Marché mondial des serveurs : comment HP a grillé la politesse à IBM

Pour la première fois, HP a réussi a passer devant Big Blue en termes de chiffre d'affaires réalisé sur les serveurs. Cette première est liée à la bonne santé de l'activité x86 d'HP, mais aussi à la bonne tenue de son activité serveurs d'entreprises. Big Blue; de son côté, pâtit de la méforme de ses activités mainframe et minis, mais aussi de la baisse de régime de ses serveurs lames.

HP a pour la première fois dépassé IBM au palmarès mondial des vendeurs de serveurs au cours du premier trimestre 2008. Une performance liée notamment à l'excellente santé de ses ventes de machines x86, mais aussi sans doute à la morosité persistante des ventes de mini et mainframes de Big Blue. HP, qui depuis longtemps vend bien plus de serveurs en unités qu'IBM, a réalisé un CA trimestriel de 4,01 Md$ contre 3,91 Md$ pour IBM. Le constructeur de Palo Alto confirme ainsi sa bonne forme du moment, mais aussi la pertinence de sa stratégie combinant technologie et services.

La performance d'HP était attendue : depuis l'annonce de ses résultats trimestriels, on savait qu'HP avait connu un très bon premier trimestre sur le marché des serveurs, notamment sur un secteur où autrefois Big Blue lui tenait la dragée haute, celui des serveurs lames. Or, le premier trimestre est traditionnellement faible chez Big Blue (HP avait d'ailleurs déjà réussi à s'approcher du premier rang mondial lors des premiers trimestres 2006 et 2007).

Fin d'année : le retour prévu de Big Blue

Big Blue fait sans doute les frais de son désengagement perçu du marché des serveurs de volume en faveur d'une plus grande implication dans les services. Il reste désormais à voir si HP pourra renouveler durablement cette performance ou si Big Blue parviendra à redresser la barre. Le second trimestre est sans doute encore à la portée d'HP. A moins d'une surprise, il sera par contre sans doute difficile au Californien de tenir tête à Big Blue aux troisième et quatrième trimestres, des périodes en général très propices au désormais ex-numéro un mondial...

marche mondial des serveurs valeur

Dopé par les efforts massifs des entreprises pour optimiser leurs datacenters et s'adapter aux nouvelles tendances comme la virtualisation, le marché des serveurs a poursuivi sur sa lancée de 2007 avec une croissance de 7,6% des livraisons au premier trimestre. Une croissance qui s'est traduite par une hausse de 4,3% des commandes en valeur des entreprises. Selon Gartner, les ventes mondiales ont atteint 13,6 milliards de dollars pour un peu moins de 2,3 millions d'unités livrées (soit un prix moyen par serveur de 5 913 $).

Le marché est dopé par le dynamisme des livraisons de serveurs x86, qui profitent notamment de l'engouement pour les applications de calcul (le marché du HPC sous toutes ses formes pèse entre un quart et un tiers des ventes mondiales), mais aussi de la croissance exponentielle des grands datacenters des acteurs du web, et enfin de l'attrait pour la virtualisation.

Unix fait de la résistance

En revanche, les ventes de serveurs Risc et Itanium ont poursuivi leur recul en unités et représentent désormais moins de 7% des livraisons. Le chiffre d'affaires des grands constructeurs Unix a toutefois poursuivi sa croissance à un rythme honorable de 3,7%. Comme le confirme Benoît Maillard, le responsable du marketing de l'activité serveurs Unix d'HP, la tendance des trimestres écoulés se confirme sur le marché Unix avec "une montée de gamme sur les serveurs liée à la consolidation croissante des environnements, mais aussi à l'adoption des technologies de virtualisation et de partitionnement". Cette tendance à la consolidation se traduit par une hausse des prix moyens de vente et par une régression des ventes de serveurs de petits calibres.

Constructeur par constructeur, HP a évidemment connu un excellent trimestre avec une hausse de 10,3% de son chiffre d'affaires et de 7,8% de ses livraisons en unités. Gartner souligne que le constructeur a profité d'une forte hausse de ses ventes de serveurs x86 Proliant, mais aussi de la progression de ses serveurs Integrity à base de puces PA-Risc et Itanium.

Lames : le retour en grâce de HP

Big Blue a semble-t-il été pénalisé par la demande modérée pour ses mainframes et mini, mais aussi par la faible croissance de ses ventes de serveurs x86. Le constructeur a sans doute été victime du succès retrouvé d'HP sur le marché des serveurs lames, un secteur sur lequel Big Blue avait bâti l'essentiel de sa croissance au cours des trimestres antérieurs. IBM a toutefois réussi à sauver les meubles avec une hausse de 2,1% de son CA et de 2,3% de ses ventes en unités.

Solidement installé sur la troisième marche du podium, Dell a quant à lui retrouvé le sourire avec un CA en hausse de 6,6% et des livraisons en progression de 15,8%, des chiffres qui soulignent toutefois l'extrême oncurrence sur les prix au sein du marché des serveurs x86. Dell a ainsi vu son prix moyen par serveur passer de 3 452 $ à 3 177 $ en un an.

Sun en chute libre aux Etats-Unis

La seule vraie déception dans le Top 5 des grands constructeurs vient de Sun qui, malgré une croissance de 6,6% de ses livraisons (dopées par le succès des serveurs x86 et des serveurs UltraSparc T2), n'a pas réussi a enrayer le recul de son CA (- 0,7%). Ce recul est largement lié à la contre-performance de Sun aux Etats-Unis, un marché où ses ventes de serveurs ont reculé de près de 10% alors qu'elles continuaient à progresser dans le reste du monde. Sun a notamment connu des problèmes avec ses offres de serveurs Sparc Entreprise aux Etats-Unis. Du fait de sa longue dépendance vis-à-vis des processeurs AMD, le Californien a aussi sans doute en parti pâti des déboires de Barcelona. Malgré une progression de 26,2% de ses livraisons mondiales de serveurs x64 (source IDC), le constructeur fait ainsi état d'un recul de ses ventes de serveurs rack x64 aux Etats-Unis et en Allemagne. Ce problème de dépendance ne devrait toutefois pas se reproduire, Sun ayant diversifié son offre en ajoutant le support des puces x64 d'Intel à son catalogue.

Notons enfin que le numéro 5 mondial, Fujitsu-Siemens, a vu ses ventes en volume reculer de 2,6% mais a enregistré une progression de 4,9% de son chiffre d'affaires en dollars. Une performance qu'il convient sans doute de mettre sur le compte de la bonne santé du yen et de l'euro plutôt que sur une hausse du prix moyen de vente de ses serveurs, Gartner réalisant ses statistiques en dollars.

Pour approfondir sur Constructeurs

Close