Salesforce et Informatica tracent les grandes lignes de leur feuille de route commune
Lors d’un point presse, les responsables de Salesforce et Informatica ont détaillé leur plan d’intégration. Pour alimenter les agents IA en contexte, le géant du CRM rassemble IDMC, MuleSoft et Data Cloud sous la même marque ombrelle : Data 360. En revanche, peu de détails ont filtré concernant le sort des clients existants d’Informatica. Le groupe entend que le nouveau venu soit rentable d’ici à un an.
« Nous allons être la Suisse de la gestion de données et de l’IA ». Krish Vitaldevera, Chief Product Officer chez Informatica, l’affirme haut et fort : le rachat d’Informatica par Salesforce, désormais terminé, n’intime pas l’abandon du traitement des données tierces. « Salesforce et Informatica comptent déjà des milliers de clients communs qui ont réussi à utiliser la combinaison de produits pour nettoyer, connecter et gérer les données Salesforce et non Salesforce avant de les introduire dans leurs systèmes pour transformer les données en résultats », vante-t-il, lors d’un point presse.
Ça, c’est le statu quo. À cela s’ajoute, comme l’avait justifié Salesforce lors de l’annonce du rachat, le passage à l’IA agentique. « Aujourd’hui, les modèles d’IA sont incroyablement intelligents, mais ils ont tendance à être stupides en entreprise », lâche Rahul Auradkar, vice-président directeur Data 360 et AI Foundations chez Salesforce. « Ce que les agents d’IA voient, ce sont des fragments, qu’il s’agisse d’un lot dans une usine, d’une commande dans l’e-commerce, ou d’un ticket dans l’assistance, mais il leur manque la vision globale », constate-t-il. « C’est là que le contexte devient la nouvelle devise ».
Au nom de l’ingénierie du contexte, Salesforce réunit (sans les fusionner) sa CDP, Informatica et MuleSoft
Pour apporter ce contexte aux agents IA, Salesforce entend combiner Informatica, MuleSoft et sa Customer Data Platform (CDP). D’où le renommage temporaire de Data Cloud (ex-Genie) en Data 360. Oui, la CDP de Salesforce redevient officiellement… une CDP. Data 360 n’est pour l’instant qu’une marque ombrelle pour signifier le rapprochement des trois plateformes. Salesforce, MuleSoft et Informatica existent aussi dans des mondes séparés.
Un rapprochement qui se fera par étape. D’abord, il s’agit d’intégrer le MDM d’Informatica avec la CDP. « Salesforce crée un “golden record” pour les clients », avance Rahul Auradkar. « Informatica apporte la gestion des données de référence pour le reste des objets de l’entreprise, tels que les produits, les fournisseurs, les actifs, etc. Cela permet de créer un vocabulaire de données partagé et de s’assurer que les applications et les agents d’intelligence artificielle le comprennent ».
Salesforce se présente comme le « client zéro » de cette intégration. « Nous avons combiné Data 360, MuleSoft et le MDM d’Informatica pour rationaliser des informations auparavant présentes dans plusieurs orgs Salesforce et plusieurs systèmes tiers », affirme le responsable. « Nous avons réduit de 98 % les ajustements de taxes dans nos flux de travail internes et de 20 % les comptes en double ».
Dans ce contexte, le géant du CRM et le spécialiste de l’intégration commenceront par simplifier les flux de données qui transiteront entre leurs deux plateformes. Un travail qui sera visible au cours du premier trimestre 2026. Il s’agit par ailleurs d’exploiter les outils de mise en qualité de données d’Informatica pour vérifier les objets Salesforce enrichis à l’aide des fonctions d’ETL inversé (Reverse ETL). « Nous établirons des flux de données transparents », promet Rahul Auradkar.
Ensuite, Salesforce entend intégrer son propre modèle de métadonnées avec le Data Catalog d’Informatica. L’objectif affiché est d’obtenir une seule vue des données structurées, non structurées, qu’elles soient stockées sur site ou dans le cloud, dans des bases de données, des lacs ou des entrepôts de données. « C’est ce qui nous donnera une traçabilité des données, de leur création à leur consommation », avance Rahul Auradkar. Ce contexte pourra là aussi alimenter les agents IA.
Dans les deux cas, l’éditeur promet des interactions Zero Copy entre sa CDP et les produits d’Informatica, mais aussi avec Snowflake, Google BigQuery, Amazon Redshift, S3, ou encore Databricks.
IPaas² : une clarification des rôles de MuleSoft et d’Informatica
Les dirigeants profitent de cette présentation formelle pour préciser les rôles des deux iPaaS de la galaxie Salesforce. Et là, c’est très clair. Informatica intégrera les données des entreprises dans les services Salesforce. Avec MuleSoft connectera les applications aux agents IA. « MuleSoft fournit les signaux opérationnels en temps réel tels que les variations de stock, les retards d’expédition et les exceptions de commande qui permettent à l’IA de déclencher les actions appropriées », indique Rahul Auradkar. En clair, les solutions EDI du spécialiste de la gestion des API ne sont pas près de disparaître.
Ces agents pourront être développés dans Agentforce, associés aux « Clouds » Salesforce, mais aussi avec le framework Agent Fabric. Cela le rend interopérable avec les autres plateformes de développement d’agents IA.
Selon Krish Vitaldevara, les agents IA dédiés à l’intégration, à la qualité, à la découverte de données et au MDM fournis dans la version en date d’IDMC pourront être intégrés avec ceux de Salesforce. Il mentionne ici les agents IA pour la segmentation et l’harmonisation des données client créés par le géant du CRM. Côté client et métier, ces LLM outillés, potentiellement dopés au contexte de l’entreprise, seront accessibles depuis Slack, des canaux de ventes numériques et ChatGPT.
Pas de hausse de prix mentionnée, mais Informatica doit être rentable d’ici à un an
Voilà pour la vision détaillée. Dans un même temps, comme par le passé, Informatica et MuleSoft semblent conserver une forme d’indépendance dans le giron Salesforce. Or, lors de ce point presse, les porte-parole de Salesforce et d’Informatica n’ont pas répondu aux questions concernant le sort des existants. La majorité des clients d’Informatica n’ont pas migré (ou pas totalement) vers la plateforme cloud IDMC. Enfin, Salesforce n’a pas encore dévoilé si le rachat impliquait des changements tarifaires. Il faut les anticiper au vu des ambitions du groupe américain. « Informatica renforce notre fondation de données et sera rentable dans les 12 mois », a indiqué Robin Washington, présidente et directrice des opérations et des finances chez Salesforce, lors de la présentation du troisième trimestre fiscal 2026, effectuée le 3 décembre dernier.
Pour l’heure, le géant du CRM anticipe « une contribution d’environ 80 points de base de la part d’Informatica » à son chiffre d’affaires, soit 8 % à 9 % de croissance d’ici à la fin de l’année. La réunion d’Informatica, de Data 360 et de MuleSoft devrait représenter « 10 milliards de dollars », selon Marc Benioff, PDG de Salesforce.
Pour information, dans ses fichiers comptables, la société basée à San Francisco dit avoir acquis Informatica pour 9,6 milliards de dollars, et non 8. Salesforce prévoit d’engranger 41,45 à 41,55 milliards de dollars. Le groupe avait terminé son année fiscale 2025 avec 37,9 milliards de dollars de revenus.
