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Le « petit OVH suisse » sort un ChatGPT souverain grâce à l’open weight
Infomaniak lance Euria, un assistant IA fondé sur des modèles open weight et hébergé en Suisse. L’entreprise met en avant une souveraineté complète des données, une empreinte environnementale réduite et une conformité adaptée aux secteurs sensibles.
« Euria ». C’est le nom que Infomaniak, le cloud suisse qui proposait déjà aux développeurs des services d’IA et d’infrastructures dédiées à l’entraînement de modèles, a choisi pour son concurrent souverain à ChatGPT.
Une IA générative souveraine
Cet assistant est disponible en ligne et sur mobile. Il sera également intégré à la suite bureautique kSuite.
L’outil (modèles et données) est entièrement hébergé dans les data centers suisses de l’entreprise, dont un au minimum est à Genève, sans recours à des prestataires externes ni transfert de données hors du territoire.
Toujours dans une optique d’IA responsable et souveraine, Infomaniak dit maîtriser l’impact environnemental de son service.
« Nous avons choisi les modèles pour offrir un niveau de performance très proche des meilleures IA du marché, tout en réduisant l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. », assure Marc Oehler, le CEO d’Infomaniak.
Et une IA qui chauffe des maisons
La chaleur générée par l’IA dans le datacenter est par ailleurs transformée en chaleur, puis réinjectée dans le réseau de chauffage urbain de Genève, vante le responsable.
Infomaniak, qui dit par ailleurs n’utiliser que des énergies renouvelables, estime que ce dispositif permettrait d’éviter la combustion d’environ 3 600 tonnes de CO₂ par an. Pour Boris Siegenthaler, fondateur d’Infomaniak, « Euria démontre qu’une IA peut être puissante tout en étant plus soutenable pour la planète ».
Côté sécurité, les interactions avec Euria sont chiffrées. Quant aux données des utilisateurs, elles ne peuvent être exploitées que pour le fonctionnement du service. « Aucune information n’est exploitée pour entraîner des modèles, établir des profils ou alimenter des systèmes tiers », insiste le cloudiste.
Résultat, Euria est nativement conforme au RGPD et à la Loi suisse sur la protection des données (LPD).
« Euria a été conçue pour que la confidentialité soit une réalité, pas une promesse marketing », renchérit Marc Oehler.
Sur le plan technique, Euria repose sur plusieurs modèles d’IA open weights – qui ne sont pas précisés.
Un assistant à la ChatGPT
Euria reprend les usages désormais standards des assistants IA : requêtes textuelles ou vocales, recherche et analyse d’informations, résumés de documents, transcription audio, interprétation d’images ou de captures d’écran.
L’outil décide automatiquement si une requête nécessite une recherche en ligne, afin de réduire sa consommation énergétique et d’accélérer le temps de réponse.
Cette liste de fonctionnalités devrait rapidement s’élargir. Infomaniak annonce que les prochaines évolutions concerneront la génération d’images, la création d’agents autonomes, une mémoire organisationnelle ou, donc, l’intégration à kSuite.
Fort de son identité suisse, Infomaniak a été fondée en 1994 et se positionne depuis comme un acteur du numérique souverain qui cible prioritairement les PME et les organisations publiques, mais ne se donne « pas de limite au nombre d’utilisateurs ».
Le fournisseur revendique parmi ses clients des noms comme la Radiotélévision belge (RTBF), les Nations Unies, et « plusieurs banques centrales » (sic).
Reste à savoir si cette alternative arrivera à se faire une place face aux rouleaux compresseurs américains et chinois. Un défi qui, sur ce point, le met aux côtés du Chat de Mistral, seule véritable alternative européenne jusqu’ici à ChatGPT, Claude ou Perplexity.
