Air Canada

Chez Air Canada, les données pilotent le fret aérien

Les indicateurs fondés sur les données et l’intelligence artificielle aident Air Canada à trouver une nouvelle voie commerciale pour développer son activité de fret en pleine pandémie.

Un Boeing 777-300R peut transporter 21 000 kilogrammes de fret en plus des passagers et des bagages. La Covid-19 a gravement touchĂ© l’industrie du voyage et, comme toutes les compagnies aĂ©riennes, Air Canada a vu le nombre de passagers s’effondrer au cours de la pandĂ©mie. Mais elle a rĂ©ussi Ă  rĂ©orienter ses activitĂ©s pour transporter davantage de marchandises pendant le pire moment de la crise, en supprimant des sièges dans les avions de ligne pour faire plus d’espace. Lorsque la compagnie a interrompu ses vols commerciaux, son activitĂ© de fret s’est intensifiĂ©e.

Dans les derniers rĂ©sultats financiers d’Air Canada, les revenus du transport de passagers pour les six premiers mois de 2021 s’élevaient Ă  821 millions de dollars canadiens (521,6 millions d’euros), tandis que l’activitĂ© de fret a enregistrĂ© des revenus de 639 millions de dollars canadiens (444,7 millions d’euros), soit une augmentation de 53 %. Les indicateurs issus d’une stratĂ©gie data driven ont Ă©tĂ© clĂ© pour dĂ©velopper l’activitĂ© cargo d’Air Canada.

HervĂ© Riboulet est directeur principal de l’analytique, des perspectives stratĂ©giques et de la gestion des relations avec la clientèle (GRC – CRM) chez Air Canada. En 16 ans, il a occupĂ© plusieurs fonctions au sein de la compagnie aĂ©rienne, notamment la planification des revenus et le travail avec les Ă©quipes commerciales. Il y a six ans, HervĂ© Riboulet s’est spĂ©cialisĂ© dans le traitement des donnĂ©es pour aider l’entreprise Ă  adopter une stratĂ©gie centrĂ©e sur les donnĂ©es.

« Nous devions devenir data driven et j’ai dirigĂ© l’équipe de veille stratĂ©gique Â», explique HervĂ© Riboulet. Cette Ă©quipe Ă©tait chargĂ©e d’élaborer la stratĂ©gie d’Air Canada en matière de BI, couvrant le libre-service, l’automatisation et la formation, et encourageant les gens Ă  utiliser les donnĂ©es.

Au cours de la pandémie, Air Canada a retiré des sièges de ses avions pour transporter davantage de marchandises.

La stratégie de traitement de données de la compagnie aérienne s’appuie sur l’IA et les analyses en temps réel, en fournissant les bonnes données au bon moment pour éclairer la prise de décision. L’équipe responsable de ce programme a établi des feuilles de route pour soutenir l’entreprise, en lui fournissant les données dont elle a besoin par le biais d’analyses et d’aperçus.

Par exemple, au sein de la division Cargo, l’équipe data/BI a examiné le parcours client qui identifie les actions, qui, selon Riboulet, peuvent être utilisées pour augmenter les revenus de la compagnie. Une partie de ces initiatives a consisté à prévoir la capacité d’un avion, ce qui a aidé Air Canada à poursuivre ses activités de fret tout au long de la pandémie.

Le transport de marchandises, une activité axée sur les données

Une stratĂ©gie axĂ©e sur les donnĂ©es est souvent menĂ©e de haut en bas en tant qu’initiative de transformation, ainsi que de bas en haut pour identifier les « gains rapides Â» qui ont un avantage commercial immĂ©diat.

« Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, mon mandat consiste Ă  me concentrer sur les indicateurs clĂ©s et la liaison avec Salesforce Â», explique HervĂ© Riboulet. « Mais nous voulons aussi fournir des solutions tactiques pour l’entreprise. Il s’agit de projets Ă  plus petite Ă©chelle qui ont un impact sur l’activitĂ©. Â»

Dans le secteur du fret, il est utile de projeter les volumes en termes de kilogrammes de marchandises Ă  l’heure, ce qui permet de dĂ©duire une estimation de la main-d’œuvre nĂ©cessaire. « Dans notre entrepĂ´t de Toronto, nous traitons du fret et nous devons comprendre le nombre d’employĂ©s nĂ©cessaires en fonction de la quantitĂ© de marchandises entrantes, sur la base de donnĂ©es historiques Â», explique-t-il. « Il n’a pas fallu longtemps pour construire le modèle algorithmique. Nous utilisons ensuite des outils BI pour prĂ©senter les informations. Â»

Deux plateformes BI pour couvrir tous les besoins d’Air Canada

Concernant les donnĂ©es intĂ©grĂ©es au CRM Salesforce de la compagnie, HervĂ© Riboulet explique qu’il souhaite donner aux commerciaux les bonnes informations au bon moment. « Ils n’ont pas besoin de connaĂ®tre les 50 dernières expĂ©ditions. Ils doivent juste savoir lesquelles ont mal tournĂ© ou lesquelles offrent le plus d’opportunitĂ©s, sans avoir Ă  parcourir toutes les donnĂ©es Â», dĂ©clare-t-il.

Air Canada envisage d’utiliser les outils de gestion d’API de Mulesoft pour l’intégration, ainsi que Data Marketplace de Snowflake qui offre une place de marché pour permettre aux entreprises utilisant Snowflake de partager des données entre elles.

Pour la veille stratĂ©gique, la compagnie aĂ©rienne utilise depuis longtemps WebFocus de Tibco. Elle se sert Ă©galement de Microsoft Power BI. Si M. Riboulet recourt Ă  deux plateformes BI, c’est parce qu’« elles se complètent Â», chacune ayant des fonctions diffĂ©rentes qu’il juge utiles.

Par exemple, WebFocus offre Ă  Air Canada la possibilitĂ© d’envoyer des rapports par mail, une fonction qui n’est pas disponible dans Power BI. Selon HervĂ© Riboulet, cette capacitĂ© s’avère utile pour les personnes responsables des opĂ©rations, qui n’ont accès qu’à leur tĂ©lĂ©phone et ont besoin de voir des rapports intĂ©grĂ©s. L’équipe data a Ă©galement remarquĂ© que de nombreux utilisateurs professionnels ont besoin de jeux de donnĂ©es et d’attributs similaires, qui peuvent ĂŞtre rassemblĂ©s dans des rapports préétablis.

L’entreprise exploite aussi la fonction de grille de données (data grid) de WebFocus, pour agréger les données en facilitant la personnalisation de ces regroupements et leur export vers Microsoft Excel. De plus, elle a déployé WebFocus Hyperstage, comme zone de transit pour les informations, afin d’éviter un accès direct à ses systèmes de base de données sur site.

Tous les jeux de données ne se valent pas

HervĂ© Riboulet considère les membres de cette Ă©quipe data chez Air Canada Cargo comme des consultants internes qui discutent des exigences en matière de donnĂ©es avec les mĂ©tiers. « Il est important de comprendre les objectifs de l’entreprise Â», dit-il. « Si nous identifions des lacunes, nous pouvons ajouter un autre champ ou, selon la nature du besoin, crĂ©er un nouveau rapport Â».

L'entité Cargo d'Air Canada s'appuie sur les données.

Pour soutenir sa nouvelle offre e-commerce, l’un des plus grands défis que l’équipe data a dû relever était de trouver le moyen d’intégrer les distributeurs qui ont besoin d’informations, telles que les mises à jour des expéditions et les dates de livraison pour leurs clients.

Pour autant, le responsable de l’analytique prĂ©cise que certains jeux de donnĂ©es n’apportent pas suffisamment de valeur pour justifier leur utilisation. Par exemple, il explique que les conditions mĂ©tĂ©orologiques sur un trajet donnĂ© peuvent allonger la durĂ©e de vol de 30 minutes. La question est de savoir s’il faut extraire ces donnĂ©es et quelle valeur supplĂ©mentaire cette variable procure. Si le modèle de donnĂ©es permettant d’estimer les dĂ©lais de livraison s’en trouve un peu amĂ©liorĂ©, il convient de dĂ©terminer si cette amĂ©lioration est marginale, compte tenu de tous les autres facteurs importants.

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