Les informaticiens ne sont plus épargnés par le chômage

Confirmation de la tendance enregistrée dès le début de la crise : le chômage continue de progresser chez les informaticiens. Il atteint désormais un taux de 4,1%. Surtout, les licenciements pourraient s’accélérer alors même que le nombre d’offres de poste diminue fortement. Toutes les craintes sont permises pour 2009, car les SSII ne seront réellement impactées par la crise qu’à compter du 2ème trimestre.

Le chômage continue d’augmenter chez les informaticiens. Alors que les chiffres publiés hier par le ministère du Travail sur l’emploi en France sont extrêmement mauvais pour l’ensemble des secteurs, l’informatique ne semble pas devoir être épargnée par la crise et le chômage. Alors qu’au cœur de l’automne, la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) enregistrait une augmentation minime du nombre d’informaticiens demandeurs d’emploi – une première cependant depuis novembre 2004 –, le mois de novembre a vu la situation se dégrader. La barre des 20 000 – sur une population estimée à 500 000 – franchie en octobre est désormais largement dépassée, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie « professionnels informatique » s’établissant à 20 350. Un plus haut depuis janvier 2008 qui porterait le taux de chômage des informaticiens à 4,1 %.

En dehors de ce chiffre brut qui reste bas, c'est surtout la tendance qui est très défavorable. Après avoir régulièrement baissé tout au long de 2008 dans la continuité des années précédentes, le chômage est reparti à la hausse en juillet – une tendance traditionnelle –, mais surtout cette hausse s’est confirmée en septembre, octobre et novembre. Dans le même temps, le nombre d’offres d'emploi enregistrées par l’ANPE s’est maintenu autour de 4 500 postes par mois, avant de chuter très brutalement en novembre, à 2 832.

Informaticiens eux mêmes pessimistes

Certes, le marché de l’emploi informatique est loin de se faire à l’ANPE, l’Apec et les "job-board" (sites spécialisés) sur Internet jouant notamment un rôle clé. Mais la tendance confirme déjà la décrue redoutée par de nombreux acteurs du secteur et, au premier chef, par les informaticiens eux-mêmes. Mi-octobre, les informaticiens interrogés par LeMagIT par voie de sondage se montraient d’ailleurs particulièrement inquiets pour leur emploi en dépit des signaux plutôt positifs émis par leurs patrons à cette période. Ils étaient plus de 70 % à estimer que la crise financière allait se traduire par des licenciements dans l'IT en France.

Du coup la rentrée pourrait être assez chaude. Outre des tensions récurrentes sur les salaires des informaticiens en activité, le Munci (Mouvement pour une Union Nationale et Collégiale des Informaticiens) – qui vient tout juste d’investir le champ syndical au travers d’une alliance avec l’Unsa et qui s’est fait une spécialité de suivre le niveau d’emploi des informaticiens – pourrait bien jouer les aiguillons sur la question de l’emploi. Début novembre, inquiet de voir les chiffres repartir à la hausse après quatre années de baisse continue, le Mouvement prévenait que « si la tendance haussière se confirme, nous monterons rapidement au créneau avec notamment pour cibles, l’offshore et l’immigration économique » et le suivi du comportement des SSII en matière de licenciements.

Les DSI de la finance dégraissent

Ce dernier point demeure l’une des inconnues de 2009. Côté entreprises utilisatrices, de nombreuses DSI d’établissements financiers ont déjà mis leurs effectifs sur la sellette. Début septembre, Calyon, banque d’investissement du Crédit Agricole, prévoyait ainsi une réorganisation touchant tant les effectifs en interne que les prestataires. Auparavant, Natixis – coentreprise entre les Caisses d’épargne et la Banque populaire – avait réduit drastiquement son budget de prestation informatique.

Malgré ces alertes, l’année 2008 des SSII aura été bonne jusqu’au bout. En revanche, si Syntec ne prévoit toujours pas d’effondrement en 2009, la croissance devrait au minimum être réduite de moitié au premier semestre. Mais des scenarii plus récents sont beaucoup plus noirs. Avec une contraction de la dépense de 5 % en 2009. Et un redémarrage seulement... en 2011. Si elles devaient se confirmer, ces prédictions seraient d’autant plus préjudiciables à l’emploi des informaticiens qu’elles reposent pour partie sur le développement de stratégies offshore de la part de donneurs d'ordre à la recherche de solutions pour compresser leurs coûts.

Evolution du marché de l’emploi des informaticiens janvier-novembre 2008

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Source : STMT-DARES, ANPE

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