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Meta signe pour alimenter un de ses datacenters au nucléaire

Le géant d’Internet a trouvé l’opportunité de se fournir en électricité auprès d’une centrale déjà construite à côté de son datacenter de l’Illinois. Pour lui, il s’agit moins d’énergie propre que d’une source d’énergie tout court, dans un pays où la pénurie guette.

Meta, la maison mère de Facebook, a signé un contrat de 20 ans avec l’américain Constellation Energy pour que son datacenter de l’Illinois, sorti de terre en 2020, soit alimenté en énergie nucléaire.

L'accord avec Constellation débutera en 2027. Meta avait lancé en décembre un appel d'offres pour de l'énergie nucléaire afin de répondre à ses besoins croissants en électricité. Il vient d’indiquer dans un billet de blog avoir reçu plus de 50 propositions d'exploitants de centrales nucléaires dans plus de vingt États.

« Garantir une énergie propre et fiable est nécessaire pour continuer à faire progresser nos ambitions en matière d'IA », déclare Urvi Parekh, responsable de l'énergie au niveau mondial chez Meta, dans un communiqué.

Selon Statista, la consommation mondiale d'électricité de Meta a absorbé plus de 15 térawattheures en 2023, soit une augmentation de 33 % par rapport à l'année précédente. Le développement de ses grands modèles de langage Llama aurait consommé à lui seul 2,6 gigawattheures d'électricité et émis 1 000 tonnes de dioxyde de carbone. L'entreprise a pour objectif d'utiliser l'énergie nucléaire pour une consommation annuelle allant jusqu'à 4 gigawatts.

Les hyperscalers, dont Meta, Microsoft (Azure), Google (GCP) et Amazon (AWS), s'efforcent de répondre à la demande sans précédent des entreprises en matière d'IA, stimulée par le succès du ChatGPT d'OpenAI depuis 2023.

« Grâce à ces projets, nous visons à activer l'investissement dans le nucléaire à travers de multiples réseaux et technologies, en semant une nouvelle énergie fiable pour soutenir les futurs centres de données », indique le billet de blog. « Nos investissements dans l'énergie nucléaire garantissent que nous disposerons de l'infrastructure énergétique robuste nécessaire pour alimenter les innovations en matière d'intelligence artificielle. Celles-ci devraient stimuler la croissance économique. »

Les détails financiers du contrat passé entre Meta et Constellation n'ont pas été divulgués.

Aux USA, l’intérêt est plus dans la centrale que dans le nucléaire

On notera que si Meta progresse dans son engagement en faveur des énergies renouvelables, le géant ne parvient pas à se débarrasser totalement des énergies émettrices de carbone. Son centre de données prévu en Louisiane - un projet de 10 milliards de dollars qui sera son plus grand datacenter – sera alimenté par trois turbines à gaz naturel, construites pour l’occasion.

Et pour cause. Aux USA, le prix de l’énergie nucléaire est peu compétitif par rapport aux énergies fossiles, du fait du coût plus élevé de construire une centrale atomique, un chantier dont se charge le secteur privé. D’ailleurs, l’avantage d’une centrale nucléaire n’est pas d’émettre peu de carbone, mais seulement d’être une centrale qui produit un réservoir d’énergie sur un territoire qui en manque de plus en plus.

« Il n'y a pas assez d'énergie aux USA pour faire fonctionner tous les centres de données dont les projets d’IA ont besoin », estime l’analyste Bob Johnson, de Gartner. « Mon opinion d’Américain est que les avantages environnementaux sont un plus, mais le véritable intérêt ici est que Meta a trouvé un moyen créatif d'obtenir suffisamment d'énergie pour son centre de données de l’Illinois, sans avoir à se préoccuper de la construction d'une nouvelle centrale électrique. »

« Le meilleur moyen d'obtenir de l'énergie à l'heure actuelle aux USA est le gaz naturel », insiste-t-il. « Donc, ici, l'intérêt d’un centre de données dépend de la proximité d’une ligne de gaz naturel, qui garantit qu’il souffrira moins d’une pénurie d’énergie et que ses coûts électriques resteront modérés. »

Il ajoute que la demande de centres de données est actuellement écrasante en raison de l’explosion des projets d’entraînement de modèles d'IA. « La fourniture d’énergie pourrait être incapable de suivre le rythme au cours des dix ou vingt prochaines années. »

La centrale nucléaire qu’utilisera Meta est appelée Clinton Clean Energy Center. Elle devait initialement fermer ses portes en 2017, après des années de pertes financières. Elle avait néanmoins été maintenue à flot grâce à un crédit d’impôt décidé par l’Illinois pour les programmes énergétiques zéro -carbone sur son sol. Pour autant, ce crédit doit s’arrêter en 2027. Constellation se félicite que le contrat passé avec Meta garantisse le maintien de la centrale en opération sans le soutien des contribuables.

Google a également dévoilé son intention de financer trois nouveaux projets nucléaires pour répondre à ses besoins en matière de calcul. L'année dernière, Microsoft a annoncé un projet de réouverture de la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie, également détenue par Constellation Energy, pour répondre à ses besoins croissants en matière d'intelligence artificielle. Et Amazon envisage de construire de petits réacteurs nucléaires modulaires.

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