Sauvegarde : pour sa version 13, Veeam démultiplie les améliorations
La dernière version de la suite de sauvegarde comprend près de 200 améliorations, disséminées dans tous ses modules. On note le support d’un maximum d’hyperviseurs, des appliances et des interfaces qui réduisent la dépendance à Windows et plus de cybersécurité.
Vingt-neuf pages A4, dont trois de sommaire. C’est la taille du document texte, sans aucune image, que l’éditeur Veeam a fait parvenir à la presse pour synthétiser les près de 180 fonctions inédites qu’apporte la dernière version de sa plateforme de sauvegarde, Veeam Data Platform. Il s’agit de la version 13. L’éditeur, pas peu fier d’une telle profusion de nouveautés, glisse aux journalistes que 13 est le numéro de la chance.
Avec une carrière qui remonte à 2008, la solution de Veeam a écumé pratiquement toutes les exceptions techniques de l’informatique. Elle sauvegarde les machines physiques, les machines virtuelles qui tournent sur des machines physiques, les bases de données qui s’exécutent sur ces machines et aussi les données utilisateurs enfouies au fin fond des applications SaaS. Elle protège tous ces éléments, qu’ils fonctionnent sur site ou dans un cloud. Et elle stocke aussi ses sauvegardes sur site, comme en cloud.
Les possibilités sont devenues si nombreuses que, forcément, les améliorer un peu toutes à chaque version démultiplie les nouveautés.
Compatible avec plus d’hyperviseurs
L’une des manières de progresser de Veeam est le support de nouvelles variantes. Il en va par exemple ainsi de la virtualisation. Veeam a bâti son succès sur sa capacité à sauvegarder les clusters de VMware, de loin numéro 1 dans le domaine. L’hégémonie de VMware étant remise en cause depuis qu’il a été racheté par Broadcom et que ses tarifs ont explosé, une myriade d’alternatives se sont fait connaître sur le marché. De version en version, Veeam va toutes les supporter.
La version 13 devient ainsi compatible avec l’hyperviseur HyperCore de Scale Computing, avec XCP-ng du français Vates, avec XenServer de Citrix et avec Morpheus, alias VM Essentials, de HPE. Attention : à l’heure où nous écrivons ces lignes, la sauvegarde des trois derniers est juste promise pour une disponibilité dans les semaines à venir.
Veeam supportait déjà de sauvegarder Nutanix et KVM de Linux. Mais à l’instar de ce qu’il a déjà proposé pour Proxmox (une solution de virtualisation basée sur KVM), l’éditeur va aussi publier courant 2026 une version plus spécifiquement adaptée à OpenShift Virtualization de Red Hat.
« OpenShift Virtualization est une virtualisation KVM qui a la particularité de passer par-dessus l’orchestrateur Kubernetes via le module KubeVirt. Nous allons prendre en compte cette particularité et travailler à une meilleure intégration des fonctions de sauvegarde de Veeam dans l’interface d’OpenShift », explique Christophe Fontaine, le directeur technique de Veeam pour la région EMEA. Il précise que ce support ne remplacera pas la sauvegarde des containers Kubernetes eux-mêmes, une fonction qui n’est pas proposée dans la Data Platform de Veeam, mais que l’éditeur propose via un produit dédié : Kasten.
« Oui, notre objectif est bien de supporter le plus grand nombre de plateformes de virtualisation, mais sachant qu’il en sort régulièrement de nouvelles et qu’il en existe aussi sur des marchés de niche – par exemple pour les machines-outils dans les usines – nous allons changer d’approche en 2026. Plutôt que développer nous-mêmes un pilote par hyperviseur, nous allons proposer une API universelle sur laquelle les solutions de virtualisation n’auront qu’à se brancher afin de nous confier la sauvegarde de leurs machines virtuelles », ajoute-t-il.
Des améliorations dans tous les modules
Dans son catalogue, Veeam décline sa Data Platform en une multitude de licences, de produits et d’extensions pour que les entreprises puissent n’acheter que les fonctions qui les intéressent. Par exemple, Veeam Backup & Replication, avec sa console Windows dédiée, suffit pour sauvegarder des données sur site, vers une baie de sauvegarde sur site.
La version 13 apporte le support des protocoles NVMe-oF pour des transferts de données plus rapides entre les baies de disques qui stockent les données sources et celles qui stockent les sauvegardes. Celles d’IBM, de Dell et de HPE sont nativement supportées et une nouvelle API est censée permettre aux autres constructeurs d’en faire eux-mêmes autant. Les baies secondaires qui se spécialisent dans le stockage des sauvegardes – ExaGrid, Dell Data Domain, HPE StoreOnce... – bénéficient toutes du support de leurs dernières fonctions. La V13 supporte même déjà les bandes LTO10 (30 To par cartouche).
Selon les spécificités de ce qu’il faut sauvegarder – serveurs Linux, bases de données SAP… –, il faudra jongler avec les tarifs des revendeurs pour savoir s’il est plus économique d’acheter telle option ou prendre tel niveau supplémentaire de licence. Mais toutes bénéficient à présent de la possibilité d’être chiffrées à la source et d’être sauvegardées sur un stockage en mode objet, plus économique.
On prendra aussi éventuellement l’option Veeam Vault pour avoir une copie de cette sauvegarde stockée en cloud, à l’abri des malwares qui peuvent attaquer le réseau local de l’entreprise cliente. Cette option ne fonctionnait a priori que sur Azure et AWS. Il devient possible de stocker des sauvegardes immuables sur GCP.
De là, il était déjà possible de restaurer les sauvegardes vers des VM en cloud (payables à part), pour reprendre l’activité le temps de réparer les serveurs sur site qui auraient été victimes d’une cyberattaque. La nouveauté est que Veeam configure à présent les VM restaurées sur AWS EC2 avec les adresses IP d’origine, ce qu’il ne savait faire que sur Azure.
Il existe désormais une fonction tout automatisée pour restaurer en moins de cinq minutes toute sauvegarde vers une VM Azure. Elle sert principalement à tester dans une salle blanche que ces sauvegardes ne restaurent pas des données corrompues. Une fois les données restaurées sur Azure, il est trivial de les passer au déminage via un service comme Microsoft Defender.
Veeam Data Cloud, lui, est une console SaaS qui sert de point d’entrée pour sauvegarder les données qui se trouvent en cloud. Outre celles stockées dans les services IaaS de base d’Azure, ou d’AWS, ou de GCP, l’interface propose en option de sauvegarder les données de Microsoft 365, celles de son annuaire Entra ID, celles de Salesforces.
Moins de Windows
La version 13 apporte à la partie Veeam Backup & Replication une nouvelle console web, similaire à celle de Veeam Data Cloud. Outre unifier l’expérience des administrateurs, quelles que soient les sauvegardes qu’ils ont à faire, cette console web permet surtout de ne plus avoir besoin de maintenir une machine Windows sur le réseau uniquement pour les opérations de pilotage.
À noter que le logiciel serveur de Veeam Backup & Replication, qui démarre les sauvegardes sur les serveurs sources (soit via API, soit via des agents), les enregistre vers des disques et supervise l’ensemble des flux depuis sa base de données, fonctionne toujours, lui, depuis une machine Windows.
Cependant, Veeam propose depuis un certain une machine virtuelle autonome, la Veeam Software Appliance (VSA), qui n’a pas besoin d’installation sur une machine Windows, repose sur un Linux minimaliste, se pilote, elle aussi, via la console web et gère elle-même les disques qui stockent les sauvegardes, pour peu que VSA soit installée sur un serveur physique rempli de disques.
La nouveauté de cette Software Appliance en version 13 est qu’elle supporte désormais un mode haute disponibilité : le nouveau mode Veeam Infrastructure Appliance (VIA) correspond au fonctionnement concerté de toute une flotte de VSA. Les appliances peuvent se répartir la charge, ou les fonctions. Par exemple une VSA peut ne servir qu’à gérer le stockage des sauvegardes immuables. Dans ce cas, elle prend le nom de Veeam Hardened Repository Appliance.
Plus de surveillance de la cybersécurité avec Coveware
Au-dessus de Veeam Backup & Replication et de Veeam Data Cloud, Veeam Data Platform apporte des fonctions de monitoring, d’analyse des flux et d’orchestration des restaurations. Le plus grand apport de la version 13 dans cette partie est l’intégration des logiciels de sécurité hérités du rachat de Coveware, rebaptisés ici Veeam Recon Scanner 3.0.
Véritable agent de surveillance des cyberattaques, Veeam Recon Scanner signale les événements suspects que les agents Veeam ont repérés sur les machines sources. Il les transmet au module Veeam ONE Threat Center qui les présente dans des tableaux de bord de sécurité, et les corrèle avec d’autres informations de sécurité, typiquement issues de Microsoft Sentinel, en vue d’aider les administrateurs à déminer leurs données avant de les sauvegarder.
En plus de Coveware, la version 13 bénéficie d’une IA interne qui, elle, détecte les activités suspectes et les malwares du côté des sauvegardes.
Toujours au chapitre de la sécurité, Veeam Data Platform 13 permet désormais aux administrateurs de s’authentifier via un SSO (un outil externe pour s’identifier sur toutes les ressources d’une entreprise à la fois) compatible avec le langage SAML. Enfin, les sauvegardes sont désormais stockées en mode immuable par défaut.
« Il faut cocher une option pour enlever ce mode, alors qu’il fallait auparavant la cocher pour le mettre. Nous nous sommes rendu compte que nombre d’utilisateurs l’auraient cochée s’ils n’avaient pas oublié. Donc nous l’activons par défaut », précise Christophe Fontaine.
