Marc Urbany, Vision IT : "le point d'inflexion a été atteint au premier trimestre"

En décroissance nette en 2009 - mais sans réelle conséquence sur ses marges -, Vision IT reprend son rythme de croisière, marqué par les rachats. Avec celui de la filiale allemande de GFI et deux nouvelles cibles en vue. Le tout reposant sur une stratégie basée sur des compétences de niche, comme le précise la président de la SSII franco-belge, Marc Urbany.

SSII franco-belgo-luxembourgeoise fortement spécialisée sur la finance et dirigée par deux anciens de GFI (Philippe Muffat-es-Jacques et Marc Urbany), Vision IT a terminé l'année 2009 sur une décroissance organique de 5,1 % (le chiffre d'affaires - 81,3 M€ - est stable en intégrant les acquisitions). Mais, comme bien d'autres SSII, elle a fait mieux que résister en terme de rentabilité : à 3 M€, son résultat net est quasi-stable par rapport à 2008. Le tout avec une marge opérationnelle courante elle aussi en faible érosion, à 7,7 % contre 8 % en 2008.

La SSII, qui vient de s'implanter en Allemagne en y reprenant les activités de GFI (21 M€ de CA), doit ainsi dépasser le cap des 100 M€ de chiffre d'affaires en 2010 et prévoit de toucher la barre des 150 M€ dans deux ans. Un objectif à portée d'autant que le groupe s'intéresse de près à deux nouvelles cibles (pour un total de 20 M€ de CA) et annonce le retour de la croissance organique au second trimestre. Les explications de Marc Urbany, président de Vision IT Group (920 personnes fin décembre que rejoindront les effectifs de GFI Allemagne, soit 110 salariés environ).

murbaniLeMagIT : Comme d'autres SSII, vous terminez 2009 en décroissance, mais avec des marges qui résistent très bien. Quels leviers avez-vous actionné ?

Marc Urbany : On a avant tout réduit la sous-traitance de 20 % et procédé à des restructurations, pour écarter des compétences non stratégiques. Tout en continuant à recruter sur des profils très ciblés. Le marché au début 2010 reste pas facile, même si je pense que le premier trimestre marquera un point d'inflexion. Le mois de mars a ainsi été intéressant en terme d'activité. Nous sommes sur la bonne trajectoire pour revenir à la croissance. Et pensons pouvoir progresser sur nos principaux comptes en 2010 : en compensation de la pression tarifaire qu'ils exercent, les grands donneurs d'ordre jouent le jeu du référencement.

LeMagIT : Qu'est ce qui a motivé l'achat de la filiale allemande de GFI ?

M.U. : Du fait de sa dynamique économique, l'Allemagne faisait partie de nos priorités. La volonté de GFI de se séparer de sa filiale nous a fourni l'opportunité. Cette entité dispose de 10 bureaux dans tout le pays, ce qui répond bien à la structure allemande basée sur les Länder. Elle réalise 60 % de conseil, ce qui complète bien notre équipe spécialisée sur ce segment et regroupée dans notre branche Consulting (50 personnes aujourd'hui, NDLR) et dispose de références sur SAP, alors que ce n'était pas une de nos compétences. La filiale allemande vient par ailleurs de remporter un contrat de 4 M€ dans le secteur public.

Nous finançons en général nos acquisitions par augmentation de capital ou par endettement (la dette nette au 31 décembre s'élève à 9,9 M€, NDLR). Et nous sommes en train de négocier avec quatre banques une ligne de crédit de 12 M€ au total (dont 8 M€ déjà validés, NDLR) pour procéder à de nouvelles acquisitions. Nous sommes entrés en processus de due diligence (audit préalable) avec deux sociétés, une en Allemagne - pour renforcer nos positions acquises via le rachat de GFI Informatik - et une aux Pays-Bas. Dans ce pays, il s'agit d'une entreprise spécialisée dans la virtualisation et les petites infogérances, une typologie d'offres qui pourrait nous permettre de sortir du schéma des services achats. Des offres que nous pourrons déployer dans toutes nos implantations.

LeMagIT : L'histoire de Vision IT a démarré en 2001 avec un premier rachat, celui de Vision Informatique, société implantée au Bénélux. Quelle stratégie poursuivez-vous depuis ?

M.U. : Nous avons d'emblée créé un groupe présent en France, en Belgique et au Luxembourg, puis, assez rapidement, nous avons acquis Vision Informatique, dont nous avons internationalisé le nom. Avec trois axes de développement : un positionnement sur des niches technologiques différenciatrices, pour nous décaler par rapport à des stratégies basées sur la taille critique, les synergies entre pays, afin d'obtenir des référencements chez les grands comptes et nous en avons plus de 80 aujourd'hui, et un positionnement d'emblée européen centré sur les grandes capitales économiques du continent (Vision IT est présent en Belgique, France, Luxemboug, Suisse, Espagne, Italie et désormais en Allemagne, NDLR). Notre volonté était de construire une "grille", offrant la même qualité de services quel que soit le point de contact. Notre management est d'ailleurs trans-européen, avec notamment un premier responsable des synergies pour la France et le Bénélux, et un second pour nos autres implantations.

visionit

LeMagIT : Vision IT est historiquement positionné sur les infrastructures. Avec des phénomènes comme le cloud computing et l'offshore, n'allez-vous pas être entraîné dans une spirale déflationniste ?

M.U. : Autant les fonctions banalisées peuvent être délocalisées dans les pays à bas coût, dans le cadre de contrats pluri-annuels à faible prix, autant ce n'est pas le cas des métiers liés à l'optimisation des infrastructures, sur lequel nous intervenons dans le cadre de contrats de projet, souvent avec des reconductions d'une année sur l'autre. La moyenne d'âge de nos équipes est de 34 ans, avec 9 années d'expérience. Ce positionnement sur des niches à valeur ajoutée, on le retrouve dans nos autres métiers : le développement d'applications métier, où nous nous sommes focalisés sur les nouvelles technologies et les RIA, ou la qualité logicielle, avec une forte expertise dans la qualification. Nous sommes par exemple responsable d'un centre de qualité logicielle pour la Société Générale.

Pour le cloud, le schéma est identique. Des applications comme la messagerie ont peut être vocation à être placées sur les infrastructures de grands fournisseurs essentiellement américains, mais pas les applications dédiées, où le donneur d'ordre a besoin de compétences pour l'accompagner car ces applications ne sont pas figées dans le temps. Nous avons d'ailleurs développé une offre cloud avec un datacenter en Suisse, offre que nous comptons prochainement déployer en Espagne et au Luxembourg.

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