2121fisher - Fotolia

Pourquoi Intel va supprimer 12 000 emplois

Le n°1 mondial des semi-conducteurs va réduire ses effectifs de plus de 10% officiellement pour faire face à l'érosion du marché des PC. Mais c'est vraisemblablement son incapacité à concurrencer efficacement ARM sur le marché des mobiles et de l'IoT qu'Intel paie aujourd'hui.

Intel a annoncé hier son intention de licencier 12 000 de ses 112 000 salariés d’ici à la mi-2017, une restructuration massive justifiée selon la firme par sa transformation en cours d’un fabricant de puces pour PC en un spécialiste des processeurs pour le cloud et l’internet des objets.

Ironiquement, les résultats du dernier trimestre d’Intel ne reflètent pas vraiment une crise imminente. Au cours du premier trimestre calendaire, le n° 1 mondial des semi-conducteurs a réalisé un chiffre d’affaires de 13,7 milliards de dollars, en hausse de 7% et un bénéfice net de 2 milliards de dollars, en hausse de 3%.

La crise du PC ne suffit pas à justifier 12 000 licenciements

Certes le monde du PC est en crise. Intel a ainsi vu ses livraisons de puces pour PC et tablettes reculer de 15% au premier trimestre. Mais ce chiffre est à prendre avec une très grosse pincée de sel. Les revenus du groupe Client Computing d’Intel ont en effet progressé de 2% du fait de la hausse des prix de vente moyens de 19%. Pire, ce ne sont pas vraiment les PC et les ordinateurs portables qui tirent les ventes vers le bas. Selon Intel, ses livraisons de puces pour PC de bureau n’ont reculé que de 4% en volume tandis que celles pour PC portable ne reculaient que de 2%. Ce sont en fait les livraisons de puces pour tablettes qui se sont effondrées de 44%. De fait, Intel a longtemps subventionné ses puces Atom pour tablettes afin de tenter d’enrayer la pénétration d’ARM sur le marché. Cette stratégie ruineuse lui a fait perdre des milliards de dollars et ne s’est pas vraiment traduite par un décollage des puces Intel sur le marché des périphériques mobiles.

La restructuration annoncée est donc difficilement justifiable par le seul déclin du marché des PC (le CEO d’Intel table sur une baisse de 5% des ventes de PC en 2016). Une partie des 12 000 licenciements est sans doute le fruit de rationnalisations liées à l’acquisition d’Altera. Mais le plus gros des suppressions de postes est peut-être aussi lié à la réorganisation finale de l’ex-division mobile d’Intel, fusionnée fin 2014 au sein du Client Computing Group. Car c’est cette division qui a largement échoué dans sa mission de contrer l’écosystème ARM dans le monde des mobiles et accessoirement dans le monde de l’embarqué et de l’IoT. D’ailleurs, le nouveau groupe IoT d’Intel a beau afficher une belle croissance, Intel reste un nain dans le monde des puces pour l’embarqué, l’automobile et les équipements connectés où ARM règne en maitre. Et Intel a du pain sur la planche s’il veut jouer un rôle important dans ce domaine.

Intel reste dominateur sur le marché des datacenters

Il est en revanche un secteur sur lequel Intel règne en maitre, celui des puces pour serveurs et équipements de datacenter. Avec ses puces Xeon et leurs chipsets associés, avec ses FPGA (issus de l’acquisition d’Altera) et avec ses puces de communication, Intel dispose d’un impressionnant portefeuille de technologies qui lui permet de dominer le marché des serveurs et de se développer sur ceux du stockage et des réseaux. Sur ces secteurs, AMD est désormais inexistant et Intel a pu impunément augmenter ses prix et donc ses marges , ce qui permet à la division Datacenter d’afficher des marges impressionnantes. Mais ces jeux tarifaires semblent avoir touché leurs limites. Si le groupe Data Center Group a vu ses revenus progresser de 9% sur un an, à 4 Md$, les prix moyens de ses puces ont reculé de 3% au premier trimestre. Et Intel fait désormais face à la menace d’une résurgence de l’écosystème POWER d’IBM et aux ambitions d’ARM sur le marché des puces pour équipements de datacenters.

Pour approfondir sur x86

Close