L’état du monde IT : HP devient n°2 des services aux dépens des salariés d’EDS

2008 aura permis à HP de s’imposer enfin comme un très grand du service. Après s’être raté plusieurs fois, le californien a finalement mis la main sur EDS. Du côté du Texan, on a très vite déchanté. La direction a été décapitée et les salariés font les frais du plan de restructuration qui a suivi la fusion. Si un doute subsistait en mai dernier, les choses sont désormais claires : EDS n’existe plus.

Quelques années après son départ, HP a finalement réalisé l’ambition de Carly Forina, son ex-patronne, en devenant un géant des services via le rachat d’EDS pour 14 milliards de dollars. Au tournant des années 2000, le groupe californien avait régulièrement échoué dans ses tentatives d’acquisitions. Dans le même temps, IBM – archi-rival de HP – se développait dans les services jusqu’à devenir la principale SSII du monde.

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Sur un marché mondial évalué à 748 Md$ en 2007 et en forte croissance (+ 10,5 % en 2007), la nouvelle activité services d'HP devrait générer près de 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires (dont 22 Md$ pour le seul EDS) et employer quelque 185 000 salariés répartis dans 80 pays. A titre de comparaison, le leader mondial, IBM Global Services a réalisé un CA de 54 Md$ en 2007. Avec l'acquisition d'EDS, les services comptent désormais pour près de 30 % de l’activité du groupe HP qui devrait, sur 2008, dépasser les 135 Md$ de CA.

25 000 salariés sacrifiés

HP-EDS devient donc le numéro deux mondial… mais les salariés d’EDS n'y trouvent aucun motif à se réjouir. En dépit des précautions oratoires d’usage en amont de la finalisation de l'opération, la volonté de HP de digérer très vite la SSII texane et d’imposer ses propres vues est très vite apparue dès lors que le rachat est devenu effectif. Annoncée dès le départ, la restructuration présentée début septembre par Mark Hurd - Pdg de HP (à gauche ci-dessus) - s'est muée en jeu de massacre pour les salariés d’EDS. Près de 25 000 postes seront supprimés chez HP sur 3 ans, soit 7,7 % des effectifs du groupe. Environ 10 000 postes concernent l’Europe et 580 la France. Mais ce sont essentiellement les salariés d'EDS qui sont touchés par ces mesures.

Si une petite résistance a tenté de se mettre en branle côté syndicats à l’échelle européenne, la stratégie du groupe – qui distille ses informations au compte-goutte et de manière parcellaire – semble devoir payer. Et aucun mouvement social d’ampleur n’est réellement apparu. Surtout, l’encadrement d'HP à très vite pris les choses en main. Alors qu’il avait été nommé pour faire profiter le groupe de la culture services d’EDS, Ronald Rittenmeyer – patron d’EDS (au centre ci-dessus) – a dû céder sa place au bout de quatre mois seulement à Ann Livermore, la patronne aux dents longues des services de HP, qui a particulièrement œuvré pour le rachat.

En France, guérilla autour d'un PSE

En France, le mouvement de décapitation de l'ex management d'EDS avait été anticipé et Francis Meston, le patron de la filiale, a très vite été démis de ses responsabilités au profit d’un « observateur » de HP - Eric Leveugle. Lequel a finalement pris officiellement les rênes fin septembre et doit depuis se coltiner le passif du groupe en France, avec notamment un PSE déjà à l’œuvre avant le projet de fusion. Depuis l’annonce de la restructuration générale, ce premier plan de restructuration fait d'ailleurs l’objet d’une guerilla de procédure.

En six mois donc, HP aura réussi la première phase de son pari en mettant la main sur un gros acteur du service tout en s’assurant d’en avoir le contrôle opérationnel. La restructuration en cours a cependant été pensée avant que la crise ne frappe et il restera en 2009 à finaliser l’intégration des équipes et des activités dans un marché de plus en plus incertain.

Le feuilleton du rachat d’EDS par HP en quelques articles :

Mai 2008 : HP – EDS, Hurd réalise le rêve de Carly Fiorina dans les services

Août 2008 : HP a finalisé l'acquisition d'EDS

Août 2008 : Le patron d'EDS France démissionne

Septembre 2008 : La grogne monte à l’heure de convaincre les actionnaires

Septembre 2008 : Les salariés paient le prix fort pour la fusion

Septembre 2008 : Près de 10 000 postes supprimés en Europe

Septembre 2008 : Le nouveau patron de l’activité services en France aura du boulot

Octobre 2008 : EDS France saigné par la restructuration

Pour approfondir sur SSII, ESN

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