Prévisions 2021 (Gartner) : analyse comportementale, IT partout et toujours plus de résilience

Pour 2021 Gartner a rendu ses oracles. Le SI devra être agile, se délivrer partout et coller aux utilisateurs. Quelques mots clés importants à retenir : analyse comportementale, expérience totale, cloud distribué, cybersécurité en mode mesh, architecture composable, hyperautomatisation…

Début novembre Gartner a profité de son Symposium annuel 100 % virtuel pour établir ses prévisions en termes de tendances technologiques pour 2021.

Comme on pouvait s’y attendre, l’impact des crises sanitaires et économiques toujours à l’œuvre est important. Le principal cabinet d’analystes du secteur IT dégage ainsi trois grands corpus de technologies qui auront le vent en poupe au cours des douze prochains mois : celles centrées sur les individus ; celles permettant l’autonomie indépendamment de votre localisation ; enfin l’ensemble des outils favorisant la résilience des systèmes. 

Des technologies centrées sur les individus

Dans le premier groupe, Gartner met en avant plusieurs tendances.

Internet of Behaviours : si techniquement les outils sont là, Gartner insiste sur la nécessité de mener des débats éthiques autour des mises en œuvre.

Tout d’abord, sous l’appellation pudique « Internet des Comportements » les analystes nous promettent plus de contrôle et de surveillances des populations. Ainsi, d’ici la fin de l’année 2025, plus de la moitié de la population mondiale sera soumise à au moins un programme d’IoB (Internet of Behaviours), qu’il soit privé, commercial ou gouvernemental. Si techniquement les outils sont là, Gartner insiste sur la nécessité de mener des débats éthiques autour des mises en œuvre. En effet la production et l’utilisation de données comportementales – pour surveiller ou influencer – pourraient avoir un effet délétère sur les systèmes démocratiques ou le pluralisme économique.

Autre tendance forte qui marquera 2021 selon Gartner : celle qui conduit à la mise en place d’une « Expérience Totale », intégrant notamment l’UX – orientée client – l’EX – orientée collaborateurs (E pour Employees), et la MX, en mobilité. D’ici 2024, les organisations offrant une expérience totale surpasseront ainsi leurs concurrents de 25 % en matière de mesure de la satisfaction des clients et des employés.

Dernière tendance – mais pas des moindres – en matière de technologies liées à l’utilisateur : celle concernant la protection des données. Gartner estime qu’une évolution importante est à venir avec une protection non seulement en termes d’identité personnelle, mais également dynamique, au niveau des actions de calcul elles-mêmes. Concrètement, d’ici 2025, 50 % des grandes organisations adopteront le « calcul respectueux de la vie privée » pour le traitement des données, notamment dans des environnements non fiables et des cas d’analyse de données multipartites (par exemple les entreprises tierces exploitant les données de plates-formes sociales).

Des technologies « Anywhere »

Si la pandémie née en 2020 a permis une accélération technologique, c’est bien à ce niveau. La capacité à profiter d’une expérience digitale – personnelle ou professionnelle – à tout moment, de n’importe où, est désormais considérée comme vitale. Ce continuum passe par un certain nombre de tendances là encore mises en avant par Gartner pour 2021.

Tout d’abord le développement du cloud distribué (ou Fog Computing). C’est la prochaine étape du développement des clouds publics : une infrastructure éminemment agile qui permet de répondre sans rupture – par sa nature géographiquement distribuée – à des besoins d’exploitation (latence…), de maîtrise des coûts ou bien de conformité (hébergement des données…).

D’ici 2025, plus de 50 % des organisations utiliseront une option de cloud distribué à l’endroit de leur choix afin de développer de nouvelles opportunités commerciales.

D’ici 2025, plus de 50 % des organisations utiliseront une option de cloud distribué à l’endroit de leur choix afin de développer de nouvelles opportunités commerciales. De leur côté, les plates-formes de services cloud fourniront quelques services cloud distribués, à même de s’exécuter à proximité du lieu de consommation. 

Ensuite la sécurité jouera encore plus un rôle crucial dans la vague de transformation digitale à venir. Gartner parle de « Cybersécurité en mode Mesh ». Un maillage complet permettant l’exploitation de données ou la consultation de contenus en tout point et en toute sécurité. D’ici 2025, le mode mesh, qui dissocie la politique de sécurité interne et la livraison des éléments dans le cloud, et qui est régi par une couche dédiée de l’infrastructure contrôlant la communication entre les services directement sur le réseau maillé, prendra en charge plus de la moitié des demandes de contrôle d’accès numérique. Il s’agit de répondre à l’atomisation des modes d’accès et d’emploi, qui place désormais de nombreux assets des entreprises hors des périmètres de sécurité physiques et logiques, traditionnels. 

Des systèmes toujours plus résilients

À l’occasion de leur Symposium 2020 les analystes de Gartner ont surtout tenu à insister sur un concept déterminant de l’évolution du SI selon eux : sa nature composable. La meilleure image pour décrire cette dimension « modulaire » invoquée par Gartner semble être celle de la brique de Lego : un objet autonome, léger, qui s’imbrique facilement dans d’autres objets de même nature, et qui permet d’exercer son agilité et sa créativité.

Selon Gartner, d’ici 2023, les organisations qui ont adopté une approche composable iront quasiment deux fois plus vite (+80 %) que la concurrence dans la mise en œuvre de nouvelles fonctionnalités. 

Une fois n’est pas coutume, Gartner entrevoit également une tendance présentée sous un jour négatif. Elle concerne l’IA. Présentée depuis quelques années comme le nouvel eldorado prenant le relais de la data, l’intelligence artificielle marque le pas dans sa capacité à devenir une réalité à l’échelle du SI. Certes les besoins vont se développer, mais Gartner estime néanmoins que, d’ici 2023, plus de 50 % des DSI auront du mal à concrétiser leurs projets IA.
La difficulté semble résider dans l’incapacité de basculer du prototype à la production. Gartner prévoit l’émergence d’outils d’ingénierie de l’IA. Une nouvelle couche fonctionnelle (voire même un nouveau métier) orientée sur la gestion du cycle de vie des modèles d’IA, leur mise en production et la gouvernance appliquée au machine learning et autre technologie de graph. 

D’ici 2024, les organisations réduiront leurs coûts opérationnels de 30 % en combinant des technologies d’hyperautomatisation avec des processus opérationnels repensés.

Enfin, dernière tendance, mais pas la moindre, l’année 2021 devrait être celle d’une hyperautomatisation accrue selon Gartner. Ainsi, d’ici 2024, les organisations réduiront leurs coûts opérationnels de 30 % en combinant des technologies d’hyperautomatisation avec des processus opérationnels repensés. L’hyperautomatisation à la sauce Gartner est un cadre global – un « framework » – qui englobe les plates-formes d’intégration (iPaaS), le développement low-code/no code, et le BPM désormais infusé à l’Intelligence Artificielle. Le RPA (solutions d’automatisation robotisée des processus) qui connaît un intérêt exponentiel, en est le cheval de Troie dans l’entreprise.

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