Noyau Linux : un embonpoint qui vient aussi de la mobilité

Dans son dernier rapport, la Linux Foundation révèle que Nokia, Samsung, Texas Instrument, Intel, AMD, sont désormais des contributeurs significatifs au développement du noyau Linux. Leur niveau de contribution se rapproche ainsi de celui des ténors du secteur, comme Red Hat, Novell ou IBM. Un signe que l’OS Open Source réussit sur le segment de la mobilité, et que l’unification des communautés doit se poursuivre.

Linux aurait-il réussi dans la mobilité ce qu’il n’est pas parvenu à faire sur le poste de travail ? C’est l'une des questions que l’on peut se poser aujourd’hui à la lecture des premiers chiffres du dernier rapport de la Linux Foundation, “Linux Kernel Development : How Fast it is Going, Who is Doing It, What They are Doing, and Who is Sponsoring It". Un rapport annuel qui analyse la base d’utilisateurs et de contributeurs au noyau Linux. Si cette étude illustre le fait que les développeurs indépendants sont encore les plus gros contributeurs au noyau, il apparait que les acteurs de la mobilité, à l’image de Nokia, occupent désormais une place importante en matière de code reversé dans la communauté.

Selon les chiffres de l’étude, depuis la version 2.6.30 du noyau Linux, sortie en juin 2009, Nokia a ainsi soumis quelque 1 173 correctifs, soit 2,3% de l’ensemble des modifications apportées au noyau. Quelque 860 correctifs sont imputés à AMD (1,7% du total de correctifs) - le constructeur a notamment rejoint le programme Meego- et Texas Instrument 775 (1,5%) - le constructeur fait parti de Linaro, un groupement de fondeurs ARM réunis pour accélérer l'adoption de Linux sur leurs plates-formes embarquées.

“La hausse des développements de Linux sponsorisés par les entreprises du monde de l’embarqué ou de la mobilité ainsi que par leur fournisseurs reflète l’importance grandissante de Linux sur ces marchés”, note l’étude. Un exemple révélateur est celui de SFR qui pointe dans la liste des principaux contributeurs aux évolutions du noyau depuis la 2.6.30 avec 333 modifications apportées soit 0,6% du total.

Outre le succès lié à l'embarqué (set-top boxes, véhicules, TV, appliances...), Linux bénéficie aussi du formidable élan lié à l'adoption d’Android, l’OS mobile initié par Google qui repose sur un noyau Linux - c’est d’ailleurs ce socle qui en fait un OS sécurisé.
Devenu le système de référence de nombreux constructeurs mobiles, comme HTC par exemple, Android est aujourd’hui l’OS le plus populaire aux Etats-Unis, détrônant l’iPhone. 44% des terminaux écoulés outre-Atlantique sont sous l’OS Google (Source NPD Group). Autre donnée cette fois du cabinet Canalys, Android occupe également 25% du marché mondial au troisième trimestre. Force est de constater que rarement Linux avait atteint une telle pénétration sur un marché grand public. Surtout qu’Android n’est pas le seul représentant de Linux dans le monde de la mobilité. Citons notamment Meego, issu de la fusion entre Maemo et Moblin, - Nokia mise sur l'OS pour certains de ses terminaux - LiMo et Bada (l’OS maison de Samsung) également développés à partir de Linux.

Une union qui profite à Linux

La hausse des contributions en provenance des entreprises mobiles et de l’embarqué est aussi sans doute liée au rapprochement de plusieurs consortiums Linux avec la Linux Foundation. En mai dernier, l’Open Source Automation Development Lab (OSADL), l’organisation en charge de coordonner les développements de projets Open Source dans l’industrie de l’automatisme, rejoignait la fondation. Suivi en octobre par le Consumer Electronics Linux Forum, un consortium de promotion de Linux dans les appareils grand public, qui quant à lui décidait de fusionner avec la même fondation - illustrant au passage l’engouement de l’OS Open Source sur ce segment. Raison invoquée dans les deux cas : unir les développements et éviter toute forme de chevauchement des projets. En d’autres mots, éviter la fragmentation. Cette unification des entreprises de la mobilité est donc profitable à Linux.

Linux, aussi une histoire de développeurs indépendants

Si les grands du secteurs augmentent leurs contributions, les modifications apportées par les développeurs indépendants représentent toujours la plus grande part des contributions, avec près de 35,663 patches. A eux seuls, ils s’accaparent 18,9% des modifications effectuées sur le noyau depuis la version  2.6.30.
Derrière, Red Hat maintient sa position d’entreprise contributrice n°1 en alignant 6 219 modifications de code (12% des correctifs totaux). Suivent ensuite Intel avec 4 037 contributions (7,8%), Novell avec 2 625 modifications (5%), IBM et ses 2 491 correctifs (4,8%) et Nokia avec 1173 modifications (2,3%). Oracle - avec ses 995 modifications de code - est désormais devancé par la firme finoise...

En savoir plus :

- le rapport de la Linux Foundation (PDF)

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- Open Source : le difficile pari de la contribution

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