KLM

Air France-KLM embarque ses bots RPA vers l’IA

Le groupe aérien compte sur l’intelligence artificielle pour faire évoluer ses bots RPA et aller plus loin dans l’automatisation – qui lui aurait déjà fait gagner plus de 200 000 heures de travail l’année passée.

Air France-KLM veut franchir une nouvelle étape dans sa stratégie d’automatisation. Après avoir déployé environ 170 bots de RPA (automatisation robotisée des processus) capables d’exécuter des tâches simples et structurées, le groupe aérien ambitionne désormais d’y ajouter une dose d’intelligence artificielle. En clair : leur permettre de prendre des décisions et de fonctionner sans supervision humaine, grâce à l’IA agentique.

Les bots RPA du groupe auraient déjà permis de gagner 200 000 heures de travail l’année dernière. Mais ils restent aujourd’hui cantonnés à des scénarios préétablis, avec un humain « dans la boucle ».

« Dès qu’une situation n’est pas prévue, le bot envoie un email à un employé pour qu’il prenne le relais », explique Babar Khan, responsable du centre d’excellence en automatisation chez KLM.

Des bots qui prendront des décisions eux-mêmes

Avec l’IA agentique – un mélange de grands modèles de langage (LLM) et d’outils tiers –, les bots ne se contenteront plus d’exécuter des règles. Ils pourront analyser des données non structurées, prendre des décisions, voire corriger eux-mêmes leurs erreurs. « Cela permet de franchir un vrai cap dans l’automatisation », se réjouit déjà Babar Khan.

Le groupe aérien commencera à tester ces agents au début de l’année 2026, une fois que la migration vers le cloud – indispensable pour activer cette nouvelle génération d’IA via la plateforme de son prestataire UiPath – sera achevée.

L’automatisation s’est imposée progressivement

L’histoire de la RPA chez Air France-KLM a démarré en 2016 dans la finance, avec une équipe de quatre personnes et une dizaine de bots. « À l’origine, on voyait surtout la RPA comme une solution pour ces processus comptables. Mais on a vite compris que son potentiel allait bien au-delà », se souvient Babar Khan.

Rapidement, des bots ont été développés pour les RH, puis dans d’autres départements métiers. En 2018, un centre d’excellence a été créé pour structurer l’approche de manière transverse.

Aujourd’hui, douze personnes travaillent à temps plein sur ces sujets, avec pour objectif de transformer l’automatisation en service mutualisé pour toute l’entreprise.

Des bots déjà ancrés dans le quotidien

Dans les ressources humaines, un bot nommé « Homer » serait devenu un outil clé.

Ce bot génère automatiquement des attestations pour les salariés, utiles notamment pour des dossiers de crédit immobilier. « Il faut vérifier beaucoup d’informations pour créer ce type de document », justifie Babar Khan. Homer permettrait d’économiser, à lui seul, 31 heures administratives chaque mois. Les bots RH, dans leur ensemble, auraient permis d’en gagner plus de 2 400 par an.

Un autre bot, Casper, contrôle les expéditions dans le département cargo, avec un gain estimé cette fois à plus de 1 000 heures par an.

Un troisième, utilisé pour la transmission d’informations entre les analystes de vol et le service de préparation des vols, économiserait à lui seul 13 000 heures sur 12 mois.

Un enjeu d’adoption, pas seulement technologique

Ces chiffres sont impressionnants sur le papier. Mais encore fallait-il que les métiers s’emparent des outils. Une tâche qui n’a pas de fin.

« Il faut encore évangéliser, aller sur le terrain, vendre la RPA », insiste Babar Khan. Il arrive par exemple que des collaborateurs s’inquiètent de voir leur emploi remplacé par des bots.

Pour lever les freins, l’équipe explique chaque démarche en détail, associe les équipes métiers aux projets et insiste sur le rôle de « compléments » des bots.

Cette dimension d’accompagnement du changement sera encore plus critique avec l’atterrissage prévu des agents IA dans l’automatisation d’Air France-KLM.

Et aussi sur l’IT d’Air France-KLM

Système de gestion des ventes : Air France-KLM lance un chantier IT de plusieurs années

Le groupe aérien s’engage dans une transformation de grande ampleur de ses systèmes de vente pour aller vers le « One Order ». Elle s’appuiera sur une plateforme d’Amadeus. Cette refonte vise à simplifier l’expérience client et à adopter les standards récents promus par IATA.

Service client : les bons conseils d’Air France-KLM pour faire décoller un projet d’IA

Dans le cadre d’une stratégie « premium », la SVP Customer Service d’Air France-KLM, Stéphanie Charlaix-Meyer, partage ses bonnes pratiques pour faire décoller plusieurs projets d’IA dans le service client et les mener à bon port. Toujours en « augmentant » les conseillers au contact avec les clients, pas pour les remplacer.

Pour approfondir sur BPM et RPA