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Verrazzano, le pont d’Oracle entre WebLogic et Kubernetes

Les développeurs Java qui emploient WebLogic d’Oracle peuvent utiliser la nouvelle plateforme de conteneurisation Verrazzano. La promesse : déployer des applications existantes sur Kubernetes sans avoir à les réécrire entièrement.

Cette semaine, Oracle a construit un pont consacré au déploiement de Kubernetes pour ses clients qui utilisent WebLogic. Son nom ? Verrazzano Enterprise Container Platform.

La plateforme de conteneurisation Verrazzano est constituée d’une collection de composants open source comprenant le maillage de services Istio, les outils d’observabilité Prometheus et Grafana et le logiciel de gestion Kubernetes multiclusters de SUSE Rancher. Verrazzano est pris en charge sur Oracle Cloud, dans les datacenters des clients et sur des fournisseurs de cloud tiers, AWS et Azure en premier lieu.

L’introduction du produit accuse un retard important par rapport aux plateformes Kubernetes polyvalentes disponibles depuis des années, telles que Red Hat OpenShift et Tanzu de VMware. Oracle proposait également déjà un service Kubernetes managé sur Oracle Cloud. Verrazzano se différencie par le support des déploiements du middleware Oracle WebLogic sur Kubernetes et des utilitaires microservices Java open source, tels que le framework Helidon, le serveur d’applications léger GraalVM et le système de gestion des données Coherence.

« En général, les entreprises clientes disposent d’un vaste ensemble d’applications personnalisées qu’elles ont bâties en s’appuyant sur Java EE et elles cherchent à bénéficier des mêmes avantages DevOps [que les nouvelles applications] », déclare David Cabelus, senior principal product manager chez Oracle. « Mais ils ne veulent pas tout démonter et recommencer ».

La modernisation des applications Java héritées, un marché lucratif

Selon David Cabelus, Verrazzano peut servir de plateforme polyvalente et Oracle entend offrir un support pour les couches Kubernetes et applicatives des fournisseurs de cloud comme AWS. Les futures mises à jour de la plateforme étendront la prise en charge des runtimes Java génériques et des workloads « non-Java », des stratégies de déploiement avancées telles que Canary et GitOps, et des fonctionnalités DevSecOps améliorées, promet David Cabelus.

Toutefois, les observateurs du secteur doutent que Verrazzano puisse séduire d’autres usagers que les clients existants d’Oracle WebLogic. Par exemple, Oracle garantit que sa plateforme de conteneurs tournera sur les infrastructures des principaux fournisseurs de clouds, et a testé sa capacité multicloud sur un mix de back-ends Oracle Cloud, Azure Kubernetes Service et Amazon EKS, mais ces fournisseurs eux-mêmes n’ont pas certifié le support de Verrazzano. Cela contraste avec OpenShift de Red Hat qui a des accords de support mutuel avec AWS et Azure.

« Il n’y a rien [dans la proposition d’Oracle] qui puisse mettre quelqu’un à l’aise par rapport à d’autres qui sont certifiés et qui ont établi un partenariat étroit avec un fournisseur de cloud public », commente Larry Carvalho, consultant indépendant chez Robust Cloud. « La plupart des clients, surtout quand il s’agit d’applications critiques…, n’exécuteront pas cette plateforme si elle n’est pas certifiée [par le fournisseur de cloud], afin de bénéficier du support des deux parties. »

D’autant que Red Hat/IBM et Microsoft Azure tentent également d’attirer les entreprises dotées d’existants conséquents basés sur Java. Par ailleurs, la firme de Redmond maintient un partenariat avec VMware pour employer Spring Boot comme framework de choix pour déployer les applications Java sur AKS.

Une autre limite potentielle à l’attrait de Verrazzano pour les nouveaux clients, son prix. Bien que les composants soient open source, le produit Verrazzano packagé coûte 5 400 dollars par processeur de nœuds workers Kubernetes. Les clients existants d’Oracle WebLogic Suite auront un accès gratuit à la plateforme.

Selon les analystes, les grands comptes ayant réalisé des investissements substantiels dans Oracle WebLogic sont beaucoup plus susceptibles que les entreprises qui souhaitent utiliser Kubernetes de manière générale de tirer profit d’un tel investissement.

« Les entreprises se tournent toujours vers les fournisseurs de technologies [comme Oracle] pour qu’ils effectuent une grande partie du travail d’architecture afin de moderniser les logiciels… qu’elles construisent et exécutent [sans] une refonte complète », affirme Brad Shimmin, analyste chez Omdia, une société de recherche et de conseil en technologie basée à Londres. « Cela représente beaucoup de temps et d’argent ».

Les organisations qui auront besoin d’une aide pour moderniser leurs applications existantes, à mesure que les conteneurs gagnent en maturité, sont nombreuses. Bien qu’Oracle ne compte pas publiquement les clients de WebLogic, le produit figurait parmi les frameworks de développement d’applications Web Java les plus populaires de la dernière décennie, et la firme conserve une base solide de clients dans le monde entier. La plupart d’entre eux sont de très grandes entreprises.

Malgré une convergence dominante entre les conteneurs et Kubernetes avec les déploiements greenfield, certaines études signalent un intérêt substantiel de ces entreprises pour l’usage des conteneurs, afin d’y abriter les charges de travail existantes. Dans une enquête menée début 2020 par IDC auprès de 1 000 décideurs IT, 55 % ont affirmé utiliser des conteneurs avec des applications existantes.

« Les applications Oracle sont connues pour être difficiles à conteneuriser en raison de leurs architectures complexes et traditionnelles, et parce qu’elles ont sont pour la plupart stateful », indique Gary Chen, analyste chez IDC. « Les clients n’ont pas encore été vraiment à l’aise dans ce domaine sans une déclaration de soutien solide de la part d’Oracle – [Verrazzano] est un signe qu’Oracle veut prendre en charge les conteneurs pour les architectures des clients-entreprises les plus exigeantes et les plus complexes. »

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