Emploi : l’inégalité de l’accès à l’IA milite pour plus de formations

Une étude de Randstad souligne que l’intelligence artificielle pourrait aider à atténuer la pénurie de talents, à condition de combler les inégalités d’accès à la formation.

L’intelligence artificielle s’impose dans le monde du travail. Selon une étude menée par Randstad auprès de 12 000 professionnels dans 15 pays, 75 % des entreprises envisageraient d’intégrer l’IA dans leurs processus.

Pourtant, seuls 35 % des salariés auraient reçu une formation sur ce sujet en 2024 (32 % en France).

Ce décalage créerait une fracture dans l’accès aux compétences numériques. En clair, l’IA (et en particulier l’IA générative) promet des gains de productivité, mais elle pourrait aussi creuser des inégalités, en favorisant ceux qui disposent déjà des bonnes compétences.

Les femmes deux fois moins formées à l’IA

En France, [...] dans les usages : seuls 31 % des femmes utiliseraient l’IA au quotidien, contre 52 % des hommes.
Étude Randstad

Le premier déséquilibre notable est celui entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui, 71 % des professionnels qui disent avoir des compétences en intelligence artificielle sont des hommes, et 29 % de femmes.

Cette différence découlerait en partie d’un accès plus limité à la formation. En France, seulement 24 % des femmes auraient été formées par leur employeur à l’IA, contre 40 % des hommes.

Une autre conséquence se fait sentir dans les usages : seuls 31 % des femmes utiliseraient l’IA au quotidien, contre 52 % des hommes. 

Toutefois, Randstad note une évolution encourageante avec la nouvelle génération. Un tiers des femmes avec moins d’un an d’expérience déclarent posséder des compétences en IA, contre 21 % pour celles ayant plus de 30 ans de carrière.

Un écart marqué entre les générations

L’adoption de l’IA varie aussi fortement selon l’âge.

Les jeunes actifs de la génération Z sont les plus formés et les plus enclins à utiliser ces technologies. Près de 40 % des « talents » français de cette génération ont bénéficié d’une formation à l’IA, contre seulement 26 % des baby-boomers.

Là encore, la conséquence est une disparité dans l’usage au quotidien. En France, 46 % des jeunes actifs utilisent l’IA dans leur travail au jour le jour, contre 32 % des plus de 60 ans.

De manière plus inattendue, l’étude révèle que les professionnels en situation de handicap sont proportionnellement plus nombreux à utiliser l’IA dans leur travail. En France, 44 % d’entre eux déclarent y recourir régulièrement (50 dans le monde), contre 39 % des salariés sans handicap.

L’IA pourrait donc être un formidable levier d’inclusion, en facilitant l’accès à l’information et en automatisant certaines tâches. Toutefois, l’accès à la formation reste un défi pour ces populations : 50 % des jeunes en situation de handicap estiment qu’il leur est plus difficile d’accéder à un programme d’apprentissage en IA. Et un quart d’entre eux se disent prêts à quitter leur emploi s’ils ne bénéficient pas de formations en IA, contre 18 % (20 % en France) des talents sans handicap.

Les solutions pour rendre l’IA plus équitable

Face à ces inégalités, Randstad propose quatre grands leviers d’action, tous en rapport avec l’éducation et l’acculturation.

« Dans le domaine de l’IA […], la demande de profils qualifiés croît à un rythme effréné, alors que les inégalités dans l’apprentissage et l’utilisation de cette technologie se creusent. »
Benoit LabroussePrésident du groupe Randstad France

Il faudrait d’abord repenser la formation en s’assurant qu’elle soit accessible à l’ensemble des collaborateurs, indépendamment de leur profil. Ensuite, l’expert du travail temporaire invite à adopter une approche personnalisée, en identifiant les besoins de chaque groupe de talents, afin d’adapter les formations et de favoriser l’appropriation de l’IA.

Une autre idée est de favoriser la collaboration (y compris entre organisations, publiques, privées) et de mettre en place des initiatives de mentorat et des parcours de qualification.

« La pénurie de talents est un défi pour les organisations, partout dans le monde. Dans le domaine de l’IA, tout particulièrement, la demande de profils qualifiés croît à un rythme effréné, alors que les inégalités dans l’apprentissage et l’utilisation de cette technologie se creusent », souligne Benoit Labrousse, président du groupe Randstad France.

« Les entreprises peuvent remédier à cette situation en inscrivant leurs collaborateurs dans des parcours de montée en compétences et en favorisant un accès équitable aux opportunités d’emploi. Elles contribueront ainsi à développer l’employabilité de chacun, tout en préparant l’adoption de ces technologies », ajoute-t-il.

Or comme le notait le cabinet de consulting Datasulting dans nos colonnes, c’est quand l’IA est infusée et démocratisée dans une entreprise que celle-ci commence réellement à pouvoir en cueillir les bénéfices.

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