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RH et intelligence artificielle : l’usage se diffuse, pas la confiance (étude)

Selon le baromètre annuel de l’éditeur français Kelio et OpinionWay, l’usage de l’IA a triplé en un an dans les services RH. Mais la prudence reste de mise chez des professionnels qui pointent des enjeux de confidentialité et de fiabilité.

L’intelligence artificielle (IA) progresse dans les services des ressources humaines (RH), mais sans emporter une adhésion totale. C’est ce que révèle la seconde édition du baromètre réalisé par OpinionWay pour l’éditeur de SIRH et de gestion de la paie Kelio, filiale du groupe Bodet basé à Cholet. L’étude, menée auprès de 301 responsables RH, montre une nette accélération de l’usage au quotidien : 28 % des professionnels interrogés disent utiliser l’IA dans leur activité en 2025, contre seulement 9 % en 2024 (+19 points).

Cette progression concerne toutes les tailles d’entreprise, mais elle serait plus marquée dans les structures de taille intermédiaire (34 %).

Parallèlement, la part de professionnels RH ouvertement réfractaires à l’usage de l’IA chuterait de 16 points en un an, bien qu’ils restent encore majoritaires (60 %).

Des outils perçus comme utiles, mais encore peu fiables

C’est d’ailleurs là le paradoxe. Si l’IA séduit de plus en plus les départements RH, la confiance qu’elle inspire demeure fragile.

Moins d’un professionnel sur deux (46 %) affirme lui faire confiance pour produire un travail de qualité. Ce taux reste stable par rapport à 2024… mais les jugements négatifs se durcissent : 27 % des sondés disent ne pas faire du tout confiance à l’IA, soit 7 points de plus qu’un an plus tôt.

Selon Kelio, cette prudence refléterait la prise conscience des risques liés à la responsabilité juridique, à la protection des données et aux dérives potentielles de certaines applications (hallucinations, etc.). Le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles sont cités comme le principal défi par 41 % des RH (+3 points).

« [Les professionnels RH] sont des garde-fous essentiels contre des dérives technologiques qui pourraient impacter l’humain ou engager la responsabilité juridique des organisations », souligne Eric Ruty, directeur général de Kelio. « Leur méfiance est donc légitime vis-à-vis d’outils qui doivent encore faire la preuve de leur valeur ajoutée et de leur fiabilité. », concède-t-il.

Des freins qui s’estompent

Malgré cette vigilance, plusieurs obstacles à l’adoption des outils d’IA tendraient à reculer. En un an, la proportion de RH qui mentionnent l’incompatibilité avec les procédures de l’entreprise est passée de 41 % à 31 % ; celle pointant le manque de formation de 32 % à 25 % ; et celle indiquant la résistance des collaborateurs de 29 % à 14 %.

Quant à l’avenir plus ou moins proche, la moitié des professionnels RH estimerait que l’IA sera une véritable « révolution ». Les avis sont cependant assez tranchés. Quasiment la même proportion (41 %) préfère parler d’une « évolution sans rupture ».

Restent 12 % de sceptiques qui considèrent les fonctionnalités infusées à l’IA comme de simples gadgets – à l’image, selon eux, de certains buzz passés comme le métavers.

Mais pour l’écrasante majorité des RH donc (et peu importe les réticences), l’IA est un élément avec lequel il faut compter. L’intégration de l’IA serait d’ailleurs un critère de plus en plus regardé lors de l’achat de nouveaux logiciels RH. 55 % des responsables considèrent qu’elle constitue un atout appréciable, et parmi eux 6 % la jugent même incontournable.

Chez les utilisateurs d’IA, cette perception grimperait même à 82 %. Et si les utilisateurs veulent, l’Histoire montre que, souvent, les acheteurs suivent.

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