Intel, en plein brouillard, annonce une année difficile

4ème trimestre catastrophique, chiffre d’affaires annuel en recul, semblants de prévisions très basses pour le début 2009 : Intel marque le coup de la crise et semble surtout incapable de savoir comment va évoluer le marché, y compris à court terme. Une cécité particulièrement angoissante pour le secteur, surtout qu'elle frappe un de ses poids lourds.

Intel est sans doute en train de vivre l’un des moments les plus noirs de son existence économique. Surtout, le numéro un des micro-processeurs, donne l’angoissante impression de naviguer à vue, sans être capable de lire les orientations d’un marché sur lequel il occupe une place clé. Les chiffres publiés pour son 4ème trimestre fiscal 2008 sont catastrophiques, avec un CA de 8,2 milliards de dollars, en recul de 23 % par rapport à la même période en 2007. On est très en deçà des 9 milliards de dollars annoncés lors de l’alerte sur résultats publiée mi-novembre. Une erreur de prévision de 9 % sur un trimestre déjà entamé de moitié : pas vraiment un gage de sérénité.

Premier trimestre 2009 : 2,7 milliards de moins qu'en 2008

Dans son communiqué, Intel revient sur les raisons de ce fiasco, estimant qu’il est extrêmement difficile d’avoir de la lisibilité sur la demande, y compris à court terme. Selon Paul Otellini, président et CEO d’Intel, « tous les secteurs d’activité, dont le nôtre, se fixent actuellement de nouveaux seuils planchers à partir desquels mesurer la croissance quand celle-ci reprendra ». Du coup, les estimations pour 2009 sont relativement basses, avec un CA pour le 1er trimestre attendu à 7 milliards de dollars (contre 9,7 milliards un an plus tôt).

Aucune information n’est donnée quant à une éventuelle restructuration, mais à plusieurs reprises le fondeur fait état d’une « sous-exploitation de l’outil industriel » pour notamment expliquer le repli de la marge brute (53,1% au T4 contre 58,9% au T3). Cette dernière est attendue à un niveau encore plus bas – autour de 40 % - au 1er trimestre 2009. Un sous-emploi de ses capacités de production qu’Intel risque de ne pas pouvoir soutenir très longtemps si la crise devait durer. Paul Otellini estime néanmoins avoir déjà fait beaucoup d’efforts en matière de réduction des coûts. Selon lui, « la rationalisation de l’exploitation a permis de supprimer plus de 3 milliards de dollars de nos charges fixes depuis 2006 ».

Des ventes en berne… sauf pour le "low cost" Atom

Pour 2008, les choses avaient pourtant bien commencé. Ce qui a permis à Intel de limiter les dégâts avec un CA annuel en recul de 2 % à 37,6 milliards de dollars. Côté résultat net, il s’établit à 5,3 milliards de dollars, en retrait de 22 % par rapport à 2007. C’est surtout l’effondrement du marché PC - qui a connu en fin d'année son pire trimestre depuis 2002 -, qui a porté préjudice au fondeur.

Intel enregistre pourtant un record pour ses ventes unitaires de microprocesseurs ainsi que pour son chiffre d’affaires en composants pour serveurs et PC portables. Ses jeux de composants et ses solutions de connectivité sans fil battent également un nouveau record en unités vendues et en chiffre d’affaires. Et ce, malgré le 4ème trimestre, où le fondeur explique que « les ventes unitaires de microprocesseurs et de jeux de composants (chipsets) enregistrent une baisse notable ».

Sur les trois derniers mois de l’année 2008, il voit cependant une petite lueur d’espoir : le chiffre d’affaires généré par les processeurs Atom et les jeux de composants qui les accompagnent est de 300 millions de dollars, en progression de 50 %. Une gamme qui surfe sur la vague des netbooks, ces portables "low cost" qui connaissent un succès encore plus important depuis le début de la crise. Même si ces derniers devraient porter un peu le marché des PC et portables en 2009 en unités vendues, ils constituent surtout un facteur déflationniste pour le marché dans son ensemble. Enfin, l’Atom pèse relativement peu dans les comptes d’Intel. Et AMD – principal concurrent sur le marché des processeurs – vient tout juste de sortir sa plate-forme Yukon pour netbooks, aux performances jugées bien meilleures pour un prix un peu plus important.

Des facteurs de risques important pour les mois à venir

Pour 2009, Intel n'annonce donc… aucun chiffre prévisionnel officiel. Se bornant comme indiqué plus haut à expliquer que « la base que la société utilise en interne, donnée à titre indicatif uniquement, est voisine de 7 milliards de dollars ».

De fait, Intel admet n’avoir aucune visibilité. Suit donc une liste importante de « facteurs de risque », qui pourraient altérer encore l’activité du groupe s’ils devaient devenir réalité. Intel estime notamment qu’en raison « d’une conjoncture économique incertaine, de possibilités de crédit limitées et de perspectives financières pessimistes, les ménages et les entreprises risquent de reporter leurs achats, ce qui serait susceptible de réduire la demande du marché et les résultats qui en découlent ». Concernant ses partenaires – clients ou fournisseurs – Intel se veut également très prudent expliquant que « cette crise du crédit est susceptible d'avoir des répercussions sur l’activité : l’insolvabilité des fournisseurs qui pourrait conduire à des retards pour les produits Intel ; l'incapacité de ses clients à obtenir un crédit pour financer les achats de ses produits, l’insolvabilité de ses clients ou les deux ».

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