Cisco en mauvaise passe financière

Les revenus de l’équipementier réseau devraient décliner à cause de son incapacité à fournir des infrastructures 5G convaincantes, conjuguée à la perte de ses marchés en Chine.

Cisco vient d’annoncer que les résultats de son prochain trimestre devraient être moins bons que prévu, ce qui a immédiatement provoqué une chute du cours de son action de 7 % en bourse. 

« La cause principale de ces résultats est le déclin massif des commandes de la part des prestataires de services informatiques depuis deux trimestres », a commenté Kelly Kramer, la directrice financière de Cisco. Selon elle, les commandes en question ont chuté de 21 % d’une année sur l’autre, lors du trimestre fiscal qui s’est terminé fin juillet, amplifiant un phénomène déjà observé lors du trimestre précédent où elles avaient déjà baissé de 13 % par rapport à la même période un an auparavant.

Selon l’analyste Glenn O’Donnell, du Forrester Research, il est peu probable que ces résultats s’améliorent tant que Cisco ne sera pas en mesure de fournir aux opérateurs télécoms des technologies intéressantes pour l’architecture de leurs réseaux 5G. À l’heure actuelle, ce sont ses concurrents Nokia, Ericsson et Huawei qui présenteraient le catalogue de produits le plus compétitif dans le domaine. « Tant que Cisco ne prendra pas de position pérenne en matière de 5G, c’est l’ensemble des prestataires de service qui considérera qu’il n’est plus un acteur stratégique », dit-il.

Cela dit, la chute des commandes de la part des prestataires de services n’est qu’une des raisons qui explique la mauvaise passe que traverse l’équipementier. Une autre est la guerre commerciale que se livrent actuellement les USA et la Chine. Alors que Cisco fournit depuis des années des matériels réseau aux opérateurs chinois, cette activité s’est écroulée au dernier trimestre. « Nous ne sommes même plus autorisés à participer à leurs appels d’offres » se désole Chuck Robbins, le PDG de Cisco.

Il indique néanmoins pouvoir gérer l’impact de cette perte de revenus, car les activités en Chine représentaient moins de 3 % de son chiffre d’affaires global.  

Une chute d’activité conjoncturelle

La prévision de mauvais résultats a d’autant plus secoué la sphère financière que Cisco affichait au contraire des scores encourageants lors du dernier trimestre fiscal. D’une année sur l’autre, son chiffre d’affaires avait augmenté de 6 % (soit 13,4 Md $), alors que les analystes ne tablaient que sur une amélioration de 4 %.

Dans le détail, les ventes se sont améliorées de 14 % dans les produits de sécurité, de 11 % dans les applications (essentiellement les logiciels de communication unifiée) et 6 % dans les solutions d’infrastructures, dans lesquelles sont classés les routeurs et les switches. Les ventes d’infrastructure ont atteint à elles seules 7,9 Md $, soit quasiment 80 % du chiffre d’affaires trimestriel. Les applications ont rapporté 1,5 Md $ et les produits de sécurité 714 M$.

« Malgré cette belle performance, nous n’avons cependant pas terminé ce trimestre aussi bien que nous l’aurions voulu. J’ai le sentiment que nous avons subi les conséquences de problèmes plus globaux », déclare Chuck Robbins.

Il ne précise pas sa pensée, mais tout porte à croire qu’il fait référence à la décision de Donald Trump d’augmenter les taxes sur les produits chinois. Notons par ailleurs que le Dow Jones, l’indice des bourses de New York, vient de perdre 800 points à cause de la crainte grandissante d’une récession mondiale et en prévision d’activités en baisse en Chine et en Allemagne.

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