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Le numérique responsable au cœur des industries, une union essentielle pour les enjeux de demain

Comment les industries peuvent-elles surveiller l'impact environnemental de leurs processus de digitalisation ? La démarche de numérique responsable semble être la solution clé.

L’utilisation du numérique fait partie de notre quotidien, que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle, dans les bureaux comme dans les manufactures. Bien qu’elle présente des impacts positifs tels qu’une communication instantanée ou des échanges facilités, elle impacte négativement notre environnement avec la mobilisation de 10 % de la production d’électricité et 0,2 % de la consommation d’eau mondiale. En effet, d’après l’ADEME, l’Agence pour le développement durable et la transition écologique, le numérique engendre plus de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui sont dues principalement aux infrastructures des réseaux, aux équipements des consommateurs et aux data centers. Plus nous créons de données, plus nous consommons d’énergie et plus nous contribuons à l’accélération du changement climatique. 

Alors que l’ADEME prévoit d’ici 2050 une multiplication par 2 de cette empreinte carbone, la révolution numérique est en cours et transforme les industries. La tendance fait que les transitions écologique et numérique prennent des chemins opposés au point de pouvoir s’entrechoquer. Comment les industries peuvent-elles donc monitorer ces impacts négatifs et les prendre en compte dans leurs processus de digitalisation ? La démarche de numérique responsable semble être la solution clé pour faire converger ces deux transitions et répondre aux enjeux de demain.

Numérique responsable, un label bientôt indispensable

En 2008 GreenIT.fr, une association française, a fait émerger l’expression de sobriété numérique qui désigne une démarche permettant de concevoir des services numériques plus responsables et de modérer ses usages numériques au quotidien. Cependant, depuis 2014, le terme de numérique responsable ou green IT en anglais est le terme le plus souvent utilisé. Il s’agit d’une démarche d’amélioration continue dont le but primordial est de réduire l’empreinte économique, écologique et sociale des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette démarche permet également d’anticiper la réglementation actuelle et celle à venir. L’objectif ultime est en effet de parvenir à utiliser le numérique d’une manière moins énergivore et plus sobre, afin d’assurer un développement durable. 

Lancé en juin 2019, le label NR (Numérique Responsable) est le premier label en France encadrant la démarche du numérique responsable et proposant des règles à mettre en place.

De nos jours, une entreprise adoptant une démarche de numérique responsable présente alors un avantage concurrentiel sur le marché, mais attire également de nouveaux employés et clients. Pour ce faire et pour être plus transparente, l’obtention d’un label officiel par une entreprise est le meilleur moyen de revendiquer des engagements écologiques. La DSI de l’entreprise doit tout d’abord préparer un plan d’action qui sera par la suite étudié par un comité de labellisation indépendant qui décidera de l’attribution ou non du label NR. 

La transition numérique de l’industrie

Auparavant proche de l’artisanat, puis devenue mécanique et automatique sous les modèles du Fordisme et Toyotisme, l’industrie a évolué à partir des années 1990 vers une industrie 4.0. Cette nouvelle révolution industrielle a fait émerger la digitalisation de la chaîne de production avec des outils d’IOT, de Big Data, de cloud pour la gestion et la planification des productions et maintenances. Ces nouvelles technologies et business models permettent ainsi aux industries de répondre aux nouveaux défis d’agilité, profitabilité, compétitivité et attractivité du XXIe siècle.

Le client est ainsi replacé au centre des échanges et la digitalisation des processus permet une production personnalisée, adaptative, de meilleure qualité et tracée tout au long de la chaîne de production. La refonte du business model d’une production de masse vers une production en petites séries, parfois même à la demande, est ainsi au cœur de cette industrie 4.0. Ceci passe alors par la montée en puissance des plateformes digitales et collaboratives entraînant une course au numérique et à la concurrence. L’industrie du futur permet ainsi d’ajouter à l’industrie 4.0 une dimension humaine et environnementale. L’équilibre optimal entre efficacité et productivité est ainsi trouvé en faisant émerger un numérique responsable au sein des industries.

En effet, les quelques chiffres ci-dessous montrent le lien entre industrie du futur et numérique responsable.

  • 70 % : le pourcentage des applications achetées par les entreprises sous-utilisées
  • 50 % : fonctionnalités logicielles demandées par les utilisateurs jamais utilisées
  • 25 % : applications créées jamais utilisées
  • 15 % : applications achetées par les entreprises qui n’apportent pas de valeur

10 à 50 % des logiciels pourraient ainsi être supprimés sans nuire à l’entreprise, ce qui représente 5,8 % du budget des entreprises et 16 milliards d’euros en Europe. Dans cette course à la digitalisation, il faut ainsi garder en tête que ce sont les envies et besoins des utilisateurs qui dimensionnent les logiciels et technologies. Ceci a alors un impact sur la dimension du matériel utilisé et par conséquent un impact direct sur les émissions de gaz à effet de serre. Afin d’améliorer l’impact environnemental de l’industrie du futur, il faut alors garder en tête ces piliers majeurs lors de la digitalisation et de l’utilisation de l’IOT :

  • 60 % des améliorations possibles sont liées à la conception fonctionnelle
  • 25 % sont liées à l’hébergement
  • 15 % sont liées au développement 

La convergence du numérique responsable et de l’industrie du futur

La mise en place de démarches responsables au sein des industries pourrait ainsi permettre d’influencer positivement la société, mais également d’anticiper des régulations à venir et d’assurer la prospérité de l’entreprise.

De nouveaux modèles d’industrie ont ainsi vu le jour, notamment avec l’Edge Computing. Cette technologie consiste à traiter les données directement à la sortie du périphérique de production et non plus de manière délocalisée dans des datas centers énergivores. Le flux de données évoluant de manière croissante, cette solution devient inévitable. Cette technologie est principalement utilisée dans l’IOT et se confronte au cloud computing. En plus d’un impact environnemental certain, cette technologie permet, grâce à une vitesse de traitement des données accrue, d’automatiser les usines, d’optimiser les performances et d’améliorer l’expérience utilisateur. Les usines sont ainsi plus intelligentes et les machines peuvent anticiper les anomalies, les ruptures de stock et les maintenances. D’après l’IDC, International Data Corporation, « le nombre d’applications utilisant le Edge va augmenter de 800 % d’ici 2024 ». De plus, sa combinaison avec la 5G ne pourra qu’augmenter la productivité des systèmes. L’enjeu majeur de l’industrie 4.0 n’est ainsi pas l’augmentation de l’automatisation, mais l’automatisation avec plus d’intelligence.

D’autres technologies liées à l’IOT commencent également à voir le jour tel que le LP-Wan pour « Low power, wide area network ». Cette technologie permet aux appareils connectés de demander une information au réseau quand ils en ont besoin, contrairement au Wifi qui interroge les appareils connectés en permanence. Ceci réduit ainsi 95 % de la consommation d’énergie.

De nombreuses start-ups innovent également en matière de numérique responsable pour aider les groupes industriels à manager et monitorer leur consommation d’énergie comme Metron, fondée en 2013. Des plateformes SaaS ont d’autre part vu le jour pour permettre aux entreprises d’évaluer leur impact environnemental, social et économique de leur numérique. Parmi elles, nous pouvons retrouver les plateformes Verdikt et Fruggr. L’analyse de données est ainsi devenue un des leviers majeurs pour responsabiliser les industries.

En conclusion, agir maintenant pour vivre mieux demain ! Même si le numérique est une ressource indispensable dans notre société, celui-ci est responsable de l’empreinte carbone et du réchauffement climatique. Pour cela, nous devons réagir dès maintenant, et dès la fabrication concevoir des outils numériques de façon éthique, réparable et durable. Il est également nécessaire d’impliquer et d’engager toute personne de l’individu à l’État à adopter un réflexe écologique dans leurs utilisations, entre autres, faire du numérique un levier au service de la transition écologique durable. En effet, le numérique est certes polluant, mais permet de monitorer les impacts d’une industrie pour améliorer sa consommation, son utilisation et sa pollution.

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