La conférence annuelle de l’éditeur no 1 des sauvegardes a levé le voile sur les améliorations de la prochaine solution Veeam Data Platform 13 et sur les nouveaux services en ligne labélisés Veeam Data Cloud.
Veeam Data Platform (VDP) 13, la solution globale qui embarque le logiciel de sauvegarde Veeam Backup & Recovery (VBR) 13 avec ses options, sera publiée à la rentrée prochaine. Mais son éditeur vient d’en dévoiler les principales fonctionnalités, à l’occasion de la conférence VeeamON annuelle qui avait lieu cette semaine à San Diego.
Parmi les nouveautés, un détail purement technique n’attirera sans doute pas beaucoup l’attention des entreprises, alors qu’il est capital pour la stabilité et les performances du produit. Le serveur VBR ne fonctionnera plus sur une machine Windows, mais Linux. Cela présente deux avantages. D’une part, il sera 50 % plus rapide, car le Linux en question – baptisé « Just enough OS » (JeOS) – est débarrassé de toutes les fonctions qui n’ont rien à faire dans une solution de sauvegarde.
D’autre part, cela va automatiquement mettre à l’abri le serveur de la majorité des malwares qui attaquent les systèmes Windows. En 2021, LeMagIT avait ainsi rapporté la cyberattaque subie par l’éditeur Manutan et lors de laquelle les logiciels de Veeam avaient correctement mis à l’abri les données de l’entreprise. Mais comme le Windows sur lequel ils fonctionnaient avait lui-même été attaqué, la restauration avait été entravée. Depuis, Veeam a multiplié les fonctions pour que cela n’arrive plus. Le fait d’exécuter ses logiciels depuis Linux est une solution radicale.
Un autre point intéressant de cette version fonctionnant sous Linux est que Veeam va pouvoir la proposer sous la forme d’une appliance logicielle, facilement embarquable dans une solution de stockage. C’est ce que s’est empressé de faire Scality avec son système de stockage objet Artesca dédié aux sauvegardes. L’éditeur propose à présent un bundle Artesca+ qui s’installe avec l’appliance logicielle de Veeam et qui intègre, dans son interface d’administration, toutes les commandes de VBR.
Synchroniser les serveurs, les restaurer en cinq minutes…
Toujours concernant Linux, les serveurs fonctionnant sous ce système seront enfin protégés par l’outil Continous Data Protection (CDP), présent dans la suite VDP 13. L’outil sera d’ailleurs renommé « Universal CDP » pour signifier qu’il n’est plus limité à la protection des serveurs Windows. CDP est un logiciel destiné à répliquer le plus rapidement possible – Veeam parle de « presque synchrone » – toute modification d’un serveur en production vers un autre serveur, idéalement situé ailleurs.
Le logiciel de base VBR sait depuis longtemps sauvegarder les serveurs et les machines virtuelles fonctionnant sous Linux. Mais ce n’était pas encore le cas de cette fonctionnalité qui déploie ailleurs une copie des machines prête à l’emploi. Ces copies prennent la relève en cas de cyberattaque, sans le délai nécessaire à VBR pour restaurer ses sauvegardes.
En parlant de restauration. Veeam Vault, la fonctionnalité de VDP qui stocke une copie immuable des sauvegardes locales dans le cloud Azure, sera désormais capable de restaurer en moins de cinq minutes des serveurs Windows ou Linux vers des machines virtuelles exécutées dans le même Azure.
Connecter les sauvegardes aux IA génératives
« Notre console de supervision des sauvegardes VeeamONE est capable de classifier ces données, par exemple pour éviter de livrer des informations sensibles aux IA. »
Christophe FontaineDirecteur technique, région Europe du Sud & Afrique, Veeam
Une autre nouvelle fonction particulièrement intéressante est le support du protocole MCP (Model Context Protocol) d’Anthropic. En substance, ce protocole doit permettre à n’importe quelle IA générative compatible avec lui de puiser dans les sauvegardes des connaissances supplémentaires qui enrichiront les réflexions de leur LLM.
« Il s’agit ni plus ni moins que de pouvoir faire du RAG à partir des sauvegardes. Cela est d’autant plus utile que les sauvegardes contiennent toutes les données de l’entreprise, y compris celles qui ne sont plus en production. De plus, notre console de supervision des sauvegardes VeeamONE est capable de classifier ces données, par exemple pour éviter de livrer des informations sensibles aux IA », explique Christophe Fontaine, directeur technique pour la région Europe du Sud & Afrique chez Veeam.
A priori, la version 13 de VDP ne proposera qu’une API pour le protocole MCP, en sus de la classification des données. Veeam ne se prononce pas en revanche sur la conversion et le stockage des sauvegardes dans un format vectoriel compréhensible par des LLM. Ces étapes nécessiteront de la puissance de calcul et des baies de disques supplémentaires.
Veeam dispose déjà dans l’interface VeeamONE d’un chatbot capable de dresser des rapports sur l’état des sauvegardes, d’après une demande formulée en langage courant. Ce chatbot est en mesure de fouiller plus ou moins en profondeur pour identifier la nature des données sauvegardées et découvrir, principalement, s’il s’agit d’informations sensibles ou si elles sont infectées par un malware.
La profondeur à laquelle peut descendre ce chatbot dépend du prix payé par l’utilisateur. Rappelons que VDP est une suite logicielle qui fonctionne sur site, mais qui est facturée par abonnement mensuel, avec plusieurs formules (Foundation, Advanced, Premium...) plus ou moins riches en fonctions. A priori, la classification ne sera accessible qu’aux clients de la version Premium.
Veeam Data Cloud, l’autre grande offre de Veeam
À ce stade, il n’est pas très clair de savoir si le support du protocole MCP arrivera directement dans VDP 13 à sa sortie, ou s’il sera dans un premier temps uniquement disponible sur Veeam Data Cloud (VDC), nom global des services de Veeam en cloud et qui s’enrichit aussi en nouvelles fonctions.
VDC est une version de VBR qui fonctionne depuis le cloud d’Azure, pour sauvegarder ce qui fonctionne dans le cloud Azure, vers des espaces de stockage du cloud Azure. La principale différence avec les produits de Veeam qui fonctionnent sur site est que l’éditeur se charge lui-même de connecter les services à sauvegarder, de stocker les sauvegardes et de mettre à jour les logiciels. Un client du logiciel VBR ou de la suite complète VDP doit fournir sa propre baie de stockage sur site ou indiquer l’adresse d’un service de stockage en cloud auquel il est abonné par ailleurs.
Si VDC comprend les fonctions de base de VBR pour sauvegarder les machines virtuelles Windows ou Linux, ses capacités supplémentaires diffèrent de celles de la suite VDP sur site. On y trouve principalement la possibilité de sauvegarder les données et les configurations d’Office 365 comme des applications SaaS qui fonctionnent depuis Azure. À cela s’ajoutent désormais les sauvegardes d’Entra ID – l’annuaire des identifiants qui remplace Active Directory – et les déploiements Salesforce.
Vault, l’option de sauvegardes immuables qu’offrait déjà VDP, fait aussi son arrivée dans VDC, avec la même possibilité de restauration des VM Windows ou Linux en moins de cinq minutes.
Une forte proximité entre Veeam et Microsoft
Il faudra attendre 2026 pour voir arriver dans VDC toutes les fonctions de VDP, dont CDP. Ces versions en ligne des options disponibles sur site seront regroupées dans un service a priori baptisé « VDP on VDC ». C’est également courant 2026 que VDP prendra en charge les sauvegardes de Microsoft Planner et des clusters Kubernetes. Concernant ce dernier, il ne s’agira ni plus ni moins que d’une version en ligne de Kasten, le logiciel de Veeam dédié à la sauvegarde des containers.
Notons enfin que VBR et VDP savent tout à fait exporter leurs sauvegardes vers autre chose que le cloud de Microsoft. Le fait que VDC, en revanche, fonctionne exclusivement sur Azure est symptomatique du rapprochement entre les deux éditeurs.
VDC est né du besoin de sauvegarder les données de Microsoft 365, ce qui s’était initialement traduit par un produit dédié, Veeam Backup for Microsoft 365 (VBM), en 2022. Selon Veeam, le succès colossal de ce service (plus de 23 millions d’utilisateurs s’en servent aujourd’hui) l’a incité à développer des offres dans la galaxie des services en ligne de Microsoft. En février dernier, d’ailleurs, Microsoft annonçait entrer au capital de Veeam, pour un montant non dévoilé.
À date, Veeam dit avoir plus de 550 000 clients, qui lui ont encore rapporté un chiffre d’affaires annuel de 1,75 milliard de dollars. Il est l’éditeur numéro 1 de la sauvegarde globale, de la sauvegarde de Microsoft 365 et de la sauvegarde des clusters Kubernetes, selon IDC et Gartner.