IA agentique : Oracle suit sa feuille de route… les clients moins ?
Après le CX, les agents IA arrivent dans les briques RH et HCM d’Oracle Fusion, tenant ainsi les promesses de l’éditeur du début d’année. Mais il n’est pas sûr que les entreprises soient déjà prêtes pour cette technologie d’automatisation.
C’était une promesse. En début d’année, Oracle avait annoncé l’arrivée d’une myriade d’agents IA dans ses solutions métiers. En ce mois d’octobre, Oracle tient parole. D’abord dans le CX/CRM, et aujourd’hui dans le SIRH et la gestion de la chaîne logistique (SCM).
Ces trois domaines métiers étaient ceux évoqués en février par Chris Leone, vice-président exécutif du développement d’applications chez Oracle
« Les responsables RH comme ceux de la supply chain ont besoin de technologies qui rationalisent les processus manuels et améliorent la performance », vante Chris Leone.
Les agents IA d’Oracle fonctionnent sur sa propre infrastructure (OCI). Ils sont préconfigurés avec des standards de sécurité avancés, assure Oracle. Et ils sont conçus pour s’intégrer nativement aux workflows de Fusion Cloud, sans coût supplémentaire.
Des agents pour les RH
Dans le domaine des ressources humaines, Oracle a donc introduit treize agents pour automatiser la gestion des talents, la planification des entretiens, la mobilité interne ou encore la paie.
Le Job Discovery Agent, par exemple, suggère des postes internes adaptés au profil d’un collaborateur. Le Talent Advisor Agent aide quant à lui les managers à planifier les évolutions de carrière. D’autres agents comme Employee Concierge ou Payroll Run Analyst facilitent les demandes administratives et la détection d’anomalies de paie.
Et des agents pour la chaîne logistique
Du côté de la supply chain, les nouveaux agents présentés lors d’Oracle AI World, le 27 octobre 2025, visent à couvrir l’ensemble du cycle logistique : planification, achats, maintenance, production et gestion des commandes.
Un Planning Advisor for Exceptions permet par exemple d’analyser les alertes de planification, tandis qu’un autre « advisor » (Product 360 Advisor) évalue la disponibilité des produits sur différents sites.
D’autres agents, comme Maintenance Work Order Builder ou le Fulfillment Processing Assistant automatisent la création d’ordres de travail ou la préparation d’expéditions urgentes.
Ces agents peuvent être personnalisés via la plateforme AI Agent Studio for Fusion Applications, qui permet aussi d’en créer ou d’en tester de nouveaux.
L’objectif d’Oracle – comme celui de ses concurrents SAP, IFS ou Infor – est clairement de favoriser une automatisation de bout en bout, que ce soit pour réduire les interventions manuelles ou pour accélérer la prise de décision.
Des clients pas forcément encore prêts
Mais les clients sont-ils prêts ? Pas sûr.
« C’est un grand saut psychologique de confier un pilotage à un agent à la place de 10 humains », constatait Mark Moffat, CEO d’IFS dans un échange avec LeMagIT lors de son passage à Paris en juin. « La raison pour laquelle certains clients ne [les] prennent pas, c’est qu’ils ne sont pas prêts mentalement, du point de vue du changement ».
Dans l’univers d’Oracle, les choses seraient très similaires. Les clients d’Oracle seraient généralement en retard par rapport aux annonces en matière d’innovation, constate Brian Sommer, président du cabinet d’études TechVentive, interrogé par SearchERP (publication sœur du MagIT).
Pour l’analyste, il ne s’agit pas d’une critique, mais plutôt de la conséquence logique de la dette technique à laquelle la plupart des entreprises sont confrontées, quand elles veulent consolider leurs données. Or cette consolidation est une condition préalable à la concrétisation de la valeur de l’IA.
Beaucoup n’auraient par ailleurs pas encore trouvé où mettre en place l’approche « humain dans la boucle » dans leurs processus métiers, même si ceux-ci sont de plus en plus axés sur l’IA. « Je ne suis tout simplement pas sûr que tous les clients en soient là », insiste Brian Sommer.
Un autre objectif à plus long terme des éditeurs, avec la pure GenAI cette fois, est de rendre l’ERP plus ergonomique et plus intuitif (« user frendly ») en ouvrant la voie à des interactions en langage naturel.
