Phocea DC : Marseille ouvre un nouveau datacenter géant

Il s’agit du septième grand datacenter en colocation prenant racine dans la cité phocéenne, non loin des seize câbles sous-marins qui permettent de distribuer les contenus d’Internet à 5 milliards d’individus.

Marseille consolide sa place dans le top 7 mondial en capacité de données avec l’ouverture d’un nouveau datacenter géant, Phocea DC, en plein cœur de la ville, dans le 3e arrondissement. Si l’on tient compte des prestataires, Phocea DC est le troisième campus de données installé dans la ville. Si l’on dénombre les data centers, il s’agit du septième, avec les cinq de Digital Reality (ex-Interxion) et celui de FreePro à l’Estaque.

Cette concentration est due à la présence de seize câbles sous-marins qui arrivent dans la cité phocéenne, lui permettant de diffuser les contenus d’Internet vers une population de 5 milliards d’individus.

Et d’autres projets sont encore à l’étude pour peut-être atteindre le top 5, comme le souhaite Isabelle Campagnola-Savon, conseillère régionale PACA en charge de l’économie. Pendant ce temps, l’agacement semble croître de la part d’une partie de la population. Mais Phocea DC pourrait échapper à ces critiques, car l’entreprise française a fait le choix d’un développement circulaire, souverain, en partenariat avec les entreprises de la région. Et elle se veut écoresponsable. Explications.

1 700 m2 près des câbles

Née en mai 2023, l’entreprise a réalisé une levée de fonds de 5 millions d’euros auprès de Reflexion Capital, une structure qui regroupe des investisseurs privés et des Family offices, créée en 2020 par Nicolas Meunier. PhoceaDC a également reçu le soutien de BNP Paribas, la Société Générale et BPI France.

Le centre de données marseillais de Phocea DC occupe une superficie de 1 700 m2, au plus près de la connectivité des câbles sous-marins, ce qui lui assure une latence minimale. Le site dispose des certifications Iso 27001, HDS, PCI-DSS et Iso 22301.

Phocea DC a une puissance de 1,2 MW. Conforme à la norme Tier 3, il a la capacité d’atteindre un PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,2, ce qui signifie une réduction de l’empreinte carbone dans une proportion de 70 %. Phocea DC ne s’interdit pas d’augmenter sa puissance à l’avenir.

‍« Cette performance énergétique est rendue possible grâce aux dernières innovations dont nous font bénéficier nos partenaires technologiques, au matériel de dernière génération avec une efficience maximum, ainsi qu’à notre démarche de réhabilitation d’un foncier (un bâtiment industriel) qui n’était plus valorisé », précise Damien Desanti, CEO de l’entreprise.

La conception et la réalisation ont été confiées à Schneider Electric. « Nous intégrons les solutions les plus efficientes, de rupture et adaptées : onduleurs à plus de 99 % de rendement, batteries ultra compactes et à faible empreinte carbone, Free cooling. Le tout est supervisé par EcoStruxure Building Operation de Schneider Electric, solution interopérable et cybersécurisée », précise Alain Domestici, responsable des comptes Datacenters au sein de Schneider Electric France.

Damien Desanti précise également que la demande croissante pour la souveraineté numérique a compté dans la décision de créer ce projet. Il précise ne pas avoir pris un gros risque en choisissant Marseille, car l’appétence y est forte pour des services tels que ceux proposés par Phocea DC. Les clients visés sont les collectivités territoriales, les établissements de santé ainsi que les entreprises de taille intermédiaire. Les acteurs de l’IT et du web se montrent également intéressés.

Plusieurs partenariats stratégiques

L’une des forces de Phocea DC, outre le fait d’avoir tenu à quelques semaines près les délais annoncés, est d’avoir réussi à nouer en amont des partenariats importants qui lui ont permis de signer les premiers clients avant même l’ouverture du site et son inauguration.

Le partenariat le plus stratégique est sans doute celui noué avec Megaport, une société d’origine australienne spécialisée dans la connectivité réseau en tant que service (NaaS), qui a mis en place près de 1 000 connexions avec les principaux fournisseurs de cloud mondiaux, les opérateurs de centres de données, les intégrateurs de systèmes et les entreprises de services managés. Megaport propose plus de 930 sites dans 26 pays. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires d’environ 200 millions de dollars par an, en progression rapide, en partie grâce à la simplicité d’utilisation de ses solutions.

Un autre partenaire est la société Kapsdata, créée en 2015, à Lille. Elle utilise l’intelligence artificielle pour optimiser le fonctionnement d’une architecture complexe comme un datacenter. La solution a été déployée dès 2021 chez Data4 et elle a noué un partenariat avec le CNRS en 2024. 

L’emploi d’une telle solution est d’autant plus critique qu’un centre de données dispose de centaines d’équipements et conséquemment des milliers de paramètres. Comme il consomme énormément d’énergie, l’optimisation du fonctionnement a un double impact : économique et environnemental. Didier Personnic, président de Kapsdata précise : « nous sommes sur des volumes de données à analyser qui dépassent le téraoctet. Un tableau Excel ou une personne ne sont plus suffisants pour identifier puis optimiser le fonctionnement. »

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