Prolongement du support de SAS 9.4 jusqu’en 2030 : « nous avions commis une erreur »

SAS promet de maintenir SAS 9.4 jusqu’en 2030 et d’étudier toutes les possibilités avec ses clients concernant le passage à la plateforme analytique Viya. Un changement nécessaire face aux compétiteurs de plus en plus pertinents.

En 2019, SAS Institute espérait que ses clients historiques migrent rapidement vers sa plateforme de nouvelle génération, Viya. Et de préférence vers le cloud. Quitte à forcer l’effort.

« Je pense que nous avons eu un raté », reconnaît Grégoire Ferreri, directeur général France chez SAS.

Le raté en question serait d’avoir annoncé en 2021 la fin du support de SAS 9 pour 2025. SAS 9 a été lancée la première fois en 2004, il y a 21 ans. 

Réparer une « erreur »

« Nous avons un existant SAS 9 extrêmement important. L’on ne peut pas en sortir comme ça. C’est important de le reconnaître : je pense que nous avions commis une erreur. Nous sommes donc revenus en arrière ».

Ce retour en arrière s’est manifesté en janvier 2023, lors de la sortie de la mise à jour SAS 9.4 M8, une édition prise en charge avec le support standard jusqu’en février 2028. Cette mise à jour est gratuite pour les possesseurs de SAS 9.4.

« Nous sortirons bientôt SAS 9.4 M9 qui permet de prolonger le support standard jusqu’en 2030. »
Grégoire FerreriDirecteur général France, SAS

En janvier 2025, SAS a informé ses clients que plusieurs produits antérieurs sont entrés en support limité. « Le support limité signifie que le logiciel ne reçoit plus de correctifs de sécurité ni de corrections de bugs, qu’il n’est plus disponible en téléchargement et que la gestion des problèmes est restreinte au niveau de gravité 3 ou inférieur », indique Chris Hemedinger, directeur de l’engagement utilisateur, dans un billet de blog. Moyennant finance, une offre de support étendue est proposée aux clients exploitant encore ces versions vieillissantes de la plateforme analytique.

« Nous sortirons bientôt SAS 9.4 M9 qui permet de prolonger le support standard jusqu’en 2030 », ajoute Grégoire Ferreri.

Cette extension du support vise à rassurer les clients, en particulier dans des secteurs sensibles comme la banque et l’assurance, qui ont « horreur du risque », dixit le directeur général France.

D’autres éditeurs ont pris des décisions similaires, sans forcément l’affirmer haut et fort. C’est le cas de SAP. L’éditeur allemand a prolongé le support de l’ERP ECC de certains clients, à condition qu’ils adoptent l’offre Rise With SAP. Mais il a aussi prolongé le support de la suite BI SAP BusinessObjects jusqu’en 2030, voire « au-delà ».

Cela veut-il dire que SAS abandonne l’idée de faire migrer ses clients vers la plateforme Viya ? Non, il s’agit d’adopter une approche plus progressive.

Du « move to Viya » au « move towards Viya »

« Auparavant, nous faisions du “move to Viya”, maintenant, nous opérons un “move towards Viya” », nuance le directeur général France. « Cela peut faire sourire […], mais là où avant nous disions aux clients disposant d’un patrimoine informationnel sur SAS 9 : “vous choisissez de rester avec SAS ou non, mais vous avez deux à trois ans pour y aller”, désormais notre approche est plus intelligente, plus fine, moins dogmatique ».

Ainsi, SAS étudierait avec ses clients toutes les possibilités.

« Nous étudions avec les clients comment aborder les nouveaux cas d’usage avec Viya. S’il est intéressant de récupérer une partie des cas d’usage sous SAS 9, notamment en s’appuyant sur des solutions de risque, de fraude, de conformité. »
Grégoire FerreriDirecteur général France, SAS

« Nous étudions avec les clients comment aborder les nouveaux cas d’usage avec Viya. S’il est intéressant de récupérer une partie des cas d’usage sous SAS 9, notamment en s’appuyant sur des solutions de risque, de fraude, de conformité », explique Grégoire Ferreri. « Cela sera plus facile, plus rapide : l’on ne met pas à la poubelle 20 ans de code comme ça », continue-t-il.

« Et puis, acceptons qu’une partie reste en SAS 9. Acceptons peut-être même qu’une partie soit décommissionnée au profit d’une solution tierce ».

Une approche qui séduit certains clients, dont un « grand acteur du secteur public français ». « Avec lui, nous avons sanctuarisé certains usages SAS 9 et nous nous sommes mis d’accord pour traiter les nouveaux cas d’usage avec Viya ».

Et de préciser que Viya est disponible en cloud public (AWS, Azure et GCP), en cloud privé et sur site (sur Kubernetes open source, GCP VMare Engine ou Red Hat OpenShift). 

SAS Viya toujours debout, malgré la compétition accrue

SAS Viya ne démériterait pas. Et c’est le socle pour accueillir des services managés. « Ces dernières années, notre croissance s’est appuyée sur deux axes majeurs : la plateforme Viya, avec 24 % de hausse en 2024, et les services managés, qui enregistrent une progression de 16 % », défend Grégoire Ferreri.

Pour autant, SAS fait face à une concurrence accrue. Viya serait souvent oublié dans l’équation.

« L’on ne peut pas comparer SAS 9 avec Databricks, Dataiku, Palantir, etc. […] Et ce n’est pas sur la base d’une technologie âgée de 21 ans qu’il faut juger ce que SAS est capable d’apporter aujourd’hui », souligne-t-il.

Selon le Magic Quadrant 2024 consacré aux plateformes de machine learning et de data science, SAS Institute demeure un leader. Le cabinet Gartner souligne la force de son réseau de partenaires et l’appétence de l’éditeur à proposer des solutions verticales.

Dans un même temps, les analystes signalent que la plateforme de SAS « est perçue comme chère par rapport aux offres des concurrents ». Le fait que le langage SAS ne soit plus un élément différenciant (l’éditeur prend en charge plusieurs langages open source, dont Python et R) et l’infusion tardive de l’IA générative joueraient contre l’éditeur.

Grégoire Ferreri estime pour sa part que l’ouverture aux technologies open source est une force. Quant à l’IA générative, « il faut bien une plateforme d’entreprise pour la superviser, la gouverner, l’administrer, la piloter ». C’est l’orientation prise par SAS qui déploie déjà des LLM sur sa plateforme, génère des données synthétiques (SAS Data Maker) et développe un copilote (Viya Copilot), en sus de fournir un outil pour permettre à ses clients d’évaluer leur maturité dans ce domaine.

Selon le directeur général France, il faudra attendre la conférence annuelle SAS Innovate pour en savoir plus sur la stratégie GenAI de l’éditeur.

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