Course à l’IA générative : Anthropic lève 3,5 milliards de dollars
Anthropic a annoncé le 3 mars une levée de fonds de 3,5 milliards de dollars en série E. La startup, en compétition avec OpenAI, doit faire face aux mêmes défis : principalement se faire une place sur un marché IT en proie à la consolidation.
Le concurrent d’OpenAI est désormais valorisé à 61,5 milliards de dollars. Il confirme une information relayée par Reuters il y a une semaine. L’agence de presse indiquait un mois plus tôt qu’Anthropic cherchait alors environ 2 milliards de dollars.
Ce phénomène d’inflation lié à l’intérêt des investisseurs pour la GenAI n’est pas nouveau : Databricks dit en avoir largement bénéficié dans le cadre de sa levée en série J de 10 milliards de dollars (prolongé par un prêt de 5,25 milliards de dollars). Anthropic n’a toutefois pas encore la traction d’OpenAI, qui a levé dernièrement 6,6 milliards de dollars et en a profité pour emprunter de l’argent auprès des banques. OpenAI serait d’ailleurs en train de préparer une levée de fonds de plusieurs dizaines de millions de dollars, selon Reuters.
La levée de fonds en série E d’Anthropic a été menée par le fonds Lightspeed Venture Partners. Elle implique la participation de Besseme Venture Partner, Cisco Investments, D1 Capital Partners, Fidelity Management & Research Company, General Catalyst, Jane Street, Menlo Ventures et Salesforce Ventures.
Derrière les levées de fonds, une compétition entre les géants technologiques
« Si vous acceptez qu’AWS, Azure et d’autres considèrent l’IA comme une fonctionnalité et non comme une activité en soi, faisant partie de l’expérience utilisateur, alors cette partie de la bataille est en cours. »
David NicholsonAnalyste, Futurum Group
Selon David Nicholson, analyste chez Futurum Group, c’est un des éléments de la compétition qui se joue entre les fournisseurs de cloud. L’IA ne serait cependant qu’un élément de la chaîne de valeur. « Si vous acceptez qu’AWS, Azure et d’autres considèrent l’IA comme une fonctionnalité et non comme une activité en soi, faisant partie de l’expérience utilisateur, alors cette partie de la bataille est en cours », avance-t-il.
Pour Kjell Carlsson, responsable de la stratégie IA chez Domino Data Lab et ancien analyste chez Forrester, Anthropic délivre une solution médiane dans le monde des grands modèles de langage. L’entreprise mise sur la sécurité, la gouvernance et la conformité, mais elle a également montré qu’elle pouvait rivaliser avec d’autres grands acteurs du marché de l’IA. « C’est la raison pour laquelle les investisseurs sont prêts à investir des sommes très importantes dans l’entreprise », souligne-t-il.
La startup indique qu’elle poursuivra le développement de systèmes d’IA de nouvelle génération et ses recherches en matière d’alignement et d’interprétabilité et qu’elle étendra sa puissance de calcul tout en développant son activité à l’international. Actuellement, 166 postes sont ouverts dans ses 14 équipes à San Francisco, Londres, Dublin, New York, Zurich, Seattle et Washington DC. Anthropic cherche principalement à muscler ses services produits (29 postes ouverts), de recherche (25 postes ouverts), et son équipe commerciale (30 postes ouverts).
Les analystes anticipent le rachat des fournisseurs LLM
Et de rappeler le lancement récent de Claude 3.7 Sonnet ainsi que de Claude Code. Si Anthropic a réussi à convaincre GitHub, GitLab, Cursor, Codeium, Replit et AWS d’intégrer ses LLM dans leurs outils de développement, elle ne souhaite pas s’arrêter à ce domaine.
Anthropic cite les exemples de Snowflake, Zoom ou de Pzifer qui utiliseraient les modèles Claude en interne, tandis que Thomson Reuters aurait intégré un de ses LLM pour assister les juristes et les professionnels de la finance avec CoCounsel. Novo Nordisk s’en servirait pour accélérer les rapports liés aux études cliniques.
Cependant, cela tend à prouver que les modèles d’IA générative sont difficiles à intégrer dans les piles technologiques des entreprises, selon Kjell Carlsson. Seules les plus grandes firmes arriveraient à maîtriser ces aspects. « Elles doivent développer leurs propres capacités pour absorber la technologie », déclare-t-il. En effet, les données de chaque organisation sont différentes et le processus d’intégration également, poursuit-il.
Le défi de l’intégration est probablement l’une des raisons pour lesquelles les fournisseurs indépendants de modèles d’IA générative comme OpenAI et Anthropic perdent encore de l’argent.
Selon David Nicholson, il est fort probable que ni Anthropic ni OpenAI ne parviennent à s’imposer seuls à long terme. « Je suppose que chacune d’entre elles fera partie de groupes plus importants. Je les vois comme des composantes d’autres entreprises », déclare-t-il.
La levée de fonds intervient alors qu’OpenAI a présenté GPT-4.5, son plus grand modèle à ce jour, et qu’elle compte prendre la même voie formulée par Anthropic : développer des modèles hybrides pouvant tenir des conversations ou développer des raisonnements.
En parallèle, l’ouverture de DeepSeek et les projets menés par des entreprises comme IBM prouvent qu’une alternative aux modèles géants d’Anthropic et d’OpenAI est viable.
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