Rawpixel - Fotolia

Platform Engineering : le Français Cycloid lève 5 millions d’euros

L’acteur, fondé en 2015, gagne en traction auprès des grandes entreprises. Cycloid espère convaincre plus largement les DSI en Europe du Nord et du Sud, ainsi qu’aux États-Unis. Pour cela, il combine la collaboration autour du DevOps, FinOps et Green IT.

Cycloid a annoncé une levée de fonds de 5 millions d’euros. En 2019, la startup avait annoncé une collecte de 3 millions d’euros. En 2022, elle revendiquait une centaine de clients. Aujourd’hui, Cycloid dit avoir convaincu plus de 150 clients, dont Siemens, Pernod Ricard, Warner Bros. ou encore CMA CGM.

La levée de 5 millions est menée par Réflexion Capital, un fonds d’investissement parisien, accompagné par cinq « business angels français ».

« Nous avons de plus en plus d’institutions publiques et gouvernementales européennes qui viennent nous voir. Faire entrer un acteur américain au capital aujourd’hui reviendrait à se tirer une balle dans le pied », estime Benjamin Brial, PDG et fondateur de Cycloid.

Le montant peut paraître faible, mais l’éditeur spécialiste du platform engineering est en quête du bon dimensionnement.

Bon dimensionnement des outils DevOps et des infrastructures d’abord. La startup française s’appuie sur plusieurs briques open source afin de fournir un portail développeur « self-service ». La solution vise à gérer les infrastructures sous-jacentes et les routines d’automatisation tout en facilitant le déploiement des applications dans une approche GitOps.

Déploiement d’instances, gestion de pipelines CI/CD, templates de service, schéma d’architectures, inventaire des providers Terraform, etc. Tout a le droit à une interface dans la plateforme à déployer sur site ou dans le cloud.

FinOps et Green IT font bon ménage

À cela, Cycloid a ajouté depuis 2022 des éléments FinOps, en vue de suivre la consommation des ressources par les applications et tenter de maîtriser les factures cloud. L’éditeur a intégré des modules de gestion et d’estimation des coûts.

Une approche qu’il combine avec une vision « GreenOps », saluée par Gartner en septembre 2024. De fait, le module « Cloud Carbon Footprint » doit permettre d’estimer l’empreinte carbone des déploiements et de combiner le tout avec les données financières.

Un sacerdoce pour Cycloid qui entend obtenir le label B corp, lui permettant d’afficher son statut d’entreprise à mission.

Cet argumentaire fonctionne davantage auprès des clients européens de l’entreprise.

« 60 % de nos clients et de nos leads sont américains. Ceux-là sont principalement intéressés par le platform engineering », déclare Benjamin Brial.

Ces acteurs-là seraient à la recherche de la meilleure équation économique possible.

« Ce sont les mêmes défis qu’il y a deux ans. La modernisation et la gestion des infrastructures impliquent de travailler sur la culture, de s’entourer des bons profils et de disposer des outils adéquats », constate Benjamin Brial. « Certaines entreprises ont tenté de développer en interne ou à l’aide de prestataires une plateforme d’ingénierie. Le State of DevOps report 2024 de Google Cloud démontre qu’au-delà de trois ans avec une vingtaine de personnes dédiées à plein temps, la valeur ajoutée est discutable », poursuit-il. « C’est d’autant plus vrai dans un contexte économique en récession et face aux budgets de plus en plus contraints ».

« De plus en plus de sociétés nous sollicitent dans une stratégie globale. Au-delà de moderniser les infrastructures cloud et hybrides, elles cherchent des composantes Green IT. Elles souhaitent consommer moins et mieux ».
Benjamin BrialPDG et fondateur, Cycloid

L’activité de Cycloid a été également portée par les hausses tarifaires opérées par Broadcom concernant les produits VMware. « Ces clients sont conscients qu’ils ne pourront pas changer d’infrastructure du jour au lendemain, mais cherchent à être moins dépendants de VMware », note Benjamin Brial. « Un portail unifié qui permet de gérer différentes technologies, dont VMware, Kubernetes et autres, et qui, de surcroît, offre une expérience homogène pour les développeurs, les ingénieurs et les non-experts apparaît essentiel », argumente-t-il.

Au-delà du fait d’encourager la collaboration entre les développeurs et les Ops, d’autres entreprises auraient une vision à plus long terme.

« De plus en plus de sociétés nous sollicitent dans une stratégie globale. Au-delà de moderniser les infrastructures cloud et hybrides, elles cherchent des composantes Green IT. Elles souhaitent consommer moins et mieux ».

Cycloid cible principalement les grandes entreprises avec des enjeux DevOps, multicloud, FinOps et de transformation IT. Les intégrateurs et fournisseurs de services managés ainsi que les scale-ups sont d’autres prospects récurrents pour la société française.

Une « double stratégie » ambitieuse

Cycloid entend donc développer une « double stratégie ». La première consiste à développer l’activité en Europe du Nord et du Sud. « Nous avons déjà recruté des commerciaux parce qu’il s’agit de marchés importants », estime Benjamin Brial.

Pour ce faire, Cycloid compte s’appuyer, entre autres, sur des partenaires intégrateurs et fournisseurs de services managés, dont Accenture, Capgemini, Orange Business, Sopra Steria ou encore comme des distributeurs, dont Arrow.

« Le marché des services est particulièrement développé en Europe, contrairement aux États-Unis », note Benjamin Brial.

La seconde stratégie consiste en un « démarrage lent » aux États-Unis, en engageant 5 à 10 personnes. « Il s’agit d’accompagner les clients existants et de traiter les demandes entrantes », déroule le dirigeant. « Personnellement, je ne suis pas friand des stratégies de croissance à tout prix consistant à recruter un maximum de commerciaux pour que, finalement, un petit nombre d’entre eux réalisent les objectifs attendus ».

Ce recrutement s’accompagnera d’un effort marketing, particulièrement aux États-Unis. L’objectif de Cycloid est ambitieux : passer de 70 clients outre-Atlantique à plus de 300 dans quelques années.  

« Notre objectif à horizon trois ans est d’atteindre entre 150 et 200 employés », ajoute Benjamin Brial. « Nous restons dans une dynamique progressive, sans chercher à vendre une croissance verticale aux investisseurs ».  

« Actuellement, nous entrons dans une nouvelle phase d’investissement après avoir atteint la rentabilité », poursuit-il. « L’enjeu est de retrouver un équilibre financier, avant de repartir sur une trajectoire de croissance maîtrisée ».

Cycloid attend que la GenAI gagne en sobriété

En parallèle, la startup poursuivra les développements de son produit. La priorité est de développer des plugins afin de mieux s’intégrer avec les back-ends existants, les SI « personnalisés » et améliorer la collecte d’information en provenance des services d’infrastructure.

L’autre volet technique, à plus long terme, serait d’intégrer des modèles d’IA spécialisés dans les métiers ciblés par Cycloid, moins gourmands en ressource. Ce n’est pas pour tout de suite.

« Pour l’instant, nous avons choisi de ne pas suivre la tendance alors même que nous avions pleinement la légitimité et l’expérience pour le faire », assure le fondateur. « Notre priorité est de répondre à des besoins concrets tout en restant fidèles à notre mission de promotion de la sobriété numérique. Or dans l’état actuel, les grands modèles de langage ne sont pas compatibles avec cette exigence de sobriété ».

Pour approfondir sur DevOps et Agilité