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Google se donne un an et demi pour mettre son cloud en France

Alors qu’AWS et Azure ont des présences physiques en France depuis 2017-2018, GCP attendra 2022 pour arriver dans les datacenters parisiens. Un délai qui pose plusieurs questions.

Google Cloud Platform (GCP), le cloud public de Google, aura des serveurs en France d’ici un an et demi. Ils seront hébergés dans certains des datacenters en colocation qui pullulent en région parisienne, mais on ne sait pas encore lesquels.

Pourquoi attendre aussi longtemps, alors qu’il est possible de glisser des racks de machines sur des emplacements locatifs qui sont disponibles tout de suite ? Pourquoi, encore laisser le champ libre aux concurrents AWS et Azure jusqu’à fin 2021, alors même que Bastien Legras – le directeur technique de la branche Google Cloud en France – assure au MagIT que cette présence en France est « très attendue et nécessaire » ?

« Il faut tenir compte du temps nécessaire aux négociations et finalisations techniques, ainsi que des externalités que l’on ne maîtrise pas. »
Bastien LegrasDirecteur technique, Google Cloud France

À ces questions, un porte-parole de Google répond qu’« il faut tenir compte du temps nécessaire aux négociations et aux finalisations techniques, ainsi que des externalités que l’on ne maîtrise pas [N.D.R. : la pandémie]. » En clair, Google laisse le champ libre aux interprétations.

Mettre GCP là où se trouvent ses clients

AWS et Azure ont installé leurs serveurs en France entre fin 2017 et début 2018. Ils l’ont fait pour deux raisons. La première est de répondre aux besoins de conformité réglementaire de certains de leurs grands clients français, ceux qui ne peuvent pas faire héberger leur IT en dehors du territoire national. La seconde est d’assurer aux entreprises qui ont une activité en France qu’elles pourront accéder à leurs services en ligne, avec un minimum de latence.

À l’évidence, Google se presse moins pour répondre à ces impératifs. Est-ce parce qu’il est arrivé plus tard sur le marché local du cloud public, et qu’il aurait moins de clients concernés ? Le fournisseur ne communiquant pas sur le nombre de clients GCP en France, il est impossible d’affirmer qu’il attend de voir décoller son activité pour rentabiliser un hébergement local.

« Le principal intérêt des datacenters en colocation est de mettre les infrastructures de GCP juste à côté des serveurs de nos clients. Dès lors que leur IT est hébergée dans le même datacenter, nous pouvons les relier à GCP avec des connexions directes, privées, très rapides », explique Bastien Legras, en faisant référence à des types de liens payants souvent appelés Direct Connect chez la concurrence.

« Contrairement à d’autres, nous n’avons pas pour le moment l’intention de faire héberger nos infrastructures GCP à Marseille, chez Interxion, car nous n’avons pas beaucoup de clients qui y ont installé leurs serveurs », ajoute-t-il, en faisant référence au second hub français, dans lequel nombre d’entreprises s’installent pour diffuser leurs services vers les marchés africains, indiens et asiatiques.  

La France, une priorité qui peut attendre

Outre l’attente hypothétique d’un certain seuil de clients, d’autres raisons peuvent expliquer l’année et demie que Google se donne pour déployer ses infrastructures.

D’un point de vue technique, GCP utilise pour ses services d’intelligence artificielle et d’analytique des serveurs avec mémoires Optane et, d’autres, à base de processeurs Power. Ces serveurs sont probablement plus longs à construire que les machines x86 ou ARM, bardées ou non de GPU, que l’on trouve chez AWS et Azure.

« Il est certain que nous mettrons en France 100 % des services actuellement disponibles sur GCP », confirme du bout des lèvres Bastien Legras.

D’un point de vue plus large, l’absence de ces serveurs sur le sol français n’a en rien entravé l’activité locale de GCP. De fait, même en ne proposant jusque-là que des points d’accès réseau dans les datacenters parisiens (pour acheminer les données vers ses infrastructures belges ou anglaises via une connexion privée) Google a par exemple réussi à obtenir du gouvernement français que GCP soit officialisé Hébergeur de Données de Santé.

Cette absence de centre de données ne l’a pas non plus empêché de nouer des partenariats avec de grands groupes français, comme Total ou Carrefour – Carrefour où GCP exécute toute l’intelligence artificielle qui motorise la relation client et la supply chain.

Alors, autant « se hâter lentement », comme disent les Italiens (« qui va piano va lontano ») chez qui Google annonce également un centre de données.

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