ERP : Acumatica racheté pour 2 milliards de dollars
Le rachat du spécialiste des ERP cloud Acumatica par le fonds Vista Equity Partners devrait se traduire par plus d’investissements dans les fonctionnalités et dans l’IA. L’opération ne devrait pas remettre en cause l’accord de distribution avec Cegid.
Acumatica, l’éditeur américain d’ERP cloud pour les PME et ETI distribué en France par Cegid va changer de mains. L’entreprise vient d’annoncer son rachat par le fonds d’investissement Vista Equity Partners, pour un montant estimé à 2 milliards de dollars. Il était jusqu’à présent la propriété d’un autre fonds, EQT. La finalisation de l’opération est attendue d’ici l’été.
Vista Equity Partners, qui gérait plus de 100 milliards de dollars d’actifs fin 2024, possède un portefeuille dans les ERP, la collaboration d’entreprise, les données et les technologies cloud.
L’ERP cloud d’Acumatica se décline depuis peu en plusieurs éditions verticalisées : construction, distribution, fabrication, retail et services professionnels. Une version généraliste (General Business Edition) complète son offre.
Pour John Case, PDG d’Acumatica, ce rachat confirme la bonne santé du marché de l’ERP cloud, en particulier dans les secteurs ciblés par l’éditeur. « Vista achète des entreprises qu’elle estime capables d’être leaders et indépendantes sur leur marché. C’est comme cela qu’elle nous voit », résume-t-il.
Vista ne prévoit pas de modifier l’organisation ou le management d’Acumatica. L’objectif serait de laisser l’entreprise fonctionner en toute indépendance, tout en renforçant ses moyens. « Ils ont un bon historique de rachats, avec des réussites, comme Avalara, qui est aujourd’hui l’un de nos partenaires », souligne John Case.
Investissements dans l’IA et les verticaux métier
Le plan d’investissement exact reste à préciser, mais il devrait porter sur l’enrichissement des éditions dédiées aux verticaux ciblés par Acumatica et sur des capacités transverses – à commencer par l’intelligence artificielle.
« Nous pourrions ajouter une ou deux verticales supplémentaires d’ici cinq à six ans, mais ce ne sera pas pour tout de suite », souffle John Case. « L’idée est surtout de renforcer ce que nous avons déjà dans le manufacturing, la construction et la distribution, et d’y ajouter les briques transverses comme l’IA », ajoute-t-il.
Le dirigeant précise également que la vente d’Acumatica n’a aucun lien avec IFS, autre éditeur d’ERP détenu par sa désormais ex-maison-mère, EQT – un fonds qui avait pourtant dans un premier temps envisagé des synergies entre les deux entités.
« Il n’y a jamais vraiment eu de relation entre Acumatica et IFS », confie aujourd’hui John Case. « Certains pensaient qu’Acumatica pourrait être un tremplin vers IFS, mais nous n’avons jamais vu un seul client “dépasser” Acumatica. »
Pas de révolution, mais plus de moyens
Ce rachat est perçu positivement par plusieurs analystes. Pour Predrag Jakovljevic, analyste principal chez Technology Evaluation Centers, l’opération confirme l’attractivité du marché et devrait se traduire par plus d’investissements en R&D. « Globalement, c’est un bon rachat, même s’il faut toujours rester prudent », estime-t-il.
« La grande question sera de savoir s'ils peuvent améliorer leurs produits […] sans rendre les choses plus compliquées ou plus coûteuses. »
Robert KramerMoor Insights & Strategy
Il rappelle que Vista a bien su gérer et revendre plusieurs entreprises dans le passé, comme Aptean, BigMachines, Bullhorn, Marketo ou SumTotal.
Quant à EQT, « je pense qu’ils n’ont pensé aux synergies entre IFS et Acumatica qu’une fraction de seconde », ironise l’analyste qui conclut que la vente d’Acumatica lui paraît logique au regard de la temporalité des fonds qui cherchent généralement à sortir après la barre symbolique des sept années.
De son côté, Robert Kramer, vice-président chez Moor Insights & Strategy, considère que l’opération s’inscrit dans la tendance actuelle qui voit les sociétés de capital-investissement investir dans les ERP pour le midmarket et que Vista pourra apporter de nouvelles compétences opérationnelles et du capital.
Selon lui, les clients d’Acumatica peuvent s’attendre à une amélioration progressive de la plateforme, notamment sur l’automatisation, les intégrations et l’enrichissement fonctionnel, sans remettre pour autant en cause l’ouverture de la plateforme ou son modèle centré sur les partenaires – dont, en France, Cegid qui en est le revendeur exclusif avec un accord au long cours.
« La grande question sera de savoir s’ils peuvent améliorer leurs produits […] sans rendre les choses plus compliquées ou plus coûteuses », interroge-t-il.
Mais le changement de propriétaire devrait, globalement, renforcer Acumatica sur le segment de l’ERP cloud midmarket. « Même s’il existe toujours une part d’incertitude lors d’un rachat, il n’y a aucun signe que la vision produit ou l’expérience client en pâtisse. Au contraire, les clients peuvent s’attendre à plus d’investissements et d’améliorations », anticipe-t-il.