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Les développeurs perdent confiance dans les résultats de la GenAI (étude)
Selon la grande étude annuelle de Stack Overflow, si les développeurs reconnaissent que la GenAI leur fait gagner du temps, leur taux de confiance dans les résultats générés est en baisse. En outre, ils ne sont pas prêts à déléguer certaines tâches critiques.
Dans son « Developer Survey » édition 2025, Stack Overflow observe l’adoption des technologies et les pratiques des développeurs.
Entre le 29 mai et le 23 juin 2025, le propriétaire du fameux forum a reçu plus de 49 000 réponses en provenance de 166 pays. Environ 15 000 de ces retours n’ont pas été utilisés.
L’occasion, cette année, d’interroger les développeurs sur leur adoption de l’IA, un volet somme toute récent dans l’enquête. Cette année, 84 % des membres du panel disent recourir à des outils propulsés à l’IA au cours de leur processus de développement, contre 76 % l’année dernière.
Un peu plus de 52 % des sondés perçoivent un effet positif de l’IA sur leur productivité. Ce sentiment est partagé par les ingénieurs contactés par Atlassian. En revanche, des chercheurs du METR (Model Evaluation and Threat Research) ont conclu que ce ressenti ne se vérifiait pas dans les faits, plus spécifiquement quand les outils d’IA sont dans les mains de programmeurs expérimentés.
La moitié (50,6 %) des 26 000 développeurs professionnels interrogés par Stack Overflow les manieraient quotidiennement, quand la proportion de réfractaires (n’en utilisent pas et ne veulent pas en utiliser) tombe à 14,7 %. Sans trop de surprise, les profils plus seniors sont légèrement plus hostiles aux outils d’IA ou les adoptent plus lentement.
En revanche, les professionnels attestent d’un sentiment plus favorable à l’égard des outils IA (60 %) que les néophytes (53 %). Pour autant, tous profils confondus, ce sentiment positif a baissé de dix points par rapport à l’année dernière (70 % en 2024, contre 60 % en 2025).
Selon Stack Overflow, ce phénomène s’explique par le déclin du niveau de confiance dans les résultats de la GenAI.
Une perte de confiance dans les outils d’IA
« Le manque de confiance croissant envers les outils d’IA nous a frappés comme étant le point clé de l’enquête de cette année, en particulier compte tenu de l’accélération de leur adoption », déclare Prashanth Chandrasekar, PDG de Stack Overflow, dans un communiqué de presse.
Pour information, Microsoft a rapporté lors du bilan du quatrième trimestriel fiscal 2025 que GitHub Copilot compte plus de 20 millions d’utilisateurs, en hausse de 5 millions par rapport au T3 2025.
« L’IA est un outil puissant, mais elle comporte des risques importants de désinformation ou peut manquer de complexité ou de pertinence », ajoute le dirigeant de Stack Overflow.
Selon le rapport, 46 % des sondés ne font pas confiance dans les résultats des assistants IA de programmation. 33 % expriment avoir partiellement confiance et seulement 3 % des développeurs ont un niveau de confiance élevé dans les contenus générés.
Dans un même temps, la portion des personnes interrogées persuadées que les outils d’IA ont du mal à gérer les tâches complexes a baissé de 6 % (35 % en 2024 contre 29 % en 2025). Les fournisseurs de LLM auraient encore beaucoup de travail. Seulement 3,9 % des développeurs professionnels affirment que ces services s’adaptent très bien aux tâches complexes, quand 25 % pensent qu’ils sont bons, mais loin d’être parfaits.
La plus grande frustration des développeurs (exprimée par 66 % d’entre eux) provient de solutions générées par l’IA « qui sont presque bonnes, mais pas tout à fait », suivies par le fait de devoir « débugger du code généré par l’IA [ce qui] est plus chronophage » (45 %).
Les développeurs veulent garder la main pour les tâches de mise en production et d’organisation
Quand les développeurs n’ont aucun problème à manipuler les assistants pour chercher des réponses à leurs questions, produire des données synthétiques et de la documentation ou encore apprendre de nouveaux concepts (quatre aspects déjà très appréciés, d’après Stack Overflow), ils ne sont pas prêts à confier à l’IA le déploiement et la supervision (75,8 %) de leurs applications, la planification de projets (69,2 %), les analyses prédictives (65,6 %) et, dans une moindre mesure la publication et la revue de code (58,7 %).
Il faut dire que la majorité des sondés – tout âge confondu – (72 %) ne pratique pas le vibe coding. Tout comme la moitié des développeurs (52 %) n’utilisent pas les agents IA de programmation. Pas moins de 38 % d’entre eux déclarent même qu’ils ne prévoient pas de les adopter.
À noter que les développeurs, qui communiquent sur les outils IA qu’ils utilisent (8 323 personnes), s’appuient massivement sur ChatGPT (81 %), GitHub Copilot (67,9 %), puis dans une moindre mesure Google Gemini (47,4 %), Claude Code (40,8 %), Microsoft Copilot (31,3 %) et Perplexity (16,2 %). Malheureusement, le sondage n’étudie pas le phénomène du Shadow AI.
Des agents IA peu propices à la collaboration
84 % des 12 300 répondants qui emploieraient déjà un agent IA (31 % du total de la population) au travail le manipuleraient pour des tâches de génie logiciel, loin devant l’analytique (24,9 %) et les opérations IT (18 %).
Si les gains de productivité observés sont similaires aux assistants de programmation, les agents IA ne favoriseraient pas la collaboration entre les membres des équipes.
« Environ 70 % des utilisateurs d’agents s’accordent à dire que les agents ont réduit le temps consacré à des tâches de développement spécifiques, et 69 % reconnaissent qu’ils ont augmenté la productivité », lit-on dans le rapport. « Seuls 17 % des utilisateurs s’accordent à dire que les agents ont amélioré la collaboration au sein de leur équipe, ce qui en fait l’impact le moins bien noté, et de loin ».
En dépit de cette frilosité pour l’IA agentique et certaines inquiétudes en matière de sécurité exprimées dans l’enquête annuelle, malgré les articles affirmant que l’IA va les remplacer, 64 % des sondés ne perçoivent pas l’IA comme une menace pour leur emploi, contre 68 % en 2024.
À l’avenir si les outils d’IA s’occupent de la majorité des tâches de programmation, les développeurs assurent qu’ils continueront de demander de l’aide à leurs pairs quand ils n’ont pas confiance dans les réponses de l’IA (75,8 %), quand ils ont un enjeu d’éthique ou de sécurité (61,7 %) ou lorsqu’ils veulent comprendre réellement le code (61,3 %). En clair, les ingénieurs se placent comme les « arbitres de la qualité et de l’exactitude du code », en conclut Stack Overflow.