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ERP : le patron de NetSuite n’aime pas le terme « agentique »

Evan Goldberg, EVP et fondateur de l’ERP NetSuite, défend une vision de l’IA orientée métier. Pour lui, le terme « agentique » évoque trop la technologie, mais il assure que cette évolution va changer « radicalement » les applications métiers.

Evan Goldberg connaît bien l’intelligence artificielle (IA). Il en a étudié les bases, dans les années 80, avant même de rejoindre Oracle en 1987. Onze ans plus tard, il fondait NetSuite, un ERP cloud qui cible le midmarket (ETI PMI) – une solution rachetée en 2016 par son ex-employeur Oracle.

L’homme connaît donc à la fois parfaitement le marché des PGI et celui de l’IA. Lors d’un passage à Londres (SuiteConnect 2025), il a partagé sa vision du futur des applications métiers à nos collègues de ComputerWeekly.

Une vision à la fois claire et très pragmatique.

Encore aux prémices de l’IA dans les applications métiers

Pour lui, et malgré les progrès fulgurants de l’IA en général et de l’IA générative en particulier, l’histoire ne ferait que commencer pour les entreprises.

« Les premières étapes [de l’IA générative] ont permis de générer du texte [N.D.R. : comme Text Enhance dans NetSuite]. Aujourd’hui, nous entrons dans une phase où l’on peut avoir des conversations humaines pour utiliser les outils de la suite », explique-t-il.

La prochaine étape, selon lui, s’incarnera dans « une IA [plus] autonome, capable d’agir ou de chercher des informations de manière proactive ». Les systèmes (ERP, SIRH, CRM, etc.) devraient voir « disparaître une grande partie de leur interface pour ne laisser que les éléments qui correspondront à ce que vous devez voir ou à ce que vous avez faire ».

« Ce sera bénéfique pour les utilisateurs », continue-t-il. « Ils passent beaucoup de temps [dans le système] – parfois pour des tâches productives, parfois simplement pour l’alimenter en données. Dans tous les cas, ils doivent y passer du temps pour en tirer des bénéfices », constate Evan Goldberg. « Si on peut leur faire économiser ce temps-là, ce sera encore mieux ».

« C’est donc vers cela que nous voulons aller. Et cela va changer radicalement l’apparence et l’utilisation de ces systèmes », s’enthousiasme-t-il.

IA agentique, un terme trop technologique

Ce type d’IA proactive est souvent qualifié « d’IA agentique » par le marketing des éditeurs. Evan Goldberg, lui, n’est pas un grand fan de ce terme. « Un agent, ça peut être un espion, un agent de voyage… ça ne veut pas dire grand-chose », justifie-t-il.

Cela étant, Evan Goldberg connaît la nécessité d’employer les bons mots clefs dans l’IT (cloud, IA, aujourd’hui agentique). « Si c’est comme cela que tout le monde le décrit, alors j’utiliserai le mot », se résigne-t-il. « Je trouve [d’ailleurs] qu’il est intéressant pour l’aspect technique ».

« Mais je ne suis pas sûr que ça parle beaucoup à l’utilisateur moyen », insiste-t-il. « Moi, je préfère parler de conseils et d’assistance, car ces mots, eux, sont très compréhensibles ».

Une collaboration avec Oracle aussi sur l’IA agentique

Sur l’IA comme sur beaucoup d’autres sujets liés à l’ERP (datacenters, analytics, etc.), NetSuite travaille en étroite collaboration avec sa maison mère.

Oracle cible les grands groupes, NetSuite le midmarket. Mais la synergie est (et resterait) intéressante dans l’IA et dans les agents. « Nous faisons des choses différentes, mais nous partageons nos résultats », confirme Evan Goldberg. « L’idée, c’est de prendre le meilleur des deux approches ».

« Nous étudions de près cette possibilité [d’ajouter un studio d’IA]. L’approche d’Oracle est très instructive et nous la regardons avec beaucoup d’attention. »
Evan GoldbergEVP et fondateur, NetSuite

Un des sujets à l’étude est, par exemple, la possibilité d’ajouter un « Agent Studio » à NetSuite. Pour mémoire, Agent Studio est un « atelier » d’agents IA dans Oracle Fusion.

« Les clients de Fusion ont de véritables experts dédiés. Nos utilisateurs, eux, ont souvent un administrateur ou une petite équipe d’administrateurs qui font beaucoup de choses », différencie cependant Evan Goldberg.

Autrement dit, un ERP qui cible le midmarket (NetSuite ou d’autres comme le Français Divalto) doit savoir rester simple.

« Mais nous étudions de près cette possibilité [d’ajouter un studio d’IA]. L’approche d’Oracle est très instructive et nous la regardons avec beaucoup d’attention », confie le dirigeant de NetSuite.

« C’est donc quelque chose que vous pourriez voir arriver chez nous. Mais nous devons nous assurer que, pour nos utilisateurs, cela ne soit pas trop technique », insiste-t-il. Et, peut-être, en ne l’appelant pas « Agent Studio » ?

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