Pour trouver son modèle économique, le M2M doit redessiner son architecture

Une réunion du Club Altran, un club de réflexion orchestré par le prestataire, met en lumière les défis qui attendent les applications de Machine-to-Machine avant d'envisager une généralisation. Pour certains comme Orange, cela passe par la standardisation. D'autres sont plus radicaux et misent sur une révision à grande échelle des architectures, pour prendre en compte l'évolution des usages des utilisateurs qui, en plus d'être consommateurs, se font aussi producteurs d'information.

Si le segment du Machine-To-Machine (M2M) va se fondre dans le paysage des technologies futures, il se pourrait qu'il faille au préalable repenser l'architecture du concept global. C'est en tout cas un message que l'on pouvait retenir de la une réunion du Club Altran, un club de réflexion où le prestataire réunit partenaires et clients. Cette structure édite tous les 3 ou 4 mois un ouvrage baptisé Kalisté, dont la dernière édition donne un coup d'éclairage sur le très tendance M2M.

Même si ce marché représentait déjà 6 milliards d'euros dans le monde en 2007 (source IDC), le M2M reste encore une niche, sur laquelle l'ensemble des acteurs doivent s'entendre pour pouvoir trouver un modèle économique adéquat, propice à l'éclosion de services, révélait une table ronde à l'occasion du salon Machine-To-Machine, qui se teanit en mars dernier. Mieux, l'Idate promet aux opérateurs un gain substantiel s'ils s'engroufrent dans ce segment, l'institut prévoyant que d'ici à 5 ans (soit sur une période relativement courte), 4 % de leur CA proviendra du M2M.

Face à ces perspectives, qu'Orange estime toutefois un peu « optimistes », Pascal Brier, vice-président d'Altran qui s'exprimait dans le cadre d'une réunion du club la semaine dernière, considère que le M2M se mêlera aux technologies au fur et à mesure de son adoption. Tout en évaluant l'ampleur des travaux à accomplir avant de pourvoir ouvrir la sacro-sainte vanne des services lucratifs.

Le succès d'un projet ne réside pas dans la technologie, mais dans le modèle économique, résumera plus tard Hervé Bibollet, directeur commercial de WebDyn, société française spécialiste de l'infrastructure M2M.  « Est-ce que quelqu'un paiera pour avoir cette solution ? », s'interroge-t-il.

Avant cela, « un des enjeux économiques réside dans la confrontation avec un marché qui s'ouvre, poussant ainsi les acteurs du secteur à repenser les applications existantes ». Et la tâche ne s'annonce pas simple, tant le M2M est un concept transverse, « qui nécessite une collaboration entre acteurs pour maîtriser la chaîne et mettre en place un écosystème ». Un peu à l'image du NFC (Near Field Communication) et de son application phare, le paiement mobile, dont le défi principal consiste à réunir autour de la même table différents corps de métiers, chacun avec des objectifs spécifiques. Des constructeurs de cartes à puces aux banques. C'est ce même enjeu qu'on retrouve avec le M2M.

Repenser l'architecture du M2M

Si Orange estime de son côté que la standardisation peut jouer ce rôle de ciment – ce que pense également le directeur de l'ETSI, Walter Weigel-, permettant également à « chacun de rester à sa place », Samir Tata, chercheur et professeur à Télécom & Management SudParis (ex INT), pense de son côté que le M2M doit revoir son architecture technique. La façon dont est architecturé chaque maillon de la chaîne. Et, au lieu de raisonner en couches d'applications (réseau, systèmes, stockage, middleware), il faudrait mieux penser en terme d'interopérabilité de ces mêmes couches.

« L'arrivée massive de machines capables de récupérer des informations liées à l'environnement pour les remonter vers d'autres machines, une arrivée doublée de l'envolée des capacités de stockage et de calcul, devrait briser le schéma classique des applications client / serveur. A terme, nous allons arriver à un modèle plus collaboratif, où chaque machine fera office de client et de serveur à la fois », explique Samir Tata. En clair, avec son smartphone toujours plus puissant, l'utilisateur devient à la fois consommateur et acteur . Aux entreprises d'exploiter cette mutation en profondeur. Face à ce constat, « il faut donc considérer des composants que l'on peut utiliser dans des contextes différents pour ainsi créer des systèmes à la demande », recommande la chercheur.

La solution ? « Nous travaillons sur l'utilisation de la sémantique et des onthologies pour réduire l'incompréhension entre les différentes machines [et résoudre les problèmes d'interopérabilité, ndlr]. A cela viennent également se greffer des travaux autour de la virtualisation et du concept de services pour développer le principe de l'architecture à la carte et celui des interconnexions à la demande ».

Cette nouvelle construction collaborative de l'information devra inévitablement déboucher sur des nouveaux modèles économiques, souligne-t-il. Ainsi, « si l'utilisateur participe à bâtir la connaissance, peut-être paiera-t-il un peu moins », suggère Samir Tata.

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