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Avec le cloud, TIBCO entend imbriquer ses solutions

TIBCO a tenu sa conférence utilisateur la semaine dernière. C’était l’occasion pour l’éditeur de présenter les dernières mises à jour des produits inclus dans les portfolios Connect, Unify et Predict. Si la majorité d’entre elles sont incrémentales, TIBCO entend unifier ses logiciels à bord d’une seule plateforme : TIBCO Cloud.

S’y retrouver dans le portfolio de TIBCO n’est pas chose aisée. L’éditeur tente de le rationaliser depuis quelques années à l’aide de grands piliers, Connect, Unify et Predict, mais les changements et les renommages sont récurrents. L’éditeur profite de sa conférence utilisateur pour faire une piqûre de rappel, en sus de présenter les nouveaux produits. « TIBCO Now est l’occasion de rappeler à nos clients ce que nous avons fait lors des douze derniers mois. Depuis deux ans et la présence de nos produits sur le cloud, nous effectuons plus d’une mise à jour majeure par an. Par exemple, TIBCO Cloud Integration est passé en version 3.0 au printemps », illustre Bruno Trimouille, Vice-président marketing chez TIBCO.

Cette année, c’est TIBCO Mashery, la solution de gestion d’API racheté à Intel en 2015 qui a le droit à un renommage. Cette fois-ci, le nom choisi ne fait pas de mystères : TIBCO Cloud Mashery devient TIBCO Cloud API Management. Pourquoi avoir pris cette décision ? Ce changement symboliserait « la concrétisation de la transition vers la plateforme TIBCO Cloud », déclare Bruno Trimouille.

TIBCO Cloud API Management demeure une version managée de Mashery sur la PaaS TIBCO Cloud qui bénéficie d’améliorations telles une révision de la gestion des pipelines ou encore un nouvel éditeur visuel pour concevoir et tester les API. Néanmoins, et comme souvent avec l’éditeur, quelques subtilités sont à prendre en compte. « Nous avons toujours une option hybride, mais le nom ne change pas, à la manière de TIBCO Cloud Integration qui a lui aussi des capacités on-premise », précise le vice-président marketing. En l’occurrence, la solution permet de déployer des runtimes API sur site et de les orchestrer depuis le cloud, à la manière de MuleSoft ou d’Axway.

TIBCO Cloud Messaging doit lui rassembler les capacités eFTL (basées sur Java Message Service), Apache Kafka et Pulsar. « Toutes les options de déploiements sont disponibles. Certains clients intègrent plusieurs de ces technologies comme Kafka et Pulsar. Nous avons beaucoup d’usage dans le monde industriel », assure Bruno Trimouille.

EBX change de moteur et les produits IBI intègrent le catalogue Unify

En ce qui concerne la gestion de données (ou Unify), l’éditeur a présenté TIBCO EBX 6,0 en mai 2021 qui a subi une refonte en profondeur. Les index in-memory « custom » d’EBX ont été remplacés par Apache Lucene, ce qui permet d’apporter une couche d’abstraction par-dessus un système de stockage persistant. Du même coup, la méthode d’indexation change, tout comme le profil des machines nécessaires au fonctionnement d’EBX. Alors qu’elles étaient sensibles à la quantité de mémoire vive, il faut désormais ajouter des espaces de stockage pour accueillir les index Lucene, plus volumineux.

 Les équipes de développement ont adapté Apache Calcite pour ses capacités d’optimisation des requêtes SQL. En clair, ce changement de moteur doit permettre de traiter de plus gros volumes de données, d’appliquer des recherches textuelles plus efficaces et même de réduire le temps de démarrage du serveur applicatif. À cette occasion, l’UI a également été revue. Selon la documentation de l’éditeur, il faudra d’abord migrer vers EBX 5.9 (si ce n’est pas déjà fait) avant de passer à la version 6.0.

TIBCO Data Virtualization gagne, lui, une nouvelle interface, une intégration avec la suite analytique Spotfire et avec le studio Data Science. « Depuis cet UI, il est possible d’explorer les data catalogs grâce à la virtualisation de données », explique Bruno Trimouille.

Mais l’annonce importante pour TIBCO dans ce catalogue Unify est l’intégration des produits d’IBI, racheté en octobre 2020. En l’occurrence, l’éditeur a présenté Data Quality ou TIBCO DQ, une famille de produits qui doit « améliorer les capacités existantes » de qualité de données. « C’est une brique générique qui peut être à la fois être utilisée en standalone ou couplée avec EBX », évoque le vice-président marketing. En réalité, il s’agit d’intégrer les capacités des produits OMNI d’IBI. Ceux-ci ont été expressément conçus pour intégrer, gouverner et nettoyer des données dans un MDM, comme OMNI-Gen. TIBCO veut notamment ajouter des algorithmes de machine learning pour « la détection, la surveillance de la qualité et la résolution des anomalies » dans les données.

ModelOps se fait attendre

Un autre produit en provenance d’IBI n’est autre que WebFocus, un outil pour concevoir des applications de data visualisation qui lui s’ajoute au portfolio Predict de TIBCO. Il bénéficie d’une capacité de déploiement conteneurisé, et d’une nouvelle interface qui permet d’accéder à toutes les fonctionnalités depuis une seule page Web. En outre, l’outil permet de réaliser des analyses prédictives en mode low-code/no-code, en ajoutant à la bibliothèque de modèles de régression des modèles de classification binaire (Random Forest, K-Nearest-Neighbors, régression logistique et Extreme Gradient Boosting) et un modèle de détection d’anomalies (Isolation Forest).

Spotfire a aussi le droit à quelques ajustements, par le biais de nouvelles librairies compatibles avec le framework Mods, un outil no-code pour développer des visualisations. Les Spotfire Data Functions sont littéralement des scripts R et Python permettant d’accéder à diverses capacités d’exploration, de préparation, de modélisation et de prédiction de données. Sur les 59 fonctions listées, 41 sont déjà disponibles. Certaines d’entre elles permettront d’appeler des services NLP ou de reconnaissance d’images sur Azure et AWS.

Évoqué plus haut, Data Science peut se connecter à davantage de sources de données, bénéficie d’une interopérabilité avec Spotfire, des capacités AutoML, ainsi qu’une intégration native avec les pipelines Apache Spark (depuis AWS et Cloudera) en sus d’une légère révision graphique.

TIBCO Streaming pourra bientôt analyser en continu et en temps réel les flux de données à l’aide d’algorithmes propriétaires regroupés sous l’appellation Dynamic Learning. À cela s’ajoutent des intégrations no-code avec Cloud Messaging et Data Virtualization.

S’il y a beaucoup d’ajustements, d’ajouts incrémentaux, TIBCO dévoile à peine les véritables nouveautés. « Derrière la scène, nous sommes en train de développer l’aspect ModelOps », indique Bruno Trimouille.

Ce produit dévoilé en mai n’est pas encore disponible, mais a atteint sa version 1.0 à la fin du mois d’août 2021. ModelOps est un « environnement de gestion et de notation des modèles prenant en charge le déploiement de pipelines d’apprentissage automatique, de modèles, ainsi que de sources et de puits de données ».

L’architecture en question repose sur Kubernetes et combine des dépôts Maven et Git avec des opérateurs Nexus et Tekton, deux systèmes de supervision (Prometheus et Grafana pour les métriques et Elasticsearch et Kibana pour les données), le tout piloté via des charts Helm. « L’utilisateur aura accès à une interface métier pour effectuer des déploiements en quelques clics », assure le VP marketing. « Sous le rideau, nous avons l’aspect de gestion et d’orchestration des modèles de machine learning. Vous pouvez créer des chaînes de décision avec des logiques opérationnelles ».

Si l’architecture sous-jacente semble complexe au premier coup d’œil, elle doit aussi supporter tous les usages liés aux produits TIBCO. Plus qu’un outil ModelOps, il s’agirait selon Bruno Trimouille d’un pipeline CI/CD prêt à l’emploi. « Nous avons environ une dizaine de clients qui utilisent ModelOps », ajoute-t-il. Ce sera encore une fois une brique standalone et l’éditeur envisagerait de le proposer sous un mode freemium.

« Je suis particulièrement enthousiasmé par les capacités de TIBCO ModelOps », déclare Mike Leone, analyste chez ESG, une division de TechTarget, également propriétaire du MagIT. « L’opérationnalisation de l’IA reste le plus grand défi pour les organisations dans leur quête pour tirer le meilleur parti de l’IA. »

 « J’attends [également] avec impatience l’intégration de Spotfire avec ModelOps, qui devrait mettre davantage de puissance prédictive à la portée des non-spécialistes des données », affirme de son côté Doug Henschen, analyste chez Constellation Research.

TIBCO pousse la notion de plateforme auprès de ses clients

De manière plus générale, TIBCO Cloud souhaite encourager les clients de l’entreprise à adopter plus d’un produit par catalogue. « Nous observons de plus en plus de clients utiliser plus d’une fonctionnalité par pilier comme Connect, mais aussi à travers les piliers. Par exemple, certains clients combinent la virtualisation de données à la visualisation de données. D’autres font de l’intégration et de l’API Management avec nos produits de data science », affirme Bruno Trimouille.

La plateforme est associée à des services permettant de garantir le respect des SLA, la gestion des KPI de l’architecture et d’autres fonctions d’administration.

« Une grande partie de la force de TIBCO est que l’entreprise dispose également de ses portefeuilles Connect et Unify. »
Doug HenschenAnalyste, Constellation Research

« Une grande partie de la force de TIBCO est que l’entreprise dispose également de ses portefeuilles Connect et Unify », déclare Doug Henschen. « C’est lorsque vous combinez les trois que vous êtes vraiment en mesure d’exploiter les données, d’en tirer des enseignements et de piloter les décisions et les actions par le biais de ce qui pourrait être des applications personnalisées, construites en low-code, et des processus métier plutôt que de simples tableaux de bord ou rapports ».

Pour autant, ces répartitions n’empêchent pas les chevauchements de fonctionnalités. Par exemple, WebFocus, Data Science et Spotfire disposent de certaines capacités communes, ce qui peut être perturbant au moment de sélectionner des outils. Si l’éditeur souhaite rassembler ses produits par usage et encourager leur combinaison, il n’en reste pas moins qu’il doit gérer des logiciels existants auprès de ses clients.

Longtemps, l’éditeur s’est considéré comme le fournisseur d’une boîte à outils dans laquelle ses clients piochaient à leur guise, suivant leur cas d’usage. Pour des questions de rationalisations techniques et économiques autant chez TIBCO que chez les clients moins enclins à multiplier les licences, le discours change petit à petit. Aujourd’hui, deux visions cohabitent : l’unification, la centralisation et une approche « best of breed ».

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