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BBVA généralise sa GenAI avec ChatGPT
Selon la banque espagnole, ses collaborateurs qui ont testé les centaines d’assistants qu’elle a déjà mis en place gagneraient en moyenne près de trois heures de travail grâce à l’IA générative.
La banque espagnole BBVA a créé, en interne, une bibliothèque baptisée « ChatGPT Store », qui référence un millier d’assistants motorisés à l’IA générative (GenAI). Ce répertoire doit « aider les utilisateurs à localiser les 1 000 bots jugés pertinents pour l’ensemble de l’organisation et accessibles à tous les collaborateurs », précise BBVA.
La banque a, dans la foulée, annoncé l’acquisition de 8 000 licences supplémentaires pour ChatGPT Entreprise (à ne pas confondre avec ChatGPT Pro à 200 $ la licence par mois), après avoir fait un double constat.
Le premier est que son utilisation pour automatiser des tâches répétitives aurait permis aux employés d’économiser en moyenne 2,8 heures par semaine. La seconde est que 80 % des personnes qui disposent déjà d’un accès l’utilisent quotidiennement.
Au total, 11 000 employés auront accès à ChatGPT.
Ce nouvel accord avec OpenAI (l’éditeur de ChatGPT) s’inscrit dans une stratégie plus large de BBVA qui vise à généraliser l’usage de l’IA générative dans toutes les entités du groupe.
Il y a un an, la banque espagnole avait acheté 3 300 licences ChatGPT Enterprise, avec comme objectif « d’explorer son potentiel ». Depuis, des bots ont été développés pour des usages précis comme la traduction, la synthèse de documents ou la rédaction de rapports.
Certains cas d’usage, plus complexes, concernent également l’assistance au codage ou l’analyse d’informations financières.
Une demande issue du terrain
Elena Alfaro, responsable mondiale de l’adoption de l’IA chez BBVA, ajoute que cette montée en puissance répondrait à une forte demande des métiers. « L’élargissement de notre base de licences est le fruit d’une demande très importante en interne », assure-t-elle. « De nombreuses équipes, dans tous les pays, ont manifesté leur intérêt pour intégrer les capacités de l’IA générative à leurs activités. »
Dans le même temps, BBVA forme ses collaborateurs aux bons usages de la technologie et anime une communauté dédiée au partage des expériences et des bonnes pratiques.
L’adoption de ChatGPT passe aussi par d’autres initiatives. Les collaborateurs au plus près des besoins métier sont encouragés à identifier d’autres usages concrets de l’IA générative.
Plus tôt cette année, BBVA a même organisé un hackathon – le BBVA Bot Talent – dans son entité mexicaine. L’événement a généré plus de 170 idées. Les trois gagnantes vont être industrialisées à l’échelle du groupe.
La question des données confidentielles
Ce que ne dit pas BBVA, en revanche, c’est la manière dont il entend garder le contrôle de ses données. Le tenant « Entreprise » d’un client chez OpenAI est séparé de ceux des autres clients, mais les informations (dont certaines peuvent être confidentielles voire à diffusion restreinte) sont tout de même envoyées à un prestataire externe qui répond, de surcroît, au droit américain.
Dans un entretien accordé à nos collègues de Computer Weekly, Daniele Tonella, CTO monde d’ING, confiait sur ce point sensible adopter une approche « conservatrice, mais offensive ».
« Nous avons mis en place une gouvernance stricte qui encadre tous les projets d’IA générative […] sous la supervision du COO », confiait-il. « C’est essentiel, car l’IA suscite un fort engouement. Sans ce cadre, avec la culture entrepreneuriale de notre banque, nous aurions vu apparaître des projets d’IA dans tous les sens ».
C’est un autre point souligné par les experts en IA comme comme BCG ou le Français Ekimetrics : l’IA générative n’est qu’un outil parmi d’autres (NLP, ML, etc.). Elle est très gourmande en ressources. Il convient donc de sélectionner les cas d’usage et de l’utiliser là (et uniquement là) où elle est indispensable.
L’IA, un axe stratégique dans la banque
L’IA et sa démocratisation auprès des métiers sont en tout cas devenues une priorité parmi les priorités pour les banques, souligne un rapport du cabinet d’analyse Evident.
Dans l’édition 2025 de son étude sur les talents IA, le cabinet observe que les effectifs spécialisés sur ces technologies ont augmenté de 13 % en six mois dans ce secteur. Aujourd’hui, un recrutement sur cinquante dans les dix plus grandes banques concernerait un profil lié à l’intelligence artificielle.
Le nombre de professionnels du développement en IA dans le monde bancaire aurait ainsi progressé de 6 %, celui des ingénieurs data de 14 %, et les profils dédiés à la mise en œuvre logicielle et IA auraient bondi de 42 %.