APM : Splunk propulse son Observability Cloud

Splunk a annoncé la disponibilité générale d’Observability Cloud, feu Observability Suite. Tout comme ses concurrents, l’éditeur entend unifier ses outils de supervision tout en proposant une tarification « mieux adaptée aux attentes du marché ».

Apparemment inspiré par un héros de bande dessinée belge, Splunk renomme ses produits plus vite que son ombre. En octobre 2020, le spécialiste de la supervision IT dévoilait l’arrivée prochaine d’Observability Suite. Cette offre est désormais en disponibilité générale sous la désignation Observability Cloud, quitte à provoquer la confusion pour les clients qui suivent de près l’évolution des produits.

« Je pense que nous avons créé cette confusion puisque nous l’appelions Observability Suite. Ce n’est plus le cas », reconnaît Spiros Xanthos, Vice-Product Management, Observabilité et ITOps chez Splunk auprès du MagIT.

Si le nom change, l’objectif est toujours le même, c’est-à-dire de réunir l’ensemble des outils de collecte et d’analyse des métriques, des traces et des logs depuis une même interface.

« Depuis trois ans, nous observons que les clients adoptent plusieurs clouds et ils doivent gérer des containers, des microservices et parfois des fonctions serverless. Les outils APM traditionnels n’ont pas été conçus pour supporter cette complexité. Par ailleurs, ils doivent souvent jongler entre différents outils, puis essayer dans leur tête de comprendre un problème dans son ensemble », affirme Spiros Xanthos. C’est cette difficulté qu’entend résoudre l’éditeur.

En pratique, Observability Cloud rassemble des services connus des clients. L’offre inclut Splunk Infrastructure Monitoring, APM, Splunk Log Observer, Splunk Real User Monitoring, Splunk Synthetic Monitoring et Splunk On-Call.

« Infrastructure Monitoring et APM ne sont pas nouveaux, mais cette annonce concrétise la disponibilité générale de Log Observer et Real User Monitoring », précise Spiros Xanthos.

 La véritable nouveauté de cette offre tient dans l’intégration de la technologie de Rigor, un spécialiste de la supervision des synthétiques, dont l’acquisition avait été dévoilée en octobre 2020. Pour l’occasion, Splunk ajoute sa griffe au nom du produit désormais nommé Splunk Synthetic Monitoring. Au même moment, l’éditeur avait racheté Plumbr dont la technologie est partie prenante de l’offre RUM.

Une interface unifiée et des « métriques virtuelles »

Une interface utilisateur unifiée et un design revu et corrigé ne suffisent pas pour faire d’Observability Cloud le centre d’opération des équipes DevOps. L’offre SaaS comprend ainsi un concept de « métriques virtuelles ». L’éditeur explique qu’il virtualise les métriques capturées avec OpenTelemetry Collector ou Smart Agent en provenance des infrastructures cloud AWS, Google Cloud et Azure afin de les fusionner dans son UI.

« Cela signifie que chaque ressource (telle qu’une VM) dispose d’un seul tableau de bord dans l’explorateur d’infrastructure et d’une seule métrique décrivant chaque aspect de ses performances (consommation de CPU, de mémoire, etc.) », peut-on lire dans la documentation. Aussi, chaque outil a bénéficié d’ajustements d’interface pour rassembler les données visualisées.

Splunk s’impose OpenTelemetry

Splunk promet également une expérience d’intégration des données simplifiée, avec un assistant de configuration proposant des connexions vers quelques sources (AWS, les machines virtuelles Windows et Linux, ainsi que Kubernetes), vouée à s’enrichir au fil du temps.

Plus important, l’éditeur signe la dépréciation du Smart Agent de SignalFX, un éditeur racheté en 2019 par Splunk pour construire ses produits de supervision cloud et APM. Il est remplacé par l’OpenTelemetry Collector, un agent open source sous licence Apache 2,0 « agnostique des éditeurs », principalement maintenus par des développeurs de Splunk avec l’aide de contributeurs en provenance d’AWS et Red Hat.

« Nous n’avons plus d’agent propriétaire, contrairement à des concurrents comme New Relic ou Dynatrace. »
Spiros XanthosVice-Product Management, Observabilité et ITOps, Splunk

« Nous avons complètement déprécié notre système de collecte de métriques en faveur d’OpenTelemetry », confirme Spiros Xanthos. « Nous n’avons plus d’agent propriétaire, contrairement à des concurrents comme New Relic ou Dynatrace. Nous espérons que nos clients nous choisiront parce que nous avons une meilleure solution pour trouver les réponses à leurs problèmes », vante-t-il.

Le responsable n’est pas étranger à cette manœuvre, il a rejoint Splunk en 2019 après le rachat d’Omnition, une société qu’il a cofondée et dirigée. Omnition est présenté comme le co-créateur de cette collection de standards, plus précisément d’OpenCensus, un projet dirigé par Google qui a fusionné avec OpenTracing pour former OpenTelemetry. Cette bibliothèque de standards de télémétrie est disponible en V1 depuis février et vient de passer en 1.3.0 depuis le 5 mai 2021, la rendant ainsi apte à un usage en production. Splunk a également consigné une partie des outils Flowmill, une startup spécialisée dans la supervision des réseaux, au projet OpenTelemetry (sous la direction de Cloud Native Computing Foundation).

Pour les clients qui employaient déjà Smart Agent, Splunk propose un outil de mappage qui doit trouver des équivalents entre les noms des données et métadonnées OpenTelemetry et les conventions précédemment utilisées.

Selon cette approche, les clients adopteraient l’offre Observability Cloud pour ses capacités d’automatisation de tracing et d’analytique en temps réel, depuis des environnements sur site ou dans le cloud. L’éditeur veut leur donner l’assurance que la plateforme s’appuie sur des standards ouverts de télémétrie, facilitant aussi la portabilité vers une solution tierce, si le besoin s’en fait sentir. Attention, Splunk propose sa propre distribution open source du collecteur OpenTelemetry : il faudra possiblement l’adapter ou s’en défaire en cas de changement.

Une tarification plus flexible que simple

Mais les clients de Splunk attendaient surtout de nouvelles options tarifaires, promises en octobre dernier. L’éditeur passe d’un modèle basé sur l’ingestion de données, à un autre reposant sur le nombre d’hôtes (une capacité nommée Entity Pricing) pour Observability Cloud, ainsi que pour les solutions IT Cloud et Security Cloud.

Spiros Xanthos considère que ce mode de tarification s’avère plus prévisible et « aligné avec ce que réclame le marché ». Pour autant, Splunk le responsable n’entre pas dans les détails. Première information importante, la suite Observability Cloud n’est disponible à date qu’aux États-Unis.

En réalité, il existe trois éditions d’Observability Cloud. La première, Observability Cloud SC, s’adresse aux PME et ETI. Elle coûte 65 dollars par mois par hôte, facturé annuellement.

Les deux autres sont réservées aux grands comptes. L’édition Observability Cloud Enterprise Standard (95 dollars par hôte par mois, facturé annuellement) ne comprend pas Splunk RUM, contrairement à l’offre Enterprise Plus (110 dollars par hôte par mois, facturé annuellement). Ensuite, Splunk On-Call, Synthetic Monitoring et Splunk Enterprise Cloud sont des options payantes des éditions Standard et Plus.

Encore faut-il savoir à quoi correspond un hôte. Dans sa FAQ, l’éditeur précise qu’il s’agit d’une « instance physique (dans les environnements non virtualisés) ou virtuelle (dans les environnements virtualisés ou de cloud public) rapportant des données métriques à Splunk Observability Cloud ». L’hôte est une entité : pour d’autres produits, l’entité est un usager ou une adresse IP, illustre Sendur Kellumar, Chief Product Officer, dans un billet de blog.

Pour évaluer le coût d’Observability Cloud, l’éditeur compte le « nombre total d’hôtes uniques qui communiquent des données par heure » vers Infrastructure Monitoring pour établir une moyenne d’utilisation horaire chaque mois. À cela s’ajoute une estimation basée sur Splunk APM.

« Nous comptons le nombre total d’hôtes uniques qui communiquent des données à Splunk APM par minute, puis nous calculons la moyenne de ces mesures par minute pour chaque mois de facturation, ainsi que 50 % du pic de toutes les mesures par minute du mois de facturation. La valeur la plus élevée des deux déterminera l’usage pour ce mois », peut-on lire dans la FAQ.

Dans une autre foire aux questions, l’éditeur entend faire taire ce doute et assure qu’Observability Cloud n’a pas de contraintes explicites en matière de données collectées, mais de possibles limites de service s’appliquent. Le client peut demander à son contact privilégié chez Splunk des réductions au volume. L’entreprise californienne précise davantage les modes de facturations pour les différents produits qui composent Observability Cloud.

Tous les outils hormis Synthetic Monitoring sont accessibles séparément dans des éditions Standard et Enterprise, selon un modèle économique spécifique, suivant un nombre d’utilisateurs ou d’hôtes ou l’usage.

Est-ce à dire que la tarification est simplifiée ? Difficile de l’affirmer de but en blanc. Fournit-elle davantage d’options ? Certainement.

Dans son Magic Quadrant 2021 (publié le 9 avril 2021) consacré à l’APM, Gartner soulignait la jeunesse de l’offre de Splunk et pointait du doigt des prix élevés. Le prochain carré magique indiquera sûrement si les ajustements de la politique tarifaire porteront leurs fruits.

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