Laurent Seror, Outscale : "avec notre offre cloud, nous aidons au mode SaaS"

Avec son offre de cloud d'infrastructure, Outscale livre aux éditeurs de logiciels traditionnels une offre originale pour proposer leurs logiciels en mode SaaS à leurs clients. La jeune société, qui a obtenu un investissement de Dassault Systèmes, a développé sa propre couche de gestion de cloud, compatible Amazon, et s'appuie sur une infrastructure Cisco/NetApp.

Laurent Seror,
Président d'Outscale.

Créée en octobre 2010 par les fondateurs d'Agarik - un hébergeur français racheté par Bull en 2006 -, Outscale est un fournisseur français de solutions d'infrastructures en cloud dont l'objectif est de fournir des services IaaS aux grands comptes mais aussi aux éditeurs de logiciels qui souhaitent proposer leurs produits en mode SaaS. La société s'est faite connaître cet été avec l'annonce d'un investissement par Dassault Systèmes qui va utiliser les services et l'infrastructure de la société pour fournir certains de ses logiciels en mode SaaS, et notamment la v6 de son offre de PLM.


Dans le courant de l'été, LeMagIT a pu interroger Laurent Seror, l'un des cofondateurs d'Outscale pour tenter d'en savoir plus sur la société. Dans cet entretien, il explique comment la société a construit son infrastructure et les raisons de ses choix techniques. Il revient aussi sur le développement par la société de son propre framework cloud compatible avec les API d'Amazon.

LeMagIT : Quelle est la raison pour laquelle vous avez créé Outscale et pourquoi Dassault a-t-il investi dans la structure ?


Laurent Seror : Outscale est une société dont la spécialisation est d'aider les éditeurs à migrer vers le SaaS. Le cloud apporte pas mal de réponse à ce problème. Pour faire cela correctement, il faut une expertise à la fois côté développement et côté infrastructure et télécoms. Notre équipe vient du monde de l'hébergement critique et on a construit un service 24/7, présent sur plusieurs points de présence dans le monde, pour maintenir en condition opérationnelle les logiciels de nos clients.

Dassault a investi dans la structure. C'est notre premier client historique. Nous opérons la v6 en mode SaaS et nous travaillons aussi avec d'autres éditeurs indépendants qui souhaitent utiliser notre plate-forme pour offrir leurs logiciels en mode SaaS.

LeMagIT : Cela passe-t-il par un redéveloppement des logiciels ? 

L.S : Non, l'offre consiste à s'appuyer sur une couche d'infrastructure as a service et de qualifier les applications des ISV [des éditeurs, N.D.L.R.] sur cette infrastructure. Notre sauce secrète réside dans la couche de provisioning dynamique et d'orchestration qui permet d'adapter l'infrastructure aux besoins des utilisateurs.

LeMagIT : Sur quoi est basée cette infrastructure ?

L.S : Pour construire notre infrastructure, nous sommes partis d'une feuille blanche. Lorsque le challenge du cloud est apparu, le challenge était le pilotage des ressources. Au niveau physique, il n'y avait pas grand-chose. Or, nous ne voulions pas de frontière entre le provisioning de ressources physiques et le virtuel. Il fallait s'adapter aux besoins des clients. C'est pour cela qu'il nous est apparu que la solution Cisco UCS, avec ses API et sa couche programmatique, était la plus aboutie. En fait, sur la partie serveur, l'offre de Cisco avec sa gestion des "profils" était très différenciatrice.

On a regardé ensuite les fournisseurs qui pouvaient s'aligner avec cette offre serveur en matière de stockage. On a notamment étudié les offres d'EMC, NetApp et Coraid. NetApp avec son SDK et ses services à valeur ajoutée, comme la déduplication, était aussi le plus intéressant. Pour être franc, le coût au gigaoctet pour notre configuration (environ 1 Po) était identique chez tous les fournisseurs. Et on avait en interne des gens déjà formés sur les plates-formes FAS.

LeMagIT : Pourquoi cet intérêt pour la couche physique, alors que la plupart des fournisseurs semblent se concentrer sur le virtuel ?

L.S : Nous parlons d'applications critiques comme des ERP. Lorsque l'on met en place une solution de type ERP ou BI, on peut avoir des besoins qui requièrent des machines physiques ou des niveaux de traitement sur du stockage dédié. Nos API peuvent indifféremment provisionner du physique ou du virtuel. Par exemple, avec les baies NetApp, on a totalement abstrait le stockage : on utilise les fonctions de vfiler pour isoler les clients. Pour chaque ISV, on fournit l'équivalent d'un environnement privatif.


LeMagIT : On voit émerger de grands standards en matière d'orchestration de cloud comme les API Amazon ou celles proposées par OpenStack. Avez-vous aligné votre couche de gestion sur ces solutions ?


L.S : La plate-forme est compatible avec les protocoles EC2 d’Amazon. Donc si le client est familier d'EC2, il peut débarquer chez nous sans problème. Pour la partie EC2, nous avons réalisé notre propre développement. Nous avons en effet jugé qu'un produit comme Eucalyptus n'est pas "production grade" et pose des problèmes de tenue en charge et de qualité de service. Nous sommes partis d'une feuille blanche et cela a été le plus gros travail.

On est aujourd'hui compatible à 100 % EC2. Cela permet des choses intéressantes. Par exemple, si nos clients le souhaitent, on peut très bien utiliser de la capacité sur le cloud Amazon EC2 via notre couche de provisioning. À terme, on a l'ambition d'intégrer d'autres clouds dans notre système de pilotage.

LeMagIT : Pourquoi avoir fait des éditeurs cherchant à proposer leurs logiciels en SaaS une de vos cibles prioritaires, là où vos concurrents semblent se concentrer sur la fourniture d'infrastructure aux entreprises ?

L.S : Nous pensons qu'il y a un marché important du côté des éditeurs de logiciels. Notre objectif est d'accompagner les ISV qui ne souhaitent pas redévelopper leurs applications tout en offrant leurs solutions en mode SaaS. On pense que ce redéveloppement n'est pas économiquement viable pour nombre d'utilisateurs. S'appuyer sur la virtualisation est la voie à suivre aujourd'hui. Nous proposons aux ISV un accompagnement technique, des modes de facturation collés au métier (nombre d'utilisateurs ou nombre d'impressions…). Ce qui leur permet de répondre aux besoins de leurs clients, c’est-à-dire un modèle de facturation à la demande.

On se rend compte que ce qui intéresse en premier lieu ces clients, c'est d'avoir un intermédiaire qui parle le même langage qu'eux (celui du développement logiciel) et qui est capable d'assembler les briques cloud pour fournir un service clé en main. Le côté souveraineté est aussi très important pour ces acteurs. On contractualise ainsi des choses comme la non-migration des données en dehors du territoire. C'est absolument nécessaire pour certaines applications et aussi pour certains clients et entreprises qui veulent la garantie absolue que leurs données ne quitteront pas le territoire.

LeMagIT : Comment est accueillie votre offre dans le monde des éditeurs ?


L.S : Nous avons démarré la plate-forme en production début juillet et nous avons déjà un autre client que Dassault que nous sommes en train d'intégrer. Nous en tirons un peu plus d'ici la fin de l'année. Notre ambition est de faire rentrer 4 gros ISV par an sur la plate-forme et d'accompagner aussi les fournisseurs de logiciels qui gravite autour de ces ISV. On entend jouer à plein sur l'effet d'écosystème.

Pour vous donner une idée de taille, nous avons débuté la production en juillet avec 40 lames à 12 cœurs et 200 To de stockage. En fin d'année, nous devrions opérer près de quatre fois plus de lames, soit environ 2 000 cœurs, et 1 Po de stockage sur plusieurs baies redondées.

outscale architecture simple july 2011

Architecture de l'infrastructure d'Outscale (cliquer pour agrandir)

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