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Covid-19 : des équipementiers réseau soumis à un « énorme afflux de requêtes »
Le passage brutal de nombreux utilisateurs au télétravail conduit les équipementiers et leurs partenaires à se mobiliser fortement pour répondre à une demande inédite. Avec des modes opératoires parfois inédits également.
La crise sanitaire a conduit à un développement sans précédent du télétravail. Avec pour l’observer, en première ligne, les constructeurs de pare-feu de nouvelle génération et d’équipements de gestion unifiée des menaces (UTM). Chez Cisco, Bruno Caille, directeur technique, explique que cela s’est notamment traduit par l’extension de capacités existantes.
En somme, « il y a un gros travail de déplacement des priorités des équipes IT, sur la mise à niveau des réseaux, de la sécurité, et le déploiement des outils de collaboration ». Bruno Leclerc, directeur commercial de Sophos France, exprime le même constat : « nous avons remarqué une redéfinition des priorités sur les projets IT et Cybersécurité sur les projets en cours avec des entreprises focalisées sur la mise en place des solutions de télétravail et les solutions de Cybersécurité afin de préserver la confidentialité de leurs données ». Eric Antibi, directeur technique de Palo Alto Networks, n’observe pas de tendance différente. Même chose pour Eric Helleland, vice-président EMEA de Barracuda Networks, qui ajoute à cela des efforts de renforcement des capacités sur les pare-feu applicatifs (WAF), d’amélioration de la sécurité de la messagerie électronique ou encore de robustesse des sauvegardes, y compris dans le cloud.
Chez WatchGuard, Pascal Le Digol, country manager France, observe également une demande pour la connectivité à distance – via VPN ou portail sans client – et le renforcement des capacités existantes en la matière. Mais ce n’est pas tout : « on relève beaucoup de demandes ces derniers jours liées à l’ajout d’authentification multifacteur (MFA), de sécurisation des collaborateurs nomades, d’ajout de services de sécurité sur les firewalls pour disposer du bon niveau de sécurité et faire face à la dangerosité du paysage des menaces actuel et même de nombreuses demandes de conseils/recommandations concernant la configuration des firewalls à mettre en œuvre ».
Concrètement, Eric Antibi indique que « les besoins sont essentiellement concentrés sur les solutions de connexions via des tunnels sécurisés (VPN), et la faculté de propager les politiques de sécurité en place dans les entreprises – étendre une stratégie Zéro Trust, par exemple – sur tous les postes distants, gérés ou non par les équipes IT ». Et cela peut induire une mise à niveau des équipements existants, ou un passage au cloud, car « dans la plupart des cas, les infrastructures matérielles concentrant les connexions en place dans les entreprises ne sont pas dimensionnées pour avoir tous les salariés connectés en même temps ». Et même, « nous avons aidé certains clients à mettre en place des architectures permettant de répartir la charge entre l’infrastructure interne et Prisma Access, ceci permettant de garantir la qualité de l’expérience utilisateur tout en propageant une politique de sécurité homogène, quel que soit le chemin de connexion utilisée ».
Le directeur technique de Fortinet, Christophe Auberger, observe également des demandes pour « la mise à l’échelle d’outils d’accès à distance », mais relève une demande relativement plus forte sur la partie [VPN] SSL, car celle-ci peut être déployée sans agent, y compris donc sur des plateformes sur lesquelles les utilisateurs ne peuvent ou ne veulent pas installer des logiciels aux adhérences plus profondes avec le système d’exploitation ». Et comme ses concurrents, il évoque « des demandes pour des outils de protection et de segmentation du système d’information ou pour des augmentations de capacité des outils existants ».
Bruno Leclerc fait en outre état d’une « demande plus importante » les services de détection et de réponse aux menaces : « durant cette période critique, les entreprises n’ont pas forcement la bande passante nécessaire pour analyser et gérer les incidents de sécurité ». Et d’ajouter à cela des demandes pour les services de Sophos de sensibilisation au phishing.
Dans ce contexte, Bruno Caille explique que Cisco travaille « depuis plusieurs semaines à la mise à niveau de ses plateformes cloud – de sécurité et de collaboration – pour supporter la surcharge actuelle ». Et d’indiquer que le trafic WebEx a été multiplié par 2 en 3 jours pour attendre 100 millions de minutes par heure travaillée.
Mais le télétravail concerne aussi les équipementiers. Eric Antibi explique ainsi que « depuis le début du confinement, l’ensemble des équipes techniques est extrêmement mobilisé, que ce soit les consultants avant-ventes qui assistent quotidiennement leur client par téléphone ou notre centre de support ». Des webinars ont été également été organisés pour accompagner les clients. Cette approche vaut aussi chez Sophos. Et Bruno Leclerc souligne les bénéfices de solutions « permettant une intégration à distance très facilement et sans se déplacer sur site », à l’instar de ses Firewall XG et boîtier RED (Remote Ethernet Device).
Eric Heddeland relève que les équipes de Barracuda sont elles-mêmes « en télétravail à un niveau mondial depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant les confinements demandés des gouvernements. Nos solutions SaaS ou virtuelles sont un élément clé de nos succès du moment pour répondre rapidement aux besoins de nos clients ». Ce n’est d’ailleurs pas forcément négatif. Pascal Le Digol explique ainsi que « nous récupérons le temps passé d’ordinaire en déplacements pour répondre virtuellement à l’afflux inédit des demandes entrantes ».
Mais il peut y avoir des évolutions de priorités, au moins temporaires. Ainsi, Christophe Auberger explique que le service de maintenance matérielle de la zone EMEA de Fortinet « ne traite plus les demandes de prêt de matériel, mais uniquement la gestion des RMA ».