ERP : NetSuite voit plus gros

Le second ERP cloud d’Oracle, destiné initialement au « midmarket », cible de plus en plus de secteurs et de grandes entreprises. Y compris en Europe. Mais ses nouvelles velléités n’en feraient pas un concurrent d’Oracle Fusion. Explications de ses dirigeants à l’occasion de SuiteWorld 2021.

NetSuite a 23 ans. Et bien qu’étant entré dans cet âge de transition, pile entre l’adolescence et la maturité, il est encore en forte croissance.

De fait, l’éditeur fondé en 1998 – une époque où le cloud naissait lui aussi – a dépassé la barre des 27 000 clients dans le monde et affiche une croissance globale de 28 % au premier trimestre par rapport au même trimestre de 2020.

« Nous prévoyons une progression encore plus forte pour le reste de l’année », anticipe le fondateur de l’ERP cloud racheté par Oracle en 2016, Evan Goldberg, lors d’une conférence de presse en marge de son évènement annuel SuiteWorld 2021.

Un contexte de forte croissance en Europe pour NetSuite

Cette croissance soutenue concerne aussi le Vieux Continent. « Sur ce trimestre, nous avons connu une progression spectaculaire en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique », renchérit Nikki Tozer, SVP EMEA de NetSuite.

« Nous avons connu une progression spectaculaire en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. »
Nikki TozerSVP EMEA de NetSuite

Pour la responsable, NetSuite tire cette croissance de toutes les zones et de toutes les industries, au-delà des startups à fort potentiel qui étaient sa cible initiale préférentielle.

« Nous avons gagné des clients dans l’assurance, l’éducation, la distribution, les organismes à but non lucratif, la restauration […] et cela au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Belgique », égrène-t-elle, pour illustrer cette évolution. « Tous ont investi dans NetSuite pour soutenir leurs expansions que ce soit pour une introduction en bourse (N.D.R. : à l’instar du britannique Pension B), pour se développer à l’international ou pour faire croître leurs parts de marché dans leurs pays d’origine ».

Des défis communs qui amènent à l’ERP cloud (et à NetSuite)

Mais derrière la diversité des clients (tailles, secteurs, localisations, réglementations locales auxquels ils sont soumis), Nikki Tozer entrevoit un point commun : « ils ont les mêmes types de défis à relever ; et un des plus importants est qu’ils essaient tous de faire plus avec moins ».

Concrètement, les clients séduits par les atouts d'un ERP cloud en général, et par NetSuite en particulier, chercheraient en priorité « à améliorer l’automatisation de leurs opérations financières et de leur chaîne d’approvisionnement pour se concentrer davantage sur les activités stratégiques et les grandes décisions ».

Tous voudraient également « être plus proactifs dans la planification et optimiser leurs services » ce qui les amènerait à « repenser la façon dont ils gèrent des éléments comme l’exécution des commandes, les canaux de vente, le personnel des entrepôts et la gestion des stocks ».

NetSuite « scale »

En France, NetSuite serait également de plus en plus présent en « short list » dans des appels d’offres de comptes plus importants face à des solutions comme Workday ou SAP. Les responsables de NetSuite confirment le constat.

« Nous avons massivement étendu notre TAM (Total Available Market) en touchant des clients de petite, moyenne, grande et très grande taille », répond au MagIT Jason Maynard, SVP Global Field Operations. « Sur certains marchés, nous sommes même présents dans les très grands comptes. Nous avons vraiment pu évoluer ».

« Nous avons massivement étendu notre Total Available Market [...] Sur certains marchés, nous sommes même présents dans les grands comptes. Nous avons vraiment pu évoluer. »
Jason MaynardSVP Global Field Operations chez NetSuite

D’un point de vue fonctionnel, l’ERP cloud de NetSuite s’est aussi étoffé pour accompagner cette évolution : HCM, sites e-commerce, et aujourd’hui gestion renforcée de l’inventaire (avec Smart Count), gestion automatisée des factures et des paiements (SuiteBanking), utilisation des technologies Oracle pour intégrer des données tierces, faire des tableaux de bord et de l’analytique (NetSuite Analytics Warehouse qui s’appuie sur Oracle Autonomous Data Warehouse et Oracle Analytics Cloud), ou encore ajout d’Intelligence artificielle dans les produits existants (smart OCR pour les notes de frais, réconciliations bancaires automatiques, etc.).

« D’un côté, nous faisons migrer plus de clients que jamais de QuickBooks Online et Zoho [vers NetSuite] », continue Jason Maynard. « De l’autre, nous avons réussi à monter en gamme (N.D.R : à “scaler”) et à aider de gros clients […]. Il y a cinq ans, nous n’étions pas limités par nos capacités, mais nous nous concentrions davantage sur “le bas du midmarket” ».

« Aujourd’hui, nous avons vraiment un très large éventail de clients », se félicite le responsable. « Nous avons davantage de capacités et de centres de données. Nous pouvons apporter une réponse à beaucoup plus de cas d’usages et de tailles différentes d’entreprises ».

Pas de chevauchement entre Oracle Fusion et NetSuite

Cette montée en gamme pourrait poser une question : quelle différence reste-t-il entre Oracle Fusion et Oracle NetSuite ? Si NetSuite peut cibler de grandes entreprises, n’y a-t-il pas de chevauchement entre les deux ERP d’Oracle ?

« NetSuite et Fusion restent des produits très différents et très complémentaires [...] Les réunir a été un vrai coup de maître. »
Evan GoldbergFondateur et EVP de Oracle NetSuite

Pour Evan Goldberg, le fondateur de NetSuite, la séparation entre les deux ERPs peut se flouter légèrement, mais elle reste très claire. « NetSuite et Fusion restent des produits très différents », tranche-t-il. « Nous ne nous comparons pas aux ERPs pour les grandes entreprises, notre solution cible le midmarket (N.D.R. : l’équivalent des grosses PME et des ETI en France). Dans notre domaine, les deux grandes demandes portent en priorité sur l’automatisation et une vision synthétique des indicateurs (les insights) ».

Evan Goldberg voit une autre différence fondamentale entre Fusion et NetSuite. « Avec Fusion, Oracle a construit plusieurs applications pour les très grandes entreprises – RH, chaîne d’approvisionnement, finances, CX – qui s’appuient sur un modèle de données commun. Et cela convient très bien à ces grands groupes qui gèrent leurs divisions de manière plutôt indépendante. [À l’inverse], nous avons développé une application unifiée. Elle a aussi des fonctionnalités de supply chain, de HCM, de finances, etc., mais dans une seule et même application. Tout le monde se connecte et utilise exactement la même application. C’est approprié pour les entreprises en pleine croissance. Et pour les très grandes entreprises qui fonctionnent davantage comme une entité unique et qui veulent une seule application ».

Capture d'écran de KPIs et de Dashboards dans NetSuite
Des KPIs et des tableaux de bord construits avec NetSuite Datawarehouse Analytics, en s’appuyant sur les technologies d’Oracle. Les « Insights » sont une des principales demandes des clients de NetSuite, dixit Evan Goldberg, son fondateur.

Malgré sa croissance et son développement vers le haut du marché, il n’y aurait donc pas de cannibalisation entre les deux. « Les clients se classent très naturellement dans une catégorie ou dans l’autre. C’est pour cela que NetSuite et Fusion sont très complémentaires », assure Evan Goldberg.

« Il n’y aura pas un commercial NetSuite et un commercial Oracle qui iront voir le même compte. »
Nikki TozerSVP EMEA chez NetSuite

Il existe aussi une limite interne chez Oracle pour déterminer qui peut cibler quoi. « Il n’y aura pas un commercial NetSuite et un commercial Oracle qui iront voir le même compte », insiste bien Nikki Tozer.

« De toute façon, vous ne pouvez pas construire une seule application qui corresponde aux attentes de tout le monde. Mais chez Oracle, nous pouvons aujourd’hui cibler tous les segments d’entreprises avec nos deux ERPs. C’est pour cela que je pense que les réunir a vraiment été un coup de maître », se réjouit encore, cinq ans après, celui qui a vendu NetSuite à Oracle pour plus de 9 milliards de dollars.

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