L'Andromède de Bull et SFR baptisé Numergy

SFR et Bull ont officiellement lancé commercialement leur société commune, Numergy.

SFR et Bull ont officiellement lancé commercialement leur société commune, Numergy. Concrétisant le premier projet de cloud national, initié par les investissements d’avenir du Grand Emprunt.

«La première centrale à énergie numérique d’Europe.» C’est sans ambages que SFR et Bull ont officialisé ce jour la création de leur société commune Numergy, nom de l’entité qui représentera désormais l’un des deux projets de cloud computing souverain Andromède, né des investissements d’avenir du Grand Emprunt. Le second, celui d’Orange et Thalès, tarde encore à pointer son nez. Numergy dégaine donc le premier, du moins sur le papier.

De l’ambition, Numergy semble en avoir à revendre. Si la société confirme démarrer avec deux data centers (l’un placé en région parisienne à Velizy, l’autre près de Lyon, à Vénissieux), elle compte créer un maillage national composé de quelque 40 centres de données à horizon 2016-2020. «Avec des spécificités de sécurité et de redondance», souligne Philippe Tavernier, mais également avec une volonté de proximité en région. La société vise également le recrutement de quelque 400 personnes d’ici 4 ans, dans la R&D, les ventes et l’ingénierie (300 postes). Une structure dont l'objectif est d'atteindre un CA de 400 millions d’euros en 2016 (sur un marché estimé à 3 milliards d’euros ). Philippe Tavernier parle de "croissance rapide", et compte prendre 15% du marché du Cloud hexagonal.Détenu à 47% par SFR, 20% par Bull et 33% par l’Etat (via la Caisse des Dépôts), Numergy dispose d’un capital de 225 millions d’euros, comme initialement prévu. La société est basée à Velizy, en région parisienne, sous la direction de Philippe Tavernier, ex Sogeti France (voir encadré). Un "cadre" des services informatiques et du Cloud en France, indique le communiqué de presse de la société. Mais ce n’est pas le seul. Car son conseil de surveillance, qui compte 9 membres (2 de la CDC, 2 de Bull, 2 de SFR et 3 membres indépedants) est présidé par Guy Roussel, président d’Ericsson et président de la Fondation Télecoms. De quoi se «donner les moyens de démarrer, et d’y associer des éléments de croissance», lance Philippe Tavernier, interrogé par LeMagIT.

Vous avez parlé de crise ? Oui, répond Philippe Tavernier, mais justement. « La crise est une opportunité et une occasion pour les entreprises de choisir un nouveau modèle», agitant les arguments de réduction de coûts promis par le Cloud (la baisse des dépenses d’investissement). Il se dit également «convaincu de la rapidité d’adoption» du cloud par les entreprises, qui seront à la recherche «d’un tiers de confiance», comme Numergy.

Pour attaquer ce marché, et atteindre ses objectifs, la société a imaginé trois offres. Une offre Start d’infrastructure virtuelle (Iaas), qui propose de réserver des VM ; une seconde Entreprise qui aborde la dimension de Paas «avec des outils standard» ; et une troisième Critique, qui met notamment l’accent sur ea chiffrement et la sécurité, explique Philippe Tavernier. Pas de grille tarifaire encore établie, on sait tout au plus que «le catalogue se veut simple». Pour la commercialisation, la société se reposera sur un modèle indirect, ciblant les grands intégrateurs ainsi que les réseaux de partenaires. Bull et SFR seront à la fois fournisseurs et client, mais «sans exclusivité».

Pas de détails non plus côté technologies. Le recours à l’Open Source est certes évoqué mais n’est pas une certitude, nous a confié Bull. HP ou Microsoft ne sont pas mentionnés. «Nous souhaitons proposer des standards du marché, mais rien d’exclusif», commente enfin Philippe Tavernier. Ironiquement, notons que SFR s’est associé à HP, l’un des concurrents de Bull sur l’infra Cloud, pour proposer une offre Cloud pour les PME en France.

Notons pour terminer que les chiffres avancés par Numergy sont étonnant quant on les comparent à d'autres acteurs du secteur. RackSpace réalise par exemple un CA trimestriel de plus de 300 M$ avec un parc de 85 000 serveurs qui nécessite des investissements matériels (Datacenters, serveurs, équipements réseau...) de 81 M$ par trimestre. Le tout est géré par près de 3500 personnes (commercial, technique, ingénierie...).

L'objectif de Bull/SFR serait donc de bâtir l'équivalent d'un peu moins d'un demi-Rackspace d'aujourd'hui d'ici 4 ans, en n'employant un huitième des effectifs en utilisant sans doute entre 30 et 40 000 serveurs. Pour mettre ces chiffres en perspectives, rappelons qu'OVH sans subventions de l'Etat, aurait déjà déployé plus de 120 000 serveurs dans ses huit datacenters de Paris, Roubaix et Strasbourg. La société projette également de construire un datacenter géant à Beauharnois au Québec - près d'un barrage hydro-électrique qui alimentera le site. Cette nouvelle installation pourait accueillir 100 000 serveurs d'ici 2015 et à terme jusqu'à 360 000 serveurs...

 

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