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HPC européen : Jupiter en approche pour 2024 (en attendant le décollage de Jules Verne)

Le conglomérat franco-allemand ParTec-Eviden (Atos) a été choisi par EuroHPC pour construire le premier supercalculateur exaflopique européen, en Allemagne. Il embarquera des processeurs SiPearl. Un deuxième, baptisé Jules Verne, est prévu en France pour 2025.

Le supercalculateur JUPITER le plus puissant d’Europe a fait un pas de plus vers sa concrétisation. L’entreprise commune européenne pour le HPC (EuroHPC) a annoncé ce 3 octobre la signature du contrat de passation de marché avec le consortium germano-français ParTec-Eviden (Atos).

JUPITER sera le premier supercalculateur exaflopique du Vieux Continent. Hébergé sur le campus de l’institut de recherche de Jülich en Allemagne (décision prise en décembre 2022), il devrait être opérationnel dès 2024.

Le 8e supercalculateur de EuroHPC

Le projet a bénéficié d’un soutien financier de l’Union européenne de 500 millions d’euros. Le supercalculateur sera utilisé pour des simulations de grande envergure et des applications d’intelligence artificielle (IA) dans les domaines scientifiques et industriels.

JUPITER viendra compléter les sept HPC déjà opérationnels d’EuroHPC : Discoverer (Bulgarie), MeluXina (Luxembourg), Vega (Slovénie), Karolina (Tchéquie), LEONARDO (Italie), LUMI (Finlande) et Deucalion (Portugal). LUMI et Leonardo font d’ailleurs partie des 5 supercalculateurs les plus rapides au monde, les autres étant situés au Japon et aux États-Unis.

« JUPITER est conçu pour s’attaquer aux simulations et aux applications d’IA les plus exigeantes dans les domaines de la science et de l’industrie », résume le Forschungszentrum Jülich. « Ces applications comprendront l’entraînement de grands réseaux neuronaux comme les LLM, les simulations pour le développement de matériaux, la création de jumeaux numériques du cœur ou du cerveau humain à des fins médicales, la validation des ordinateurs quantiques, ou les simulations à haute résolution de notre climat à l’échelle de la Terre ».

ParTec, Eviden, SiPearl et NVIDIA

L’institut de recherche précise que JUPITER utilisera une architecture modulaire avec d’un côté un Cluster Module (pour les tâches « génériques ») et de l’autre un Booster Module.

Le premier s’appuiera sur le nouveau processeur européen Rhea de SiPearl – « un CPU doté d’une bande passante mémoire exceptionnellement élevée adaptée à la plupart des charges de travail complexes », souligne le Forschungszentrum Jülich. Quant au Booster Module, il reposera sur la technologie d’accélération de NVIDIA pour les « centres de données de la prochaine génération » (sic).

Ces deux modules seront intégrés par Eviden dans la plateforme BullSequana XH3000, à haute efficience énergétique et à refroidissement liquide. Ils seront ensuite gérés dynamiquement comme un supercalculateur unifié, grâce au système d’exploitation modulaire ParaStation Modulo de ParTec.

Jupiter utilisera l’architecture MSA (Modular Supercomputing Architecture) développée par le Forschungszentrum Jülich avec ses partenaires (européens et internationaux) dans le cadre des projets DEEP financés par la Commission européenne et EuroHPC SU.

Un programme d’accès anticipé permettra aux utilisateurs intéressés (et sélectionnés) de préparer et de tester le système. Plus de détails seront annoncés en novembre lors de la conférence SC23.

En attendant Jules Verne (et les autres)

Un deuxième supercalculateur exaflopique, baptisé le Jules Verne, sera ouvert en France en 2025 (annonce faite en juin 2023). Il sera hébergé par le Très Grand Centre de Calcul (TGCC) du Commissariat aux énergies alternatives et à l’énergie atomique, à Bruyères-le-Châtel.

La configuration d’un supercalculateur de milieu de gamme supplémentaire, Daedalus, est en cours en Grèce. Et un troisième supercalculateur européen pré-exascale, MareNostrum5, sera inauguré dans les prochains mois en Espagne.

En complément de ces efforts dans le HPC, six infrastructures quantiques EuroHPC sont en cours de déploiement en Allemagne, en France, en Italie, en Pologne, en Espagne et en République tchèque.

Pour mémoire, EuroHPC est une entité juridique et financière publique-privée, créée en 2018. Ses buts sont de développer dans l’Union européenne un écosystème de supercalculateurs, de calcul quantique, et d’infrastructures de données ; d’en démocratiser l’usage ; et de s’assurer d’une chaîne d’approvisionnement sur les composants, les technologies et les connaissances pour limiter les risques de perturbations.

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