas vocation à passer les six prochaines années enfermés dans un laboratoire de recherche », ajoute le PDG, en évoquant avec une certaine ironie le projet Silica de Microsoft.

Premiers déploiements dès 2025

La startup est sur les rangs pour installer une bibliothèque d’archivage des informations sur verre dans le datacenter du Cern d’ici à 2025. D’ici à 2027, elle proposera une machine encastrable en rack qui archivera les données des baies de stockage de grands fabricants avec lesquels elle aurait déjà signé. Elle espère déployer sa solution chez les hyperscalers d’ici à 2030.

De son côté, Microsoft se garde bien de partager une date de mise en production. Et pour cause : son encodage des informations est bien plus compliqué à mettre en œuvre que les simples dessins de QR-code en 2D de Cerabytes. Censé superposer plusieurs informations dans l’épaisseur du carré de verre – dans le but de gagner en densité de stockage – le projet Silica suppose de graver des matrices en 3D de voxels que seul un algorithme d’IA sera ensuite capable de relire.

« Nous conservons toutes les propriétés de résistance du verre : vous pouvez le refroidir à -273 degrés, le chauffer à 300 degrés pendant trois jours, le tremper dans de l’acide […] etc. Les données ne bougent pas. »
Christian PflaumPDG, Cerabyte

Le principe technique est beaucoup plus simple chez Cerabyte : plutôt que modifier les propriétés réfléchissantes des cristaux dans un verre de quartz, le support en verre intègre une fine couche de céramique noire qui est percée par le laser au moment de l’écriture. Un peu comme les antiques cartes perforées : les bits 0 et 1 sont représentés par la présence ou l’absence de trous.

« Nous conservons toutes les propriétés de résistance du verre : vous pouvez le refroidir à -273 degrés, le chauffer à 300 degrés pendant trois jours, le tremper dans de l’acide, dans du gaz, le bombarder de rayons gamma, etc. Les données ne bougent pas », assure Christian Pflaum.

C’est d’ailleurs le principal avantage du verre : il n’est pas nécessaire de migrer les données tous les cinq ou sept ans vers un nouveau support, de peur que celui d’origine se démagnétise. C’est le cas avec les archives stockées sur disques durs ou sur cassettes LTO. Les cassettes LTO ont un autre problème : les entreprises migrent aussi régulièrement les données vers un support plus moderne, car rien ne garantit qu’un lecteur LTO récent soit encore capable de relire les cassettes plus anciennes de plusieurs générations.

1 Po par carré de verre de 8 cm de côté

En termes de vitesse, le dispositif qui conjugue un laser et un microscope est capable de graver ou de relire 2 millions de bits en 1/30000 ème de seconde. Reste la densité. Cerabyte prétend avoir un dispositif qui perce des trous de 100 nm de côté, ce qui permettrait d’atteindre 1 Po de capacité de stockage par carré de verre d’environ 8 cm de côté. Christian Pflaum veut croire qu’en reprenant les optiques utilisées dans les usines de processeurs, Cerabyte serait rapidement en mesure de stocker 10 Po par carré de verre, voire bien plus.

Dans les faits, Cerabyte mise moins sur la densité que sur son savoir-faire industriel dans la fabrication du verre enveloppant une couche de céramique. Si son prototype actuel repose sur un carré épais d’un tiers de millimètre, son agenda prévoit le stockage de données sur un film souple épais d’un dixième de millimètre, voire épais d’à peine 5 micromètres. Dans ce dernier cas, le support en verre pourrait prendre la forme d’une bande qui se déroule, au même titre que les cassettes LTO.

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