Processeurs : Pat Gelsinger réorganise Intel en profondeur

Pour rattraper les deux ans de retard que lui attribuent les analystes, le nouveau patron d’Intel dessine un organigramme moins pyramidal. L’ancien patron de la division Data Platform est limogé.

Cent jours seulement après son arrivée à la tête d’Intel, Pat Gelsinger a procédé à une réorganisation en profondeur du fournisseur. Le groupe Data Platform existant a été scindé en deux nouvelles entités : l’unité Datacenter & AI et le groupe Network & Edge, ce dernier réunissant les anciennes unités Network Platforms Internet of Things et Connectivity.

Le plan de réorganisation de Pat Gelsinger prévoit également la mise en place de deux divisions inédites : Software & Advanced Technology et Accelerated Computing Systems & Graphics. La seconde sera celle dédiée au supercalcul.

Une organisation moins pyramidale pour avancer plus vite

Navin Shenoy, actuellement à la tête du groupe Data Platform, quittera Intel cet été. Sandra Rivera, une historique d’Intel, prendra sa place pour diriger l’unité Datacenter & AI en tant que directrice générale. Nick McKeown, le fondateur de Barefoot Networks qu’Intel a racheté en 2019, prendra la tête de la division Network & Edge. Il n’avait plus depuis deux ans qu’un rôle consultatif.

La nouvelle division Accelerated Computing Systems & Graphics a pour objectif de mieux concurrencer Nvidia. Raja Koduri, un cadre expérimenté dans les technologies GPU, dirigera cette unité dont la mission sera de produire des accélérateurs pour les calculs et l’affichage plus précisément à destination des serveurs. Auparavant, Raja Koduri dirigeait l’unité plus touche-à-tout Architecture, Graphics & Software.

Enfin, Greg Lavender, l’ancien directeur technique de VMware, dirigera le groupe Software & Advanced Technology en tant que directeur technique des programmes R&D.

« Cette nouvelle réorganisation était inévitable. Pat Gelsinger avait déclaré qu’il voulait élever le niveau d’expertise technologique d’Intel et regagner en excellence dans le domaine des logiciels. C’est exactement ce qui transparaît dans le nouvel organigramme », commente l’analyste Patrick Moorhead, du cabinet Moor Insights & Strategy.

« Intel détient plus de 90 % de parts de marché dans les processeurs, contre 98 % il y a cinq ans. »
Patrick MoorheadAnalyste, Moor Insights & Strategy

« Intel détient plus de 90 % de parts de marché dans les processeurs, contre 98 % il y a cinq ans. Cela signifie qu’il fallait faire des changements radicaux pour cesser de perdre des parts de marché. La nouvelle organisation, moins pyramidale, devrait permettre de prises de décision plus rapides », ajoute-t-il, en précisant qu’il n’est qu’à demi étonné du limogeage de tout puissant Navin Shenoy.

Rattraper deux ans de retard

Intel se trouve à un moment critique, car il doit faire face à une concurrence plus féroce que jamais de la part de Nvidia, d’AMD et du fondeur TSMC, chacun étant capable de livrer dans son domaine des puces dont les capacités techniques dépassent celles des puces actuellement disponibles chez Intel. L’incapacité d’Intel à fournir jusqu’ici des puces gravées avec une finesse de 7 nanomètres serait en grande partie responsable de son retard sur le marché. Les analystes estiment désormais ce retard à deux ans.

Pat Gelsinger prévoit de consacrer 20 milliards de dollars à la construction de deux nouvelles usines de fabrication de puces en Arizona et 3,5 milliards de dollars supplémentaires à l’extension de son usine actuelle du Nouveau-Mexique. L’ancien dirigeant de VMware fait également pression sur un certain nombre de gouvernements européens, dont la France, pour qu’ils subventionnent Intel à hauteur de 8,2 milliards d’euros, au prétexte que cela aiderait les européens à ne pas dépendre des puces fabriquées en Asie par TSCM.

Intel a également signé récemment un accord avec IBM pour profiter de ses derniers développements en matière de fabrication de processeurs avec gravure ultrafine de 2 nm.

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