
Stockage : Pure Storage vend donc bien ses technologies à Meta
Après plusieurs mois de rumeurs, Meta a confirmé utiliser les modules DFM du constructeur pour remplacer ses disques durs par des mémoires Flash NAND QLC.
C’est désormais officiel : Pure Storage a donc bel et bien réussi à vendre sous licence sa technologie de stockage à un géant d’Internet. Et l’on sait à présent qu’il s’agit de Meta, la maison mère de Facebook. Cette annonce, dont la rumeur remonte à juin 2024, présente un caractère exceptionnel. D’ordinaire, les géants d’Internet ne se fournissent pas chez les marques qui vendent leurs produits aux entreprises. Ils préfèrent redévelopper eux-mêmes des solutions à partir d’éléments en marque blanche.
« Les équipes responsables du stockage chez Meta ont commencé à travailler en étroite collaboration avec des partenaires comme Pure Storage, en utilisant leur partie logicielle DirectFlash et leur format DFM pour bénéficier d’un stockage QLC à la fois fiable et dense », confirme ainsi un récent billet de blog de Meta.
Plus loin, ce même billet sous-entend que, grâce à la technologie de Pure Storage, les serveurs de Meta pourraient intégrer des SSD QLC dont la capacité grimperait à 600 To. Meta estime qu’il a besoin de SSD QLC qui offrent six fois la capacité de ses SSD TLC, pour qu’ils soient plus rentables que ses disques durs. Meta n’utilisait jusque-là que des disques durs de 20 à 30 To, peu chers, et des SSD TLC de 8 à 16 To, plus rapides.
Au-delà de l’équation économique que la technologie de Pure Storage sert à valider, Meta considère qu’il lui faut de toute façon remplacer les disques durs par des SSD, car les premiers n’atteignent plus le ratio performance en lecture/capacité que le géant d’Internet s’est fixé.
Le besoin exprimé est d’avoir au moins 10 Mo/s. Ce ratio était celui des disques durs, lorsqu’ils stockaient 16 To. Cependant, comme la capacité des disques durs a évolué, mais pas leur vitesse de transfert, Meta calcule qu’un disque dur actuel de 30 To frôle désormais les 5 To/s.
« Pour certains batchs de lecture, notre besoin peut grimper à 15, voire 20 Mo/s/To. Jusqu’ici ces batchs utilisent des SSD TLC, qui coûtent beaucoup plus cher que des SSD QLC. Notre objectif est de déployer des SSD QLC qui supportent tous ces ratios », indique encore le billet de blog.
Un projet qui remonte à l’été 2024
C’est en juin 2024 que Charles Giancarlo, le PDG de Pure Storage, avait dévoilé en exclusivité au MagIT son projet de vendre sous licence la technologie de ses baies de stockage aux hyperscalers. Cette technologie déplace toute la logique d’écriture dans les cellules NAND, du firmware des SSD vers le système d’exploitation de la baie de stockage. Ce dernier ayant une meilleure connaissance des données en écriture, il optimise mieux le placement des bits de données, de sorte à limiter les interférences de charges électriques, ce qui contribue à rallonger la durée de vie de la NAND.
Mais le véritable avantage, surtout, est qu’il n’y a dès lors plus de firmware, ni de puce de calcul, ni de RAM pour ces calculs dans le SSD (Pure Storage appelle plus exactement ses unités de stockage Flash des DFM). La place ainsi gagnée permet de démultiplier la capacité. Quand les SSD QLC ordinaires proposaient 30 To, les DFM QLC atteignaient 75 To. Aujourd’hui, les SSD QLC offrent 60 To et les DFM 150 To. D’ici à la fin de l’année, les SSD QLC de 120 To arriveront sur le marché, en même temps que des DFM de 300 To.
En janvier, Pure Storage laissait entendre, lors d’un commentaire sur ses résultats financiers, qu’il avait commandé à Micron et Kioxia des quantités de mémoire QLC bien plus importantes que d’ordinaire. Manifestement dans le but de fabriquer des DFM au-delà des besoins de production de ses propres baies de stockage FlashArray et FlashBlade.
Dans un premier temps, LeMagIT avait pu apprendre que Meta et aussi GCP (le cloud public de Google) travaillaient à implémenter dans leurs serveurs de stockage un système baptisé Flexible Data Placement, dont les fonctions seraient en tout point identiques à celle de Purity, le système d’exploitation de Pure Storage qui se charge de décider lui-même dans quelles cellules NAND écrire. À ce stade, l’interprétation du MagIT est que la vente de technologies Pure Storage aux géants du web ne concernerait que les modules DFM.
Précisons que la description de Flexible Data Placement est poussée par le consortium NVMe, mais que chaque fabricant est libre de l’implémenter avec son propre code.
Puis, fin janvier, lors d’une visite du centre de R&D de Pure Storage en Tchéquie – où le constructeur assemble aussi un tiers de sa production mondiale –, Paul Melmon, le directeur du centre, révélait que des licences de la fonction de placement des données dans les cellules ont bel et bien été vendues « à des » géants du web, manifestement pour leur implémentation de Flexible Data Placement. Il est probable que Google GCP dévoile plus tard cette année utiliser aussi les technologies de Pure Storage.
Le constructeur a récemment annoncé un chiffre d’affaires annuel de 3,2 milliards de dollars, en hausse de 12 % entre 2023 et 2024. Pour autant, ces bons résultats ne semblent pas encore inclure les revenus générés par la vente de ses technologies aux géants d’Internet.