RH : la dématérialisation s’impose, l’IA s’installe

La fonction Ressource Humaine poursuit sa mutation numérique. Trois études confirment l’ancrage de la dématérialisation et l’adoption progressive de l’intelligence artificielle, tout en pointant des résistances qui restent à lever.

La transformation numérique de la fonction RH semble s’accélérer, sous les effets du cloud, de la dématérialisation et de l’intelligence artificielle. C’est ce que montrent trois études publiées respectivement par Digiposte (service de Docaposte, filiale de La Poste), Neobrain (éditeur d’IA pour les RH) et Cegid.

Selon le baromètre Digiposte, 63 % des salariés recevraient aujourd’hui leurs bulletins de paie au format numérique, contre 42 % en 2020. Cette progression, relativement rapide, est en grande partie portée par les coffres-forts numériques. Ces espaces de partage sécurisés seraient plébiscités par 7 salariés sur 10.

À noter que si l’adoption est la plus forte dans les grandes entreprises, elle concerne également aujourd’hui toutes les tailles d’entreprises, jusqu’aux TPE où l’usage du coffre-fort numérique pour les bulletins de paie est passé de 14 % à 34 % en cinq ans.

La tendance est encore plus profonde. Toujours d’après le baromètre de Digiposte, les salariés manifesteraient un intérêt de plus en plus fort pour la dématérialisation d’autres documents RH, en premier lieu pour les contrats de travail (57 %), les documents de formation (52 %) et les conventions collectives (51 %). Près des trois quarts d’entre eux souhaiteraient également pouvoir signer électroniquement via leur coffre-fort numérique.

Des résistances à lever

Cette adoption n’empêche cependant pas certaines réserves. « Plus de 8 salariés sur 10 se disent préoccupés par les risques associés à ces pratiques, en particulier l’utilisation frauduleuse (41 %) et le vol de données personnelles (29 %) », note Digiposte.

Prêchant pour sa paroisse, la filiale du cloud souverain de la Poste souligne fortement que l’hébergement des données en France ou en Europe est une exigence pour 72 % des répondants.

De manière plus structurelle, la résistance au changement reste forte (47 %), tout comme le manque de confiance dans les outils digitaux (31 %). La pédagogie et l’accompagnement restent donc des leviers essentiels.

Autre préoccupation, une part significative des salariés ignore ce qu’il advient de leurs documents RH en cas de départ de l’entreprise. Il est donc crucial de rappeler que le coffre-fort numérique est un outil personnel, que le salarié conserve indépendamment de son employeur.

L’IA gagne du terrain

En parallèle, l’intelligence artificielle s’immisce de plus en plus dans les pratiques des DRH.

D’après une étude conjointe de Cegid et IDC, 35 % des services RH auraient déjà recours à des outils d’IA générative, principalement pour gérer des tâches ponctuelles. Ce chiffre est corroboré par Neobrain, selon qui plus de 70 % des DRH disent constater une intensification de l’usage quotidien de l’IA.

Les usages RH de l’IA se concentrent aujourd’hui sur des quelques cas très concrets, en appui des employés : aide au recrutement (61 % envisageraient son utilisation pour la notation des CV), automatisation de résumés de tests ou d’évaluations (58 %), ou encore intégration de chatbots RH (46 %) – chiffre Cegid.

Mais ce sont les usages à forte dimension humaine qui dominent dans les priorités, comme la formation (78 %) ou le développement professionnel. « Ils surpassent le recrutement et le staffing », insiste Neobrain.

Garder l’humain au cœur des RH

Suivant cette tendance, les entreprises investiraient dans des applications cloud, optimisées avec de l’IA, et cherchent à améliorer l’expérience collaborateur. Cegid avance par exemple que 42 % des organisations auraient placé cette amélioration comme une de leurs priorités RH en 2025.

Mais cette transformation numérique ne pourra pas se faire sans garde-fous. D’après l’étude de Neobrain, 75 à 82 % des collaborateurs (DRH comprise) souhaitent que les décisions sensibles, comme l’embauche, restent prises par des humains.

Les professionnels RH se montrent également très vigilants (voire méfiants) sur les biais algorithmiques, les enjeux réglementaires et les impacts éthiques.

Enfin, les domaines comme la rétention des talents, l’engagement ou la diversité restent peu investis par les technologies d’IA. Moins d’un DRH sur cinq y verrait une opportunité de transformation, constate Neobrain.

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