pixtumz88/stock.adobe.com

ERP : tiré par l’IA, le cloud s’impose

Un rapport de Panorama Consulting sur les tendances ERP/PGI de 2025 montre une transition rapide vers le cloud et une adoption accélérée de l’IA dans un contexte assez défensif. Les données et l’accompagnement du changement restent des défis sous-estimés.

Le cloud s’est imposé. C’est ce qu’avance l’édition 2025 du traditionnel rapport annuel sur les solutions ERP de Panorama Consulting, une étude qui s’appuie sur les retours de 172 entreprises – dont plus de la moitié sont des multinationales.

Aujourd’hui, la domination du SaaS serait actée avec 75 % des projets qui iraient vers le cloud. Les raisons ? Une plus grande flexibilité opérationnelle, des mises à jour plus simples, des workflows standards normalisés et, last but not least, l’accès à des technologies émergentes comme l’IA.

Un autre bénéfice du cloud lors de la migration est une durée médiane de déploiement qui fond de 15,5 mois à seulement 9 mois.

Plus largement, le rapport montre un regain d’investissement dans le « Core ERP » : 61 % des entreprises sondées auraient mis comme priorité la mise en œuvre ou la modernisation de leur ERP cette année (contre 50 % l’année précédente).

Cette hausse refléterait une certaine forme de pragmatisme dans un contexte économique incertain ainsi qu’une pénurie de compétences. Autrement dit, plutôt que de s’embarquer dans une stratégie (trop ?) ambitieuse de transformation digitale de grande envergure, les entreprises reviennent aux fondamentaux.

L’IA, plus déployée que l’analytique prédictive

Un des moteurs de la croissance de l’ERP Cloud reste l’intelligence artificielle – que la plupart des offres SaaS embarquent, certaines moyennant finance, d’autres non.

L’adoption de l’IA dans l’ERP, large ou partielle, aurait bondi de 53 % à 72,6 % en un an. Panorama Research note que l’intelligence artificielle (IA) surpasse désormais l’analytique prédictive, qui reste pourtant une composante classique des ERP modernes.

Cet état de fait s’explique assez logiquement. L’exploration du potentiel de l’IA commencerait souvent par des applications à faible barrière d’entrée comme l’automatisation de tâches ou les chatbots. Dans le même temps, le rapport constate que de nombreuses entreprises peinent encore à structurer leurs données et à casser leurs silos. Les deux étant des freins majeurs pour faire du prédictif.

Pas de « big bang », mais des projets qui restent complexes

Une autre transformation concerne la méthode de déploiement. Le modèle « Big Bang » – qui consiste à activer tous les modules d’un ERP simultanément – ne concerne plus qu’un quart des entreprises.

La majorité privilégie aujourd’hui une approche progressive, région par région ou module par module. Cette stratégie, plus adaptée aux grands groupes, limite les risques de rupture brutale.

En matière de coûts, plus de la moitié des entreprises auraient respecté leur budget initial. Pour les autres, la principale source de dérapages viendrait d’ajouts technologiques imprévus : modules complémentaires, intégration de plateformes tierces, ou fonctions avancées non anticipées.

Côté délais, 75 % des projets auraient été finalisés dans les temps. Le quart restant aurait pris du retard le plus souvent à cause de problèmes de qualité de données.

L’importance de l’humain sous-estimé dans les projets

Malgré tout, les projets ERP restent complexes. Et leurs bénéfices ne sont pas toujours au rendez-vous. Des gains de productivité sont fréquemment obtenus, mais la suppression des silos organisationnels resterait souvent hors de portée.

En cause, selon le rapport, une sous-estimation du besoin d’accompagnement humain.

Moins d’un tiers des entreprises investirait par exemple sérieusement dans la gestion du changement. Or le cabinet de conseil rappelle qu’une formation ponctuelle ne suffit pas à transformer les habitudes de travail.

« D’après notre expérience, un focus très important mis sur l’accompagnement au changement est un minimum indispensable pour contrer l’inévitable résistance des employés lorsqu’on leur demande d’abandonner les processus qu’ils connaissent », avance Panorama Consulting. « C’est encore plus vrai dans les petites organisations ».

En tout état de cause, « si une organisation néglige l’importance [de cette gestion humaine], elle risque d’avoir du mal à obtenir un changement de comportement durable au-delà des sessions de formation initiale », avertit le cabinet de conseils.

Les ERP concernés par les projets étudiés

Panorama Research catégorise les ERP en 4 groupes (des « Tiers »).

  • Tier I (pour les entreprises avec un revenu annuel de plus de 750 millions de dollars) : SAP S/4HANA, Oracle Fusion Cloud ERP, et Infor CloudSuite.
  • Upper Tier II (pour les PME et ETI avec un revenu annuel de 250 millions à 750 millions de dollars) : Microsoft Dynamics 365 Finance, IFS Cloud, Sage X3, Epicor Kinetic, DELMIAworks, et Microsoft Dynamics 365 Supply Chain Management.
  • Lower Tier II (pour les PME avec un revenu annuel de 10 millions à 250 millions de dollars) : NetSuite ERP, SYSPRO, Acumatica, et Rootstock.
  • Tier III regroupe des centaines de fournisseurs qui ciblent de plus petites organisations, avec des solutions de niche. Panorama cite par exemple Aptean, ECI, et ASC.

    Pour approfondir sur ERP (PGI)