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Emploi et Salaires IT : La France, parent pauvre des informaticiens européens

Comme chaque année LeMagIT (associé au niveau européen aux sites Computerweekly et Computerweekly.de) a mené une vaste enquête sur le niveau de rémunération des informaticiens et les grandes tendances emploi et RH, propres aux organisations directement liées au SI. L’occasion de comparer la situation en France et dans les pays qui nous sont les plus proches.

Les informaticiens n’ont pas échappé à l’immense bouleversement que constitue toujours la pandémie de Covid19 liée à l’apparition chez l’homme d’un nouveau coronavirus. Si globalement le secteur IT ou les DSI des organisations ont plutôt fait partie des solutions trouvées par les entreprises aux multiples défis qui leur étaient proposés, il n’en reste pas moins que les effectifs ont été durement touchés.

Ainsi, selon les données issues de la grande enquête annuelle menée par LeMagIT et TechTarget (*), près de la moitié (47 %) des entreprises ont eu à procéder à des licenciements qui ont également concerné la DSI. En moyenne, 5 % des informaticiens ont perdu leur emploi dans les entreprises ayant licencié. Les mesures de chômage partiel ont également concerné de nombreux salariés. 33 % des entreprises y ont recouru et, dans ce cas, 41 % des effectifs IT ont été touchés.

Vous êtes informaticien et votre niveau de salaire est la chose la plus importante pour vous ? Ne cherchez pas… l’herbe est plus verte ailleurs ! Si notre enquête annuelle sur les salaires et l’emploi IT en Europe se fonde sur les déclarations de notre audience quasiment exclusivement composée d’informaticiens, elle n’en reflète pas moins des tendances réelles concernant les RH propres au SI. Et le pays le plus attractif en termes de rémunération est sans contexte le Royaume-Uni avec un salaire moyen de 83 000 € annuel tous postes et toutes expériences confondus. L’Allemagne suit, à 80 000 €, et la France se situe nettement derrière, à 75 000 €.

Les DSI sont tout particulièrement bien rétribués au Royaume-Uni avec un salaire moyen de 112 000 € annuel. C’est d’ailleurs dans cette zone que la différence entre le haut et le middle management est la plus importante. L’Allemagne apparaît comme le pays où les inégalités sont plutôt les plus faibles sans que cela se fasse au détriment du niveau moyen. La France apparaît comme le pays où les informaticiens sont les moins bien considérés à l’exception de quelques profils rares comme les architectes du SI.

Peu d’entreprises échappent à une crise très forte et néanmoins l’IT est perçu comme une réponse à la fois ponctuelle et structurelle à la situation.

Au-delà du niveau de rémunération, l’enquête 2021 a permis également de faire le point sur l’emploi IT dans ces temps incertains. En effet, du point de vue informatique, la situation peut paraître paradoxale. Peu d’entreprises échappent à une crise très forte et néanmoins l’IT est perçu comme une réponse à la fois ponctuelle et structurelle à la situation.

Pandémie : l’emploi IT affecté dans toute l’Europe

Néanmoins, c’est en France que les entreprises ont eu le plus massivement recours au travail partiel pour leurs effectifs. 47 % des effectifs IT français ont ainsi connu une période de chômage au moins partiel du fait de la pandémie. Un arrêt forcé impliquant également un gel relatif des rémunérations.

En Allemagne, la pandémie a entraîné un gel des salaires et une réduction du temps de travail pour 30 % des professionnels IT tandis que 8 % seulement des entreprises ont procédé à des licenciements.

Au Royaume-Uni enfin la pandémie a laissé 32 % des professionnels de l’informatique en arrêt total avec pour les autres, comme partout ailleurs en Europe, des gels de salaires et une réduction des heures de travail. Tandis que 19 % des licenciements ont touché les équipes informatiques, les entreprises ayant embauché ont – en moyenne – augmenté leurs effectifs IT de 10 %, ce qui laisse entrevoir, selon nos équipes basées à Londres, une forme de stabilité pour 2021.

Des évolutions salariales plus favorables au Royaume-Uni

Côté salaires, la France est le pays où la crise actuelle semble le plus atteindre les évolutions de rémunération. On y observe ainsi qu’un gros quart des effectifs a enregistré une croissance de revenu (fixe ou bonus) tandis qu’un petit quart estime que ce devrait être le cas en 2021. L’Allemagne présente des perspectives un peu meilleures que la France – tant sur 2020 que 2021 – mais en deçà de ce qui se passe au Royaume-Uni qui semble devoir être la zone où l’évolution salariale des effectifs en place est la plus positive. En effet, un gros tiers des effectifs britanniques aura reçu une augmentation ou un bonus sur 2020 et un petit tiers est plutôt optimiste pour l’année en cours même si 50 % estiment plutôt que 2021 verra un gel des salaires.

En panne de diversité des deux côtés de la Manche

S’il est un point sur lequel on peut parler de convergence dans la réalité RH des services IT c’est bien la diversité de genre.

En France, celle-ci n’a pas gagné de terrain significatif en 2020. En dépit d’une augmentation du nombre de femmes dans les DSI, les enjeux demeurent importants. Leur nombre correspond désormais à 19 % des effectifs. La situation n’est guère meilleure en Allemagne où nos équipes ayant mené cette enquête estiment que la prise en compte de la diversité dans l’informatique est extrêmement faible par rapport aux autres pays d’Europe et au Royaume-Uni. Au total, dans la zone DACH, les femmes dans l’informatique représentent 18 % des effectifs. C’est au Royaume-Uni que les femmes sont le mieux représentées avec 22 % des effectifs. En croissance constante, mais… très lente..

En Allemagne, les femmes ont plutôt moins d’opportunités et surtout 41 % des ITDM interrogés estiment qu’il existe une inégalité salariale à fonction égale (contre 20 %)

Même tendance en France avec cependant un resserrement sur la perception des disparités salariales, avec 39 % des personnes interrogées estimant que l’égalité salariale n’est pas présente contre 27 % qui pensent le contraire.

C’est au Royaume-Uni que les personnes interrogées (48 %) sont les plus nombreuses à estimer qu’il n’y a pas d’égalité salariale. Paradoxe ou exception culturelle britannique : ceux qui pensent qu’il faudrait plus d’efforts de la part des hommes en place (38 %) sont moins nombreux que ceux qui pensent que l’on en fait assez (40 %)…

Découvrez l’ensemble des résultats de l’enquête Salaire LeMagIT 2021

 (*) enquête menée du 1er octobre au 31 décembre 2020 auprès de 882 répondants européens.

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